Catwoman: Personnage de centre

J’ai eu l’occasion de lire le papier très intéressant de Jozef Siroka intitulé « Batman ne porterait pas le carré rouge », traitant des thèmes politiques autour du tant attendu volet de la trilogie de Christopher Nolan. Bien entendu, dans la foulée des manifestations étudiantes au Québec, précédé du mouvement Occupy Wall Street, difficile d’imaginer que The Dark Knight Rises, qui présente des révoltes contre le 1 % et un héros qui se retrouve à affronter l’instigateur desdites révoltes, de ne pas faire de liens et de se questionner sur le message du film.

Tel que mentionné par Siroka dans son billet, certains ont déclaré que le film était de droite, conservateur et oui, même fasciste. C’est avec beaucoup d’arguments forts que l’on désigne que le message principal est celui de défendre l’ordre et la paix, malgré les éventuelles corruptions qui se trameront en coulisse.

Il existe toutefois un autre personnage qui vient ajouter de la nuance au propos et c’est Selina Kyle, alias Catwoman. Alors que son «rôle moral» dans le film fait l’objet de questionnements et ne fait pas consensus, je crois qu’il est intéressant de se pencher sur ce personnage qui n’est pas central, mais bien de centre.

Les origines : le chat sort du sac

Pour ceux qui ne lisent pas de comic books et dont l’idée de Catwoman existe dans les oreilles pointues de Julie Newmar, le costume de latex de Michelle Pfeiffer et un étrange navet mettant en vedette Halle Berry, c’est normal. Catwoman est un personnage génial pour le monde de Batman en surface : forte, séduisante et ambigüe. Vilaine, mais attendrie par l’amour.

Mais l’antihéroïne par excellence du monde de DC Comics occupe une place d’importance au sein de la Bat-famille. Son impact sur Bruce Wayne/Batman a des ramifications plus profondes dans l’histoire de la bande dessinée. « Entre le bien et le mal, voilà mon territoire », scandera le personnage dans les pages des bandes dessinées. Ainsi, malgré les bêtes velues que représentent les totems de Batman et Catwoman, les deux personnages deviennent plus humains lorsqu’ils entrent en contact. Catwoman penche davantage du côté de la justice en présence de Batman, car il demande le meilleur d’elle. Batman laisse un peu son armure fondre en sa présence.

Cette dynamique, qu’elle soit plus savamment exploitée dans les pages d’un roman graphique sur plusieurs épisodes ou qu’elle soit simplement amusante et dans un épisode de la série télévisée des années 1960, est un sujet qui ne vieillit pas d’une ride depuis plus d’un demi-siècle, visiblement. Oui, ça fait peut-être «comédie romantique» prévisible dans certains cas, mais alors que nous approchons notre second point, ça marche, même dans l’univers aussi sombre que celui de Nolan.

Un produit de son époque : la chattitude

Le personnage de Catwoman est plus pertinent que jamais dans le film de Nolan. La bande-annonce, déjà, nous faisait découvrir un personnage en rogne contre le système, alors … qu’elle danse un slow avec Bruce Wayne dans une somptueuse réception. Dans le film, on découvre à la fois son penchant pour le luxe, mais également son appréciation de la révolte populaire. Mais dans les différents climats sociaux, les divers événements qu’elle rencontrera lui feront questionner ses allégeances.

C’est la Catwoman parfaite, le paroxysme de ce que pouvait devenir le personnage créé dans les années 1940. Et surtout, selon moi, elle se fait représentante d’un dilemme occidental bien réel : balancer entre notre conscience sociale, notre désir de justice, mais également le fait que nous faisons partie d’une société de consommation et que franchement, nous aimons parfois nous gâter.

Symbolisant à merveille le chat, Catwoman se montre individualiste, défiant même Batman d’adopter ce mode de pensée via plusieurs arguments dans The Dark Knight Rises. Mais d’un autre côté, c’est un personnage humaniste et sensible. La thématique des tons de gris moraux est omniprésente chez elle, ce qui la reléguera toujours au département des personnages de soutien chez Batman, mais ô combien importante.

Les lucarnes de The Dark Knight Rises

Dans mon extrapolation la plus poussée, je serais prête à suggérer qu’un film aussi vaste et riche que TDKR évoque naturellement chez le spectateur un besoin d’y trouver une idée maîtresse. Pour ma part, je préfère le voir comme étant un film qui n’a pas de messages à proprement parler et dont les personnages sont diverses lucarnes pour observer un choc d’idées actuelles.

Je suis prête aussi à avouer mon faible pour Catwoman en tant que lectrice de comicbook, ce qui pourrait avoir influencé mon analyse du film, toutefois, je soutiens qu’à travers les personnages d’Alfred Pennyworth, Commissaire Gordon, Selina Kyle et Détective Blake, on a droit à des propos et observations qui miroitent les enjeux sociaux d’aujourd’hui à travers différentes expériences et systèmes de valeurs. Je dis bien miroiter, car je n’ai pas eu, pour ma part, l’impression d’un commentaire saillant. Simplement, j’ai eu l’impression d’assister à un riche éventail de sentiments et de réflexions autour de scènes qui nous sont familières, sans toutefois m’en faire imposer l’une ou l’autre.

Mais peut-être, comme j’ai mentionné plus haut, suis-je teinté par une connaissance approfondie des personnages de Gotham, qui rendrait ce récit plus complexe et modéré dans mon esprit. Mais ce débat, c’est une autre histoire…
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1 pensée sur “Catwoman: Personnage de centre”

  1. C’est un excellent billet, bravo !

    Pour ma part, j’adore la dualité constante dans ce personnage, dualité qui est finalement la caractéristique centrale de Catwoman. Et surtout, magnifiquement rendu par Hattaway dans Dark Knight Rises.

    Merci!

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