Pochettes pop-art!

Nous parlions justement cette semaine des artistes provenant de la bédé indépendante, Daniel Clowes et Charles Burns en tête, et BAM! le toujours prestigieux catalogue de la collection Criterion nous sort ces magnifiques Blu-ray des films de Samuel Fuller:

C’est-y pas magnifique ça? Évidemment, Daniel Clowes n’en est pas à ses premières armes quand on parle de pochette de film. On lui devait la désormais classique image du film de Todd Solondz, Happiness,qui partageait par ailleurs une part non négligeable de ses obsessions personnelles. Les personnages lubriques suants sous le poids de leur déviance  sont nombreux dans les œuvres de Clowes et je suis persuadé que Phillip Seymour Hoffmann s’est senti flatté d’en devenir un sous sa plume…Y’a rien de plus beau qu’une pochette de DVD ornée d’un dessin original, pas même une femme nue…enfin si… peut-être une femme nue couverte de DVD à la  pochettes ornée de dessin original. C’est par ailleurs un risque que les maisons de distribution prennent parcimonieusement, à l’exception des catalogues prestigieux, Criterion en tête.

On vous propose un tour d’horizon de 5 des plus belles pochettes faites par des artistes de la bande dessinée…

Michael Allred, créateur du plus génial des héros existentialiste, Madman:

Chris Ware, créateur virtuose de Jimmy Corrigan (Phillips seymour Hoffman aura vu sa gueule dessinée par deux des plus grands!)

Mike Mignola sur Cronos

Alex Ross: évident, mais Ô combien approprié

Fait sur mesure pour Deep Throat… À vous de deviner l’artiste!

Et finalement, l’incontournable Bill Sienkiewicz au sommet de son art

Drag me to hell est un film sur les troubles alimentaires!?!

Spider-man: un drame sur la puberté!

Iron Man: un conte Randien!!

Robocop: un évangile en tôle!!!

The Dark knight: une évocation de l’administration Bush?????

Fidèles à eux mêmes, sous des couverts se voulant humoristiques mais ne manquant jamais de pertinence, les gens de CRACKED offrent des analyses « alternatives » de 6 films. C’est hilarant mais c’est surtout bien vu. Vous pouvez lire l’article ici même.

Pour ceux et celles désireux d’aller plus loin dans leur lecture sur le sous-texte du génocide amérindien dans The Shining, on vous recommande la lecture de ce texte absolument vertigineux

Hérotomanie: chronique d’un phénomène annoncé‏

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

Voilà de cela plus d’un an, nous avions écrit un article sur la venue inévitable d’un phénomène social, les « véritables » super-héros, alors vaguement émergents. (vous pouvez trouver l’article en cliquant ici) Initialement, le phénomène se voulait évidemment marginal; des clowns qui se promènent en collants, qui donnent des coup de mains aux gens, des sites internets de discussion et des répertoires pour « vrais super-héros ». Rien de bien avilissant. Le tout possédait déjà un certain charme naïf quoique jubilatoire.
Des geeks qui rêvent en 3-D? Du cosplay urbain? Du D&D superhéroïque? Faites votre choix…

Comme nous l’avions postulé, au moins une personne, directement inspirée du comic Kick-ass et du film du même nom, allait forcément tenter l’aventure. D’autres films ont depuis traité du même sujet: Defendor de Peter Stebbings et l’encore inédit Super de James Gunn. Watchmen aura probablement aussi joué un chouïa dans l’équation.
Il était inévitable que le phénomène évolue.

L’évolution de ce phénomène, voire sa consécration, c’est un black de six pied avec le nom bien truculent, très blaxploitation, de Phoenix Jones. Il faut même avouer que le bonhomme à plutôt fière allure avec son costume et son identité secrète, contrairement à certains membres de son « mouvement »…
Voyez vous, hier soir, Phoenix Jones a arrêté un vol de voiture et protégé d’une attaque potentielle son propriétaire. L’information ne vient pas d’un quelconque site geek: elle vient de CNN!!!!!

Bref, en date d’aujourd’hui, il semble que « l’hérotomanie » émergente (ce terme de ma confection me semble approprié.Il est la contraction entre Héromanie et Érotomanie; la dimension psycho- sexuelle du phénomène me semble difficilement contestable) soit là pour rester.
Manque plus qu’un décès tragique et un premier supervillain et le phénomène deviendra officiellement une problématique. En outre, difficile de ne pas trouver ça étrange, ridicule et…totalement inspirant.

Je suis tenté de terminer ce papier sur une citation du film Unbreakable, prononcée par le personnage d’Elijah Price, joué par Samuel L. Jackson:

« I’ts hard for many people to believe that there are extraordinary thing inside themselves, as well as others. I hope you can keep an open mind »

« il est difficile pour les gens de croire qu’ils possèdent en eux des ressources extraordinaires, de même que chez les autres. J’espère que vous pourrez garder l’esprit ouvert »

Une question demeure: qui est vraiment Phoenix Jones? Une hypothèse: Jimmy Suzan anyone?

Des tentacule et des femmes

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

C’est toujours suite à une séance amoureuse matinale que l’envie me prend d’évoquer des sujets saugrenus (généralement à caractère sexuel, on devinera). Récemment, sans crier gare, post -coital et taquin, je me suis surpris moi-même à parler sur l’oreiller de bestialité. Il faut dire que j’avais failli me faire lécher le gland par un chat curieux, quelques secondes plus tôt. Heureusement, l’événement aurait été accidentel. Peut-être suis-je vieux jeu, mais j’aime les chats (et le reste des bêtes) d’un amour platonique. Après la peur initiale s’ensuivit le rire, les anecdotes salaces et une discussion générale sur les mythes urbains: une fille, un chien et du beurre de cacahuète (un film pour toute la famille!), le fermier et la narine de veau…les japonaise et les tentacules…

« Des tentacules? » de rétorquer mon amoureuse. « Ben voyons donc… »

Inutile de vous décrire l’incrédulité tout à fait justifiable de la femme que j’aime sur ce sujet pourtant séculaire…
Devant cette incrédulité, je suis porté à l’évidence de la nécessité d’un article de fond sur le sujet. Je ne prétendrai pas à l’exhaustivité; un simple survol thématique suffira aux néophytes. L’exégète trouvera son compte dans certaines évocations pertinentes et des théories imagées.On doit essentiellement la fascination du « sexe tentaculaire » à ces braves gens du soleil Levant. Un adage de Lao-Tseu va comme suit « dis moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu baises ». C’est d’ailleurs au Japon, dit-on, qu’on trouve un charmant restaurant où pour la rondelette somme de 7000$, vous pouvez baiser votre repas vivant avant de le déguster. Dit-on. On retrouve les premières manifestation de pornographie tentaculaire nippone au tout début du 19ème siècle et ce, bien avant l’apparition des premiers textes de H.P Lovecraft où la suggestion du viol par des créatures marines hybrides et démoniaques font figures de récits fondateurs.« Le rêve de la femme du pêcheur » estampe érotique de Hokusai Karsushika, 1820

Il est cependant clair que l’explosion des archétypes Lovecraftiens dans la culture populaire typiquement nommés les mythes de Cthulhu (voir la créature en bas), aura considérablement enflammé l’imagination des Japonais. Ces visions de femmes impuissantes et violées dans tous les orifices par des démons antédiluviens est une extension justement « tentaculaire » de mythes Lovecraftiens. Chez Lovecraft, l’horreur est bel et bien un phénomène physique, naturel, entrainant chez l’homme un viol de l’esprit, une destruction de l’entendement. Les japonais auront conjugué ces notions à la pornographie, au viol total.

Depuis, on retrouve « le viol tentaculaire » dans toutes les sphères de la culture populaire nippone.
Les mangas:

Les animes, (les dessins animées appelés les hentais):L’art pornographique conceptuel:
…et conjugués à d’autres sous-genres, comme le cyber-punkOr, le phénomène n’est pas strictement japonais. Ce que les japonais ont grappillés à Lovecraft, la dimension sexuelle de ces imageries, les occidentaux « nipponophiles » l’ont récupérés également, souvent en le conjuguant au cyberpunk:

Ridley Scott avec « Alien »:Cronenberg avec « The Naked Lunch »

Zulawski avec « Possession »:

La petite sirène:Chose certaine, la recette reste sensiblement la même partout dans le monde: une jeune femme innocente se fait violer dans tous les trous en même temps., avec des degrés variables de plaisir Comme il est plus au moins interdit de montrer des pénis au Japon, on devinera que le tentacule aura fait office de remplacement de fortune.
Ce qui rend le phénomène intéressant, c’est qu’il est véritablement devenu une sous-catégorie de la pornographie. Il se sera insinué dans la réalité. La chose est d’emblée ambiguë que les victimes de ces appendices sont souvent vaguement satisfaites par ces pénétrations intégrales. Au Japon, la consommation des hentais est faite par une majorité écrasante de femme (des femmes occidentales ont aussi un intérêt marqué pour la chose) . Le néophytes n’aura aucune difficulté à trouver un véritable film où une femme se fait pénétrer par de tentacules. Des sites se dédit spécifiquement à la chose, qu’elle soit fictive comme le site Rough Tentacle Hentai:


Ou véritable.
(MISE EN GARDE: Cliquer sur la photo pour une vidéo. Soyez conscient de la nature particulièrement choquante de la chose et prenez une grande respiration avant)

Mais que représente véritablement ce fantasme? La mémoire distante et atavique d’une sexualité informe et protoplasmique, où tout était à la fois pénétrant et pénétrée? La mise en scène d’un désir de viol intégral, commun aux femmes et aux hommes, socialement acceptable parce qu’il est fantaisiste?
Le symbole de la domination sexuelle des femmes japonaises, conditionnées à faire croire que leur soumission et leur souffrance leur est plaisante? Il suffit de regarder un film pornographique avec des japonais pour voir comment cette attitude est omniprésente: les pornstarlettes japonaises sont présentées comme d’éternelles fillettes innocentes subissant, entre le consentement résigné et l’extase, les risibles prouesses d’hommes abusifs n’ayant par ailleurs aucunement les phallus volumineux si fortement prisés par la pornographie occidentale.
Les tentacules violeurs des japonais sont-ils l’illustration inconsciente d’un complexe d’infériorité génitale? Je ne parle pas simplement de la taille du pénis mais aussi de cette peur du sexe féminin, abysse apparemment insondable d’où surgit la vie hurlante et fumante, vision d’horreur pour bon nombre d’homme.
Faut-il, symboliquement, un énorme tentacule Lovecraftien pour sonder cet abysse? Est-ce le fantasme de vengeance d’hommes incertains de leur capacité à satisfaire une femme? Est-ce la vision que certain d’entre nous avons de la femme, un puits sans fond de désir impossible à remplir?
N’allez surtout pas croire que l’occident est en reste: des variations de ce phénomène se retrouve partout dans notre pornographie. On y retrouve des scènes de phallus volumineux pénétrant tous les orifices d’une femme simultanément, dans une espèce de danse frénétique et cadencée, devenant parfois autant de visions cauchemardesques de corps protéiformes, de chairs en métamorphose, dépersonnalisées et sans visages.

Toutes ces réponses ont probablement une certaine validité. Or, arrêtons nous sur le nom du grand-père involontaire de ce sous-genre: H. P Lovecraft.
Peut-être que la clé d’une autre explication se trouve dans l’étymologie tout aussi involontaire de son nom (Merci Somoza!).

« Love »=amour. « Craft »= un art, une méthode, une technique.

L’amour/le sexe en tant que méthode, technique, mécanique, froide et visqueuse. Les créations de Lovecraft, des créatures d’amour/de sexe mécanique, physique, des machines corporelles de pénétrations absolues, d’infiltration totale. Des créatures qui violent la réalité et s’infiltrent partout dans l’existence.

Le viol tentaculaire, ce n’est rien d’autre que ça. L’excitation par l’avilissement, l’écrasement de l’homme par la vie déchainée, le forçant à l’humilité. Les femmes comme les hommes sont ici dans l’avilissement: devenant une victime, la femme connait enfin la satisfaction et bien que ces mises en scène sont le fruit d’esprit masculin, on remarquera que ce dernier est absent de l’équation sexuelle.

Le viol tentaculaire devait tôt ou tard s’infiltrer dans la pornographie qui n’est au final rien d’autre que l’excitation par la démesure et l’avilissement volontaire.

Il était une foi…

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

« Je vais présenter au monde Celui qui a tout vu, Connu la terre entière, Pénétré toutes choses Et partout exploré…. » L’épopée de Gilgamesh (18ème siêcle avant J.C)

