Les Mystérieux étonnants vous présentent le premier reportage d’une série enregistrée le 9 mai 2010 lors du dernier Comic Con de Montréal.
Voici un entretien que nous avons réalisé avec Chris Claremont, un auteur de Comic Book très prolifique qui a écrit pendant plus d’une décennie pour les titres X-Men.
On lui doit d’ailleurs plusieurs des personnages les plus populaires de cette franchise, dont Gambit, Jubilee, Mystique, Rogue et Sabertooth pour n’en nommer que quelques-uns.
– Benoit Mercier
Animation: Benoit Mercier
Caméraman: Yoann-Karl Whissell
Monteur: Louis-Éric Gagnon
Le discours de Claremont est intéressant, quoiqu’un peu dérangeant: prétendre que les comics publiés en ce moment sont ennuyants et refuser de les lire pour cette raison me paraît un peu étonnant. Il n’y jamais eu autant de diversité et de prises de risques qu’aujourd’hui, à mon avis, dans le milieu du comic. Par ailleurs, dire que les comics avaient le potentiel pour devenir un média de masse dominant et que les maisons d’édition comme Marvel et DC ont ruiné ce potentiel me semble erroné: les comics et les créateurs qui y travaillent ont pratiquement envahi le milieu hollywoodien et une partie de celui de la télévision américaine. On vend même des chandails de Silver Surfer ou de X-men chez D-tox! Les comics sont traduits presque partout sur la planète et mettent en scène des icônes reconnues internationalement. Je me demande jusqu’à quel point le discours de Claremont relève de l’observation de fait ou s’il n’est pas plutôt basé sur son amertume envers une industrie qui le boude depuis presque 15-20 ans.
Claremont veut des histoires intéressantes et originales? Qu’il cesse d’abord de nous raconter avec nostalgie les mêmes scénarios que ceux qu’il écrivait il y a 30 ans (à cette époque, par contre, c’était génial!) et on reparlera ensuite d’originalité.
Finalement, son commentaire sur la quantité risible d’exemplaires vendus pour les single issues me paraît un peu gratuit. Je n’ai aucun chiffre pour appuyer mon raisonnement, mais serait-il possible que, bien qu’aucune série ne puisse vendre 200 000 exemplaires d’un numéro particulier, comme ce pouvait être le cas auparavant, la quantité totale de comics publiés dans les dizaines de maisons d’éditions existant actuellement excède celle d’il y a 20 ans, alors que beaucoup de titres se côtoyaient et qu’il devait corrélativement, j’imagine, être plus facile de faire grimper les chiffres de vente d’un numéro étant donné la plus faible pluralité de produits offerts? C’est simple et mathématique: 10 X 200 000 copies est inférieur et moins lucratif que 30 X 100 000 copies.
Je n’ai pu trouver de statistique avec le nombre de titre différent, mais en regardant le top 300 de septembre 1996 j’ai vu autant de titres différents qu’aujourd’hui (sinon plus…). J’ai trouvé ses commentaires intéressants, mais on dirait vraiment on vieux chialeux (fait les toi les bonnes histoires, va vers l’indépendant!), mais je crois que son propos était à l’effet que le volume de vente a baissé, mais les prix ont augmentés (de façon démesurée). Les prix des comics en 1996 étaient de ~1.95$. En calculant l’inflation moyenne le prix devrait être de 2.55$. C’est sur que les comics sont printés sur du beau papier glacé lustré qui sent bon et que le prix du bois à pas suivi l’inflation. Néanmoins, à 2.99$ et 3.99$ le comic, quand t’as 10 ans tu peux pas t’en acheter 5-6 par semaine.