Première phrase répertoriée dans un contexte narratif de l’histoire humaine

Je ne suis pas le seul à voir fait la corrélation; les super-héros sont la continuation directe de nos plus séculaires histoires, l’écho de nos toutes premières légendes. L’analyse est évidente mais profonde à la fois. Ces personnages en collants ne sont rien de moins, au sens le plus Jungien-Campbellien du terme, que la récupération moderne de nos plus ancestrales aspirations. Ils servent à perpétuer un système idéologique qui semble, du moins en apparence, benoitement dichotomique et simpliste, mais qui recèle en son coeur/choeur de profonds concepts philosophiques. Ils sont, très simplement, le panthéon d’une mythologie moderne. Même un piètre scénariste de bédé ne peut se tromper en faisant l’exaltation de tels concepts. On devine que les meilleurs d’entre eux peuvent même mener le lecteur à une certaine transcendance (les lecteurs du Promethea d’Alan Moore savent de quoi je parle!). Je vous propose ce papier sur Hulk si le sujet vous intéresse.Cela dit, si mythologie et super-héros ont toujours fait bon ménage, il en va tout autrement de la religion. Excluons Superman, Christ à la cape rouge, élevé par un couple humble et fruit d’une « immaculée conception », envoyé du ciel par un père tout puissant et dont le nom même (Kal-el) veut dire fils de Dieu. Mais est-ce que Superman est croyant? La plupart des auteurs évite nt prestement cette épineuse question. À ma connaissance, il n’y a qu’une seule série ayant eu le courage de s’aventurer sur ce terrain glissant; le troisième chapitre du « Infinity saga », Infinity crusade où, sous l’égide d’une démiurge despotique (The Goddess, un concentré de Bien absolu provenant de la conscience d’Adam Warlock), les super-héros de Marvel se mènent une guerre « sainte ». Les croyants contre les athées, rien de moins.Outre ces quelques exceptions, le sujet est rarement évoqué. Excluons derechef le machiavélique Bibleman, redoutable outil de propagande d’extrême-droite évangéliste, concentration d’éléments »cools » servant à contrôler l’imaginaire des enfants états-uniens. Il a une armure high-tech qui fonctionne avec « l’énergie de la foi » et un sabre laser « de l’esprit ». Amen osti! Le problème avec lui, c’est que ses vilains sont généralement plus cools que lui: Slacker, chantre de la paresse, peut vous attaquer avec son Lazer of Laziness. Wow! On l’aime déjà! Et que dire du drop-out rappeur qui cherche à vous éloigner de l’évangile, 2 kul 4 skul!!!!!

Les connoisseurs de comics ne sont pas dupes; Bibleman est tout de mauve vêtu (les mauves, de Squeletor à Joker, c’est des méchants, c’est bien connu…faites l’exercice) J
e me suis donc penché sérieusement sur la question. Je n’ai pas eu à chercher longtemps. Je sais maintenant que The Thing est un juif pratiquant…

Que Rorschach est strictement objectiviste, Superman est méthodiste, The Beast est épiscopalien, les Wonder twins sont mormons (c’est pour ca qu’ils viennent en paire les ostis!), The Shadow est bouddhiste, Batman a perdu la foi. J’ai même appris le nom d’une religion qui m’était inconnue, les Yazidis. Ces informations, je les tiens d’un site fascinant, le Religious affiliation of comic-book characters qui répertorie avec moult détail LA TOTALITÉ des héros et vilains croyants, athées ou pratiquants d’un religion « fictive ». On apprend même que Dieu (la version de MArvel comics) croit en lui-même!!!!!!!!! The power was inside him ALLLL ALONG!

Vous pouvez même contribuer à la banque de données! Fascinating!

In capes we thrust my brothers, in capes we thrust!

Les films adaptés de comics: un mal nécessaire?‏

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

Pour écouter notre émission cette semaine, cliquer sur la photo en bas…

« Les films de super-héros sont présentement à l’agonie. Les gens en ont marre; ils sont exaspérés de se faire bombarder par des superproductions mettant en scène des personnages en collants dont l’ultime but est de faire du pognon »

Cette paraphrase nous provient de Matthew Vaughn, réalisateur de Stardust, Kick-ass et bientôt X-men:First class. Au delà du fait que le bonhomme va bientôt avoir fait trois films du genre, il ne faudrait pas perdre de vue qu’il est de prime abord un producteur avec un certain flair. Et si…il avait raison?

Ah oui? Vraiment? Faut-il donner du crédit à cette déclaration?

Cette semaine, le 7ème se penche sur la question. Loin de vouloir simplement nous porter à la défense du « genre », nous parlerons avec sérieux et détachement de nombreuses notions le concernant. S’il est actuellement mercantile au degré le plus absolu, la qualité des films est indéniablement au rendez-vous. Or, cette explosion ne s’est pas faite du jour au lendemain; c’est le fruit d’une longue évolution où de nombreux éléments hétérogènes se sont conjugués, en toute improbabilité.

Les films de « comic-books » ont toujours été là. L’explosion actuelle n’est qu’un retour particulièrement violent du balancier. Par ailleurs, elle ne se produit pas qu’aux États-unis; les autres nations possédant une grande tradition de bédé, nommément la France et la Japon, ne cessent de faire des adaptations de leur matériel.

L’émission de cette semaine entend bien vous prouver que la pérennité de ce genre n’est pas en danger. Il est responsable de tellement de navets et pourtant, les producteurs continuent depuis des décennies à le ranimer au seuil de sa propre mort. Anecdote: combien de producteurs ont dit que la « franchise » de Batman était morte? Depuis 1941, il y a une des vingtaine de films avec le personnage, dont quelques chefs-d’œuvre. Le genre n’est pas prêt de mourir, comme les héros dont il fait l’apologie.
Initialement adaptation de roman-feuilleton, ensuite de « pulp », il n’en demeure pas moins que les racines sont les mêmes. Nous apprenions d’ailleurs cette semaine que Kino allait sortir les DVDs des aventures complètes de Fantômas de Louis Feuillade (le 21 septembre). Pour les néophytes, ces films mettant en scène le plus grand vilain-antihéros de la littérature populaire française, inspiration directe de tellement d’archétypes de « méchants » de comic-books, datent de 1913! Vous croyez que la ferveur actuelle pour le genre y est pour quelques choses? Y’a des petites chances non?

Le sujet ne s’arrête pas là. Au delà des adaptations « directes », il faut considérer avec le même intérêt l’omniprésence des symboles, des archétypes provenant des comics qu’on trouvent au cinéma et ce, même dans des films n’entretenant que des liens passablement lointains avec les thèmes de base.

Un petit exemple…

Voilà de cela une petite paye, j’ai vu un film particulièrement intéressant intitulé The Last Time, un petit drame de mœurs de 2006 particulièrement bien écrit se déroulant dans le milieu de la haute finance. C’est avec Michael Keaton et Brendan FraserPas l’air très inspirant hein?
En regardant le film quelque chose de familier me saisie: il y a un je ne sais quoi de Batman chez le personnage joué par Michael Keaton (il y est d’ailleurs superbe). C’est un « cavalier noir » de la haute finance, solitaire et inquiétant. C’est une créature nocturne. Est-ce juste une impression ou a-t’on choisi Keaton précisément pour cette raison?
Brendan Fraser entre en scène. Difficile de ne pas penser à Superman. Élevé dans la Sud à grands coups de blé d’inde, idéaliste et un peu pataud. Il se formera un antagonisme amical entre les deux vendeurs, aux méthodes certes différentes mais qui ont au final le même but.
Tout ça pourrait tenir de l’élucubration d’un geek qui voit des références partout, même avec la fin du film, absolument digne d’un grand comic.
Or, tous mes instincts se trouvèrent récompensés en une seule scène anodine, où le personnage de Keaton regarde un calepin de croquis appartenant à son ami ,…et il trouve ce dessin:
Pour le geek, ce dessin aura tout de go une signification évidente, qui échappera aux autres spectateurs. Il provient littéralement d’un comic de Batman, l’opus d’Alan Moore intitulé The Killing Joke, où le Joker bousille la colonne vertébrale de Barbare Gordon aka Batgirl à coup de pistolet.Évidemment, la référence est infiniment subtile et ne sera saisie que par quelques geeks profondément morbides (c’est mon cas…).Dès lors, les spectateurs qui possèdent les référents peuvent se faire une idée très nette de ce qui va se passer dans la suite du film.
Vous voyez où je veux en venir. Des moments croqués dans des « vulgaires » comics sont maintenant cités délibérément comme s’isl faisaient partie du canon dit littéraire, dans des films qui n’ont rien à voir avec le sujet.
Des films qui vont emprunter aux archétypes de la bédé, de façon délibérée et subtile comme The Last time, on en retrouve désormais à la tonne.

Le cinéma adapté de bande-dessinée n’est pas prêt de disparaitre. On pourrait s’en tenir par ailleurs à une seule explication; n’en déplaise à tous les Marc Cassivi de ce monde, la prochaine génération de cinéaste sera geek, en long, en large et en travers. Du genre à faire passer Tarantino pour quelqu’un de sévère comme Antonioni.

Ah oui…au moment où j’écris ce papier, ‘Tino se fait approcher pour réaliser un « reboot » de The Shadow. The Shadow: personnage de pulp adapté à la radio par Orson Welles. Ce dernier refusa par la suite de faire une adaptation radio de Batman, prétextant vouloir en faire un film. C’était en 1940. On lui refusa l’adaptation, mais on lui donna carte blanche pour faire son premier film, d’ailleurs gavé à la moelle de référence à Batman…un petit truc nommé Citizen Kane (on a fait une émission complète sur ce sujet urgent et inconnu, ORSON WELLES: Fils de Pulp)

Comme l’a dit le poète: ’nuff said.

Star trek Vs Star wars: le meilleur du pire des deux!‏

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

Venant en aux faits: l’antagonisme qui oppose les Trekkies aux Warsies est une chose bien étrange, assez divertissante tout compte fait et entretenue de toute part par des hordes de geeks de manière délibérée. Where’s the love?


Le 7ème entreprend aujourd’hui d’en finir avec cette guerre de nerds. Le sexe n’est pas suffisant (les Trekkies et Warsies baisent beaucoup selon les statistiques. Yeah right! Pas entre eux en tout cas) et cette opposition ne connaîtra jamais de fin. C’est le conflit Israelo-Palestinien des geeks. Pourtant, il est largement possible d’être fans des deux (oui,oui) sans trahir aucun des deux clans.
Plus d’un fan souffrant cache en lui le germe de cet amour interdit, inconsolable.

IT’S A TRAP!

Mais supposons qu’il faille faire un choix entre les deux? Lequel est le meilleur? Tous les angles ont déjà été discuté sur le sujet et à fond. Sauf un, à notre connaissance, et c’est sur ce sujet bien précis que le 7ème veut se pencher.

Laquelle des deux franchises a fait le truc le plus mauvais?
Vous voyez où on s’en va pas vrai?
Ce sera donc un combat épique, homérique entre nos deux choix de prédilection, que nous commenterons allègrement: le cultissime STAR WARS:HOLIDAY SPECIAL (1978), bouse télévisuelle musicale de variété (genre de Bye Bye de l’espace) où la famille de Chewbacca attend patiemment le retour à la maison du patriarche pour célébrer le Life Day (le Thanksgiving intergalactique). Mais l’Empire guette…Tous le monde est là et Princesse Leia est tellement high qu’elle doit s’accrocher aux poils de Chewie pour chanter. Oui oui…elle chante. (Cochonne!)
Un vrai festival de Grognements wookie sans sous-titres. Génial! RUaarARGH! Hutt hutt!

Pour Star trek, le choix aussi est clair. Outre le premier épisode de la troisième saison Spock Brain, le prix revient à STAR TREK V:THE FINAL FRONTIER aka the Shat Shit Show. Espèce de cochonnerie sans nom oubliant des décennies d’histoire pour célébrer la bédaine de Kirk sous tous ses angles, on y grille des guimauves, littéralement, Uhura danse vicieuse 20 ans en retard, on fait de l’équitation, on court après Dieu (encore littéralement) et on se bat contre le ridicule grand frère de Spock. C’est allé trop loin!

Deux choses vraiment chouettes cependant dans le deux cas: Star Wars:Holiday special est la première apparition officielle et canonique de Bobba Fett et même cette merde ne peut lui retirer son cool . Dans le cas de Star trek V:the Final frontier, c’est la présence d’un cinquième visage ajoutée au Mont Rushmore, celui d’une présidente noire. Halfway there!

Bref, soyez au rendez-vous de cette émission légendaire ici.


Live long and prosper and may the force be with you.

Ode à un Surfer d’argent‏

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

Une confidence: parmi toutes les créations de Stan Lee et Jack Kirby, je ne crois pas qu’il y en ait de plus unique, de plus sublime que le Silver Surfer.

Tout autour de ce personnage aurait dû inciter au ridicule. La plupart d’entre vous le connaissez déjà: c’est un extraterrestre captif de sa condition, c’est-à-dire explorer la galaxie sur sa planche de « surf cosmique » à la recherche de planètes à dévorer pour son maître et créateur, un géant mauve vieux comme l’univers dénommé Galactus. Mais trêve d’historique…que les néophytes aillent sur Wikipedia.
Non, ce qui le rend sublime, c’est qu’il est l’esclave de sa condition et qu’il exprime à grands coups de tirades sa maudite engeance. Puissant comme un dieu, capable de littéralement surfer le cosmos mais forcé d’être un ange de la mort. Profondément amoureux d’une femme, Shalla Bal, mais incapable de la rejoindre. Immortel mais éternellement souffrant.
Silver Surfer, c’est un peu un Charlie Brown cosmique qui ne connaîtra jamais la paix. C’est le Nelligan de l’espace, le Rimbaud des étoiles…avec un surf.
Le surf est d’ailleurs ici très important: il évoque l’idée zen de l’homme ne faisant qu’un avec la vague ou dans le cas présent, l’univers.
Le personnage a d’ailleurs été souvent référé au cinéma, tout particulièrement dans des films avec Richard Gere (allez savoir pourquoi) Breathless et American Gigolo. Il y est une sorte de totem pour le personnage, archétype du mélancolique solitaire en perpétuelle partance et pourtant assoiffé d’amour.

Un jour, en lisant un comic particulièrement poignant avec le personnage, je me suis mis à imaginer, sans aucune raison particulière, une trame sonore d’Édith Piaf. Ne riez pas! C’était absolument glorieux: les mélancolies de la Môme et du Surfer se mêlaient doucement comme le sang et les larmes.
Vous en doutez hein? Vous vous foutez de ma gueule???
Alors de grâce, écouter ce petit vidéo que j’ai fait pour vous bande de sceptiques! Piaf, c’est la musique qu’il faut pour rendre justice à la grandiloquence du Surfer d’argent…Vous allez pleurer comme des fillettes, je vous jure…

Tout simplement Green, Green Lantern

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

Ne vous inquiétez pas si vous avez une impression de déjà vu. Vous avez probablement déjà lu cette entrée de blogue. Il me semblait juste nécessaire d’y ajouter quelques trucs:

Premièrement, un petit garçon au Comic com qui demande à Ryan Reinolds comment on se sent quand on récite le cri de guerre de Green Lantern, absolument craquant:

Ensuite, cette observation faites par mon pot Jim, qui nefait qu’ajouter aux corrrélations entre les deux franchises:


oui oui…Sarek, le papa de Spock est bel et bien un Green lantern. Geekasm!

Nous sommes à quelques mois d’un film de Green Lantern. Est-ce que le 7ème est content? Mais oui, que diable! Par contre –et ce qui suit, le 7ème l’a toujours crié haut et fort– un film, ce n’est pas le bon médium pour Green Lantern.

Ce qu’il faut pour ce personnage et sa mythologie en constante expansion, c’est une série télé. C’est une évidence. Il est fait pour ça.

Un show de Green Lantern comblerait un immense pan du monde télévisuel en combinant deux trucs, le série policière et … Star Trek (on parle du show original)! Le vide télévisuel immense laissé par Star trek serait enfin comblé.

Toutes les bases sont là pour faire un show de télé coloré et humaniste, avec des races extraterrestres étranges qui ne s’entendent pas, des entités cosmiques, des despotes démesurés. Quelques comedy reliefs, des partenaires patibulaires, des vieux amis devenus ennemis. Bref, un vrai show de police dans l’espace qui se passerait à moitié sur terre, où Hal Jordan devient un Kirk en puissance (on ne pressentait Chris Pine dans le rôle de Hal Jordan initialement pour rien!), space-cowboy baveux et séducteur. Sinestro devient un Spock de la première époque qui va terriblement mal finir. Une planète différente à explorer par semaine, des épisodes de recrutement, des caméos de vilains de seconde zone. C’est tellement évident que ça fait mal.



Green Lantern fonctionne mieux quand il est proche de Star Trek que de Star Wars. C’est l’intimité du Green Lantern Corps, beaucoup plus proche de celle d’un équipage de Trek, qui fait à mon avis le charme de sa mythologie. Non pas que la démesure du Space-opera avec ses scènes de combats lumineux à la Star wars ne se prête pas bien au personnage, mais ce n’est pas ce qui le définit.


Êtes vous familiers avec le film The Last Starfighter ?

Si vous ne connaissez pas et que vous êtes un fan de GL, c’est une découverte qui s’impose. Marquez mes mots: quand le film de GL sortira, il se trouvera plus d’un geek pour le comparer à ce petit bijoux. C’est un geek wet dream comme il ne s’en fait plus: un jeune homme menant une vie simple avec un grand talent pour les jeux vidéos est appelé à devenir le sauveur de la galaxie dans une grande confrérie inter galactique! COME ON! Allez le regarder! Le mood d’un film de GL, c’est comme ça qu’il devrait être de A à Z!
Mais bref, en attendant le film, les braves gens qui travaillent sur le comic de GL n’en finissent plus de faire jouir les geeks avec des références bien senties.

Quand ce ne sont pas des Predators et des Triffids dans les rangs des Yellow Lanterns…

…ce sont des Aliens, des E.T et des Alfs!


J’ai même déjà vu le monolithe de 2001 en Green Lantern! No Joke! Bref, la véritable consécration geek, la déclaration d’amour entre Star Trek et GL s’est consommée dans le dernier numéro de Green Lantern Corps, le 46, où Guy Gardner dit fièrement…

…lets go Tholian Web on their asses…


Geek Factoids: Les Tholians sont, avec les Klingons et le Romulans, les trois plus importants adversaires de l’histoire de Star Trek. La Fédération est en guerre froide avec eux pour des questions de ponctualité (la culture des Tholians est basée sur l’idée du temps comme une toile). Pendant plusieurs décennies, leur apparence est demeuré un mystère et s’est limitée à cette image sur écran: Depuis, Star trek:Enterprise a élucidé le mystère de leur apparence dans le meilleur épisode de la série, en respectant le manque de budget de l’émission originale et en spéculant, ce qui a donné ceci: Le Tholian web en question, c’est une toile d’énergie sphérique tissée par les vaisseaux des Tholians qui se referme sur sa proie pour les écraser de la sorte… …technique maintenant intégrée par Guy Gardner en coordonnant les lanterns de toutes les couleurs et en squeezant un maximum de black lanterns d’une seule shot magistrale:

Brilliant…fucking…idea. Star trek et Green lantern, une grande histoire d’amour.

God. It’s such a great time too be a geek.

Festival Fantasia 2010: A serbian film: Sex Nihilo ou l’amour au temps de vide

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

Ce papier est la synthèse d’une logorrhée nauséeuse et colérique entre deux inconnus qui cherchent encore à se connaitre, suite au visionnement de A Serbian film. Si le film de Srdjan Spasojevic est le vecteur de quoi que ce soit, dans ce cas bien précis, il aura forcé deux personnes à se conjuguer dans un débat, à affronter l’horreur à grands coups de raison et conséquemment, à se rapprocher. Peut-être est-ce la finalité du film où le vide, le chaos est riche de sens.

Inévitablement, les papiers sur A Serbian film seront légion. Bien en deçà de la qualité du film, de son propos ou de son contenu, la déflagration de viscéralité de l’engin ne pourra que lascérer les consciences, laissant dans les souvenirs du spectateur des instants de fulgurances qui ne seront pas loin du symptôme post-traumatique. Certains voudront oublier, d’autre chercheront à ratiociner ses effets. Les détracteurs et admirateurs se complairont malgré eux dans leur colère, leur dégoût ou leur indifférence.

Face à la polarisation générée par le film, il sera impossible d’éviter la répétition de quelques lieux communs. Les clichés seront ponctués de sempiternelles dithyrambes. Alors pourquoi donc écrire sur A Serbian film? C’est la prérogative du 7ème de considérer le médium cinéma comme un baromètre de nos maux de société. Il importe guère ici de jauger le film en soi, mais bel et bien d’évaluer ce qu’il représente, son utilité fondamentale dans un canevas social encore à esquisser. Utile, A Serbian film l’est…

De la transgression comme révélation

En tant que cinéphiles sensibles au potentiel philosophique du médium, nous sommes de toute évidence en quête perpétuelle de transgression. Or, nous n’attendons pas simplement la provocation. Nous attendons, fébrile, l’extase de la fêlure fatale, l’instant suprême de la déchirure. Nous soulevons sincèrement la question: est-il possible que la coupure se fasse parfois trop vite, trop profondément, même sur les consciences les plus aguerries?
Il serait tentant, voir même rassurant, d’inclure A Serbian Film à cette peau de chagrin suintante que représente le cinéma dit transgressif. Il sera invariablement comparé, associé, juxtaposé à Salo et autre Irréversible. Nous ne nous prêterons pas à cette exercice. A Serbian Film est sa propre référence. Nous devrons tôt ou tard considérer collectivement la problématique du cinéma et de l’image (sa surexposition) au 21ème siècle. A Serbian film est-il justement un film de son temps? Assurément mais il est plus encore. Une offre que vous ne pouvez pas refuser…littéralement

A Serbian film nous transmet l’idée de la disparition progressive de la réalité dans la vie elle-même, celle que nous côtoyons. Le film est le témoin bruyant de l’effacement de la réalité, dans le monde des représentations dont le cinéma fait parti. La réalité s’est donc raréfiée et les spectateurs la recherche avec avidité. Sa valeur marchande à donc augmenté comparativement au fantastique, au rêve, à la simulation, au jeu grossier de la pornographie traditionnelle dont les formes pullulent et se banalisent par leur omniprésence (le film ridiculise la pornographie de la décennie précédente déjà obsolète et dont le jeu nous semble infiniment ampoulé).
Prenons cet exemple: la séquence où le frère du personnage principal se masturbe devant une scène de famille montrant les bonheurs simples qu’il visionne sur vidéo. En putifiant la réalité, le frère
la réifie la consomme, l’anéantie . Du monde auquel cet homme appartient, une simple scène de famille devient l’objet suprême des fantasmes et le suicide d’une famille au seuil du désespoir est désormais matière à spectacle. Le film annonce l’imminence d’un monde où nous subsistera la marchandise.

Sur l’autel des grands négoces, Éros et Tanathos ne sont pas simplement complémentaires, il sont désormais identiques et indissociables. C’est un « package deal » bonifié par A Serbian film et ses velléités violentes d’oblitération de l’indicible. C’est aussi là sa plus grande force. Il en va du protagoniste comme du spectateur, coincé dans un contrat faustien, fractal et élusif, duquel n’y a absolument pas d’échappatoire. Une fois happé par son vide, le spectateur peut boucher ses oreilles et masquer son regard, quitter la salle en trombe ou s’évanouir; une place l’attend dans les limbes, pour une modique somme. Le film dénonce t-il quoi que ce soit? Non. Pas plus qu’il annonce. En fait, il énonce, purement et simplement, beaucoup plus qu’il ne démontre. Pour être cru, nous dirions même qu’il n’a qu’un seul but véritable…défoncer. Le quatrième mur est ici l’hymen de l’histoire.

Se cacher derrière les jupons sanglants de l’Histoire?

Le film se targue d’être une représentation de l’histoire Serbe. Il s’y trouverait des références directes aux pratiques de torture, telles cette drogue facilitant la suggestion donnée au soldat pour en faire du viol une véritable arme de guerre. Le cinéma, essentiellement la pornographie aurait joué un certain rôle des années 90, durant et après la guerre entre les autorités serbes et l’UCK albanophone, dans le cadre de la guerre du Kosovo. La pornographie connait toujours une explosion en temps de guerre. La Serbie n’a pas fait exception. La pornographie et la prostitution infantile en tête.

Admettons que la réalité dans la vie tend à perdre sa valeur face à sa reproduction, par exemple au cinéma, le film exacerbe également le rôle du cinéma dans nos vies d’individu et par extension dans l’histoire. La confusion entre l’Éros et le Thanatos qui caractérise le fantasme d’aujourd’hui est lié à cette confusion voulue ou non entre le cinéma comme sublimation positive de la réalité et le cinéma comme arme de guerre autant que le viol.

Aussi, la pornographie est le lieu privilégié de la canalisation de la violence dans la culture de masse occidentale et de fait a peut-être remplacer dans les esprits des grandes idéologies politiques.

Prétexte patenté par des créateurs essayant d’engoncer de la substance là où il n’y a que le vide? Véritable tentative d’exorcisme des souffrances d’un peuple? Vaste fumisterie ou brulôt incandescent? Il y assurément un peu de tout ça dans A Serbian film. Admirons ici la pertinence pernicieuse de son titre, où les degrés de significations métatextuelles sont vertigineux (ajoutons que le film est la première production indépendante du pays).

Qu’en est-il du film en tant que film? Loin d’être le vulgaire « torture porn » annoncé, il crée l’agonie de ce sous-genre. En opposition aux thèmes de prédilection du genre, cette « effrayante » européanité scarifiée par la guerre en tête de liste, il prend la forme d’un psychodrame dont la structure est celle d’un thriller banal mais efficace. Il y a assurément du grand-guignolesque dans toute l’affaire mais il tend vers une certaine idée du sublime dans l’horreur, se justifiant métatextuellement au nom de l’art. Justification malaisée mais…pour le moins efficace.

Insidieusement, le film propose également aux spectateurs de quantifier la cruauté et l’horreur, à grands renforts d’habiles juxtapositions conceptuelles (des gâcheux -« spoilers »- commencent ici):

-Le viol du bébé à la seconde même de sa naissance est-il moins choquant que le sourire de sa mère s’en délectant?

-Mourir étouffé avec un phallus dans la gorge…sans pouvoir mordre parce que nos dents ont été arrachés…

-Couper la tête de sa partenaire pendant la pénétration…et continuer de tringler son cadavre désarticulé avec une excitation renouvellée.

-Se rendre compte que l’enfant que l’on sodomise malgré soi est son propre fils…pendant que notre épouse est violée par notre propre frère.

-Le réalisateur se faisant bousiller le crâne…en étant traversé d’extase par ce grand moment de fougue artistique, privant le spectateur et le protagoniste de la satisfaction d’une vengeance.

-L’ultime ironie de se suicider avec sa famille pour échapper à l’horreur…sans savoir que même mort, nos corps seront souillés.

FIN DES GACHEUX


Face au vertige que génère le film, deux options se posent. Le spectateur peut filtrer ce qu’il voit; avec une froide distanciation intellectuelle, une indifférence feinte, un refus en bloc, en riant. Par le rire, une part du public de Fantasia, dont l’atavisme légendaire et porcin se confond avec le manque d’hygiène le plus élémentaire, a créé un grand moment d’obscenité pendant la dernière représentation. Lors de la désormais célèbre scène de « viol occulaire », efficace métaphore pour le film s’il en est, moment bunuelesque pour le nouveau millénaire, les « freaks » hurlaient de bonheur comme des singes dans leur fiente, créant la consternation résignée et habituelles des pauvres « geeks ».

Doit-on se réfugier dans l’amour ou reproduire la violence? Les deux constituent une fuite : face à l’horreur, pour lui survivre, il n’y a que la philosophie. Après visionnement, dégoût profond, révulsion viscérale. Le film fait-il une critique des catégories journalistiques en posant cette question : peut-on et doit-on quantifier la violence, pour établir l’importance historique d’un évènement dans nos vies ou dans l’histoire?

C’est là où nous proposons l’autre option, faire le choix de vivre le film avec les conséquences impliquées. Ensuite, on observe les dommages, préférablement à deux, sentencieusement. Ce qui ressort de cette approche, c’est une reconnaissance de l’altérité. Et peut-être, à travers le vide, un bref moment de tendresse.

Festival Fantasia 2010 – The Devils

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

Pour la première fois hier de leur vie de cinéphiles, des centaines d’adeptes du festival Fantasia ont eu l’opportunité de voir sur grand écran le grand film maudit de Russell, The Devils. Un jour qui aurait du être béni. Il s’en est fallu de peu pour que l’épiphanie collective se produise. À l’insu de la plupart des festivaliers, la version qu’ils ont vu était lourdement censurée (avec un son médiocre qui plus est). Bon. On ne va pas se plaindre outre mesure; mieux vaut une mauvaise copie de The Devils que rien du tout. Étrange époque qui permet quelques heures auparavant la projection débonnaire de A Serbian film (nous reviendrons bientôt sur ce brûlot) et qui s’acharne obstinément, pour des raisons saugrenues, à ne pas distribuer le grand opus de Ken Russell.
Bref, nous avions déjà fait l’année dernière une émission sur ce film et par chance, nous avions vu la version intégrale. Loin d’être simplement des scènes dont l’unique but est de provoquer, ce qui a été censuré était hautement porteur de sens, d’érotisme et de souffrance. Nous vous repassons donc notre émission et notre entrée de blogue dans leur intégralité, question de rendre justice au film et
de nous remonter le moral après ne pas avoir vu la version promise…

Rien de tel lorsqu’on commence une entrée de blog où il sera question en partie d’Oliver Reed que de le montrer dans une de ses légendaires frasques éthyliques, ne serait-ce que parce que c’est inévitable quand on parle de l’homme:

Voilà. C’est fait. Out of the way.

Nous en parlons de toute manière allègrement à l’émission cette semaine. Les fidèles du 7ème l’auront sans doute remarqué, il nous arrive souvent de parler de films qui ont une charge psycho-sexuelle évidente, que l’on dit controversés (ça arrive). Non seulement, ce type de cinéma nous plaît hautement, mais de plus, il génère la discussion philosophique et ça aussi, nous en sommes férus. Des films bouleversants, nous en avons donc couvert à profusion…

Mais rien n’aurait pu nous préparer au choc de The Devils. D’habitude, nous sommes familiers avec le film en question, mais cette fois-ci, le dépucelage a été d’une violence inégalée. Nous n’en savions presque rien, le film étant de toute manière introuvable sinon en version tristement censurée. Warner refuse de le sortir en DVD, malgré les pléthores de pétitions. Par je ne sais quelle sorcellerie, nous avons vu la version intégrale. Ooooooh l’engin maudit que voilà! La puissance de ce film, dans la feuille de route surprenante de Russell, est inouïe, démesurée, à l’instar de son interprète principal, Oliver Reed, dont c’est d’ailleurs la plus grande prestation. Voilà enfin un film qui mérite totalement l’épithète de controversé, bien que le terme soit faible…il est…possédé.

Il est inargumentable que tout britannique ayant eu la chance de voir en salle ce film en 71 a été stigmatisé à vie. Après une écoute seulement, il est on ne peut plus clair qu’un jeune Clive Barker, alors étudiant se préparant à faire ses premiers courts métrages, a trouvé sa voix en le regardant. La Genèse maudite de Hellraiser me semble indubitablement mais subtilement relié à The Devils, autant au niveau de certain thème que de son esthétique (et vous lisez actuellement les mots de fanatiques de Hellraiser, il vous suffira de lire cette entrée pour le constater). C’est une corrélation que nous avons fait brièvement dans l’émission et qui mérite d’être développée plus amplement ici même.

Le fétichisme des symboles religieux, la déviance hypocrite du pénitent sont omniprésents dans les deux films. Ne perdons pas de vue qu’à la base, le terme cénobite réfère au moine chrétien et que Barker a su brillamment pervertir (exalter?) la rigidité morbide de ces moines pour créer par inversion une nouvelle hégémonie de souffrance, un dogme démoniaque de la mortification. Mad Movies a couvert à merveille ce sujet dans ce brillant article. Des comparaisons s’imposent:

Le Père Mignon et Pinhead, pape de l’Enfer

I want to hear your confession… (actual line)

We want to hear him confess himself… (actual line)

La première apparition du Père Mignon à l’écran…


Depuis la sortie en Blue-ray du film, j’ai eu le plaisir de le voir avec une telle qualité d’image que des détails jamais perçus précédemment prenaient une évidence fabuleuse. Ceci par exemple:


L’oncle Frank a un autel de fortune dédié Salomé (c’est la tête de Saint Jean-Baptiste dans l’assiette les enfants!). Outre nous expliquer le type de fascination que se coltine Frank, le premier film de Clive Barker s’appelait Salomé. Plusieurs des thèmes de bases de Hellraiser s’y trouvaient déjà; le plaisir de la mortification, les excès où peuvent nous mener les obsessions…En l’occurrence, The Devils n’est rien de moins qu’une relecture du mythe de Salomé. Ces thèmes sont tous déjà bien perceptibles dès le début chez Clive Barker.

À gauche, vous pouvez voir une statue modifiée par Frank, annonçant déjà l’apparence qu’auront les Cénobites (s’en est littéralement un vrai, en plus!). Ironie puissante que voilà: le syncrétisme ravageur de la religion chrétienne retourné contre lui-même! Amen!

Les mêmes obsessions pour la symétrie étouffante, les angles contraignants, la balance entre le noir et le blanc, déjà présents dans un film étudiant de Barker The Forbidden, une sorte de proto Hellraiser…


Dans le cas ultime où vous seriez sceptique de nos analyses, on vous rappelle que Oliver Reed a joué dans ce film:

Pour nous écouter, c’est ici

Festival Fantasia 2010 – Jour 6 – Heartless de Philip Ridley: le vilain petit chaperon noir‏

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.
Philip Ridley est de retour, presque 15 ans après The Passion of Darkly Noon.
Qui ça?
Ne vous inquiétez pas si vous ne connaissez pas le bonhomme. Même les cinéphiles les plus aguerris n’ont souvent pas vu ses films. En tant que réalisateur, il n’a que trois métrages à son actif et son premier, hautement culte, The Reflecting Skin, est un grand introuvable. Vous allez devoir trimer pour mettre la main dessus (le Torrent sera une option nécessaire) mais la recherche vaudra le coup. C’est un film maudit au plus pur sens du terme et le meilleur rôle de Viggo Mortensen à vie, sans aucun doute.
Par contre, Philip Ridley est constamment présent dans une quantité de domaines artistiques: il a écrit plusieurs livres pour enfants, est dramaturge et metteur en scène de théâtre, il est peintre et parolier. Il connaît d’ailleurs une certaine notoriété dans tous ces domaines.

Ça vous fait penser à quelqu’un?

Un artiste multidisciplinaire, british, qui fait vagement dans l’horreur, le sexe trouble, qui a réalisé du cinéma en dilettante et qui a trois films à son actif?

Clive Barker hein? Effectivement, les ressemblances entre les deux sont troublantes. Malgré la quantité de prix gagnés par Ridley pour ses films précédents, il ne s’est jamais défini comme un réalisateur de cinéma. À l’instar de Barker, la cohérence de son univers est balzacienne et inextricablement reliée à toutes ses autres créations. En fait, je dirais qu’il en est de même chez Ridley et Barker; ce sont d’abord et avant tout des conteurs. Leur espace narratif est celui de la fable et le gore se retrouve souvent conjugué au mélodrame (comme dans tous le bons contes).

Son dernier film, Heartless, confirme d’emblée sa filiation avec Barker. Les thèmes, l’esthétique sont résolument similaires. C’est un mélodrame d’horreur, un conte doublé d’un drame social urbain typiquement british. Un très efficace, par ailleurs. L’univers sonore du film s’en charge diablement bien.

Voyons voir… Un jeune homme, un petit chaperon noir, un vilain petit canard, habite un royaume désenchanté avec sa mère et ses deux petits cochons de frères dans une grande maison de brique nommé les habitations Cendrillon. Il porte littéralement son coeur sur son visage. C’est un valet de coeur, un Jack of Hearts, un Jack of all Trades.

Dans le village, pas très loin de la rue Perrault, des créatures rodent, brûlant des gens à coups de cocktail Molotov. Ce sont les émissaires de Papa B, admirable figure faustienne sortie directement des romans de Barker. Papa B, c’est évidemment Belzébuth, mais c’est aussi Papa Bear, le Big Bad Wolf, c’est la Bête, celle de tous les contes, de la Bible jusqu’à la Belle et la bête. Son nom au consonances vaudouiques suggère qu’il est un Loa, quelque part entre Papa Guede et Baron Samedi. Il est d’ailleurs accompagné d’une petite princesse indienne scintillante nommée Belle. Papa B peut arracher le coeur qui couvre le visage du chaperon s’il accepte de lui en apporter un autre sur les coups de minuit. Un coeur pour un coeur… Le vilain petit canard pourra ainsi enfin se faire remarquer de la jolie princesse blonde, Tia.

Ou alors, il n’y a pas de démons, pas de princesses, pas de royaume. Nous sommes en Angleterre, les rues sont arpentées par des gangs, les princesses sont des putes, le démon est un pimp et le petit chaperon est schizophrène. C’est à vous de voir.

Souvent chez les britishs, Neil Gaiman et Alan Moore en tête, cette prédilection pour le monde parallèle de la fantaisie, du fantasme qui envahi subtilement le nôtre est virtuellement indissociable du thème de la maladie mentale. Alice aux pays des merveilles…redux. Plus que jamais, Ridley rejoint Barker et les conteurs britishs dans leur obsessions. On pense évidemment à Jacob’s ladder, avec lequel le film partage certains thèmes et imageries. Une faune assez lynchéenne traverse également l’ensemble.

Depuis sa sortie, le film accumule les détracteurs à un rythme alarmant. Les maniaques d’horreur restent sur leur faim et sont repoussés par ses inflexions mélodramatiques. Il ne mérite pourtant pas cette réaction. Ne perdons pas de vue que si Heartless ne réinvente rien, il n’est pas pour autant du remâchage. La sincérité de son propos et son ambiance mélancolique permettent de véritables moments d’émotion et d’angoisse. Philip Ridley n’est peut-être pas un réalisateur visionnaire…mais c’est définitivement un grand conteur.

TALZ, vous avez dit TALZ?

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.
Il y a des informations qu’un geek doit posséder à tout prix s’il veut vivre en toute bonne conscience. Il n’est pas seulement question d’en savoir plus que tout le monde, avec cette attitude si effrayante et coercitive d’étaler le savoir qu’a l’intelligentsia geek, mais bel et bien d’être en harmonie avec soi-même quand vient le temps de se gaver à la moelle d’informations inutiles. C’est une activité assez zen quand on y pense, accumuler du savoir inutile et elle est nécessaire à la formation et au raffinement du comportement geek.

Exemple:

Récemment, Les Mystérieux étonnants uploadèrent ce charmant vidéo:

…accompagné de ce commentaire de Benoit: « J’avoue par contre que la bébite blanche, excusez-moi certains d’entre vous connaissent surement son nom, se dandine, elle a l’air assez chaudasse!
Effectivement, Benoit, je connais bien ces créatures. Elles sont fascinantes. J’en ai fait en quelque sorte une passion. On les nomme des TALZ. Pourquoi est-ce que ça m’intéresse et pourquoi continuer à lire mon billet merdique? Simplement pour cette raison: les Talz sont à Star Wars ce que les Irlandais sont à l’Europe…des leveux de coudes patentés. Les Talzs ont une prédispositions à l’alcoolisme.

On se souviendra de ce sale ivrogne dans la cantine de Mos Eisley, Muftak, qui se tripotait allègrement la lunule:

Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de grand Talz, non monsieur…y’en a même eu un important, un jedi, mort au combat durant la guerre des Clones, le grand Foul Moudama. Dans le sublime dessin animé de Genndy Tartatovsky (probablement le meilleur Star Wars de toute la nouvelle trilogie), le créateur de Samurai Jack a créé ce personnage dont la référence est subtile mais efficace, fidèle à son obsession pour la culture japonaise:

Foul Moudama est le Zatoichi de l’univers de Star Wars: un peu grassouillet, les yeux noirs, paternel au possible, alcoolo comme tous les Talzs et une technique de combat au sabre assez familière, la lame inversée:




Eh bien voilà…vous voilà maintenant riche d’un savoir superflu mais Ô combien stimulant. Le geek se rapproche de l’harmonie en amassant ce genre de truc, c’est bien connu. Ce savoir était en train de me tuer et personne d’autre que moi ne connaissait la terrible vérité. Bon allez…faut qu’j’y aille…