Ok dans ce cas j’ai parlé à travers mon chapeau! Je comprends et partage sa critique envers l’inflation du prix en opposition à la diminution de la quantité de titres vendus, mais d’un autre côté, je n’ai aucune opposition à payer plus cher pour du matériel qui me paraît de meilleure qualité, autant sur le plan du contenant que du contenu. D’ailleurs, je ne suis pas certain que le marché du comic soit principalement destiné à un public infantile, donc il est normal que les compagnies ne se soucient pas principalement du pouvoir d’achat de leur plus jeune clientèle.
J’ai aussi trouvé ses commentaires intéressants: à part Allan Moore, rare sont les travailleurs du milieu du comic à critiquer ce dernier. Ce que je déplore, par contre, c’est qu’il semble désapprouver et critiquer tous les changements survenus dans le monde du comic book depuis l’époque de son apogée. Pour moi, il semble associer le déclin de sa popularité à ce qu’il conçoit comme l’évolution « erroné » du médium et de son industrie, rendant ainsi son point de vue beaucoup plus subjectif et personnel. On dirait un vieux grincheux qui dit que tout était dont ben mieux dans son temps… La société change, le public change, et les maisons d’éditions n’ont pas le choix de s’adapter à ses transformations. Son désir de ne pas adhérer à ces mouvements est pleinement légitime, mais c’est un peu rire du monde et des fans de comics que de dire que le medium est désormais inintéressant et indigne de son intérêt.
Je ne partage vraiment pas l’opinion de monsieur Claremont, il me semble que les titres disponibles dans les dernières années sont d’une qualité jamais égalée depuis que personnellement je lis des comics. Its a good time to be a comic fan!
On ne peut par contre lui reprocher ses convictions qu’il défend de manière constructive et avec sang-froid.
Si l’on désire parler de chiffres, je suis d’accord que le comic et beaucoup trop cher l’unité et que son tirage est risible.
Par contre, il faut mettre en contexte que c’est un auteur qui a connu ses heures de gloire dans les 90, l’époque où il y avait un nombre incroyable de séries vendues simultanément… mais souvent la qualité n’y était pas et ça faillit tuer l’industrie et ça il semble l’avoir oublié.
Sur une note plus officielle, vous avez droit ici à une quasi-totalité de notre entretien, nous avons à peine édité notre conversation. Je suis très reconnaissant d’avoir discuté avec monsieur Claremont qui, d’accord avec ses opinions ou non, est un homme important du comic book.
Le fanboy en moi dit: «Sté, c’est le créateur de Gambit!!»
Je suis d’accord avec le fait que Claremont est un auteur incontournable de l’histoire du comic book!
Je ne veux pas être « obstineux », mais je croyais pourtant que Claremont avait atteint le sommet de sa popularité dans les années 80, au moment durant lequel il écrivait Uncanny X-men et New Mutants, étant donné qu’il a quitté Marvel en 1992 pour n’y revenir qu’en 1998, sans grand succès.
Tu as surement raison, j’ai interprété la chose comme un gros bloc, 80 + débuts 90. Il y avait certainement plus de séries à l’époque que maintenant. Mais en même temps, le comic était très populaire dans les années 40. On en donnait au G.I. durant la Deuxième Guerre mondiale.
Tout à fait. Les tirages des années 40 et 50 étaient hallucinants! Rien à voir avec les chiffres d’aujourd’hui.
P.S. Content de voir que je ne suis pas le seul fan de Gambit!
Sans que le comic soit destiné aux enfants de 10 ans, il en reste pas moins que beaucoup de films, jeux vidéos, etc. ni sont pas destiné et la nouvelle jeune génération en consomme beaucoup. Ils en consomment par l’entremise de leurs parents qui eux aussi consomment ces produits. Cependant, les comics ont-ils connu leur dernière génération de consommateur. Est-ce le lectorat de comicbook qui va repeupler les fans de comicbook (I don’t think so)? Quand j’avais 12 ans et que T2 est sortie, ce ne m’était pas adressé et ma maman à contribué $ et maintenant je $$$ pour le merveilleux monde de Terminator. Est-ce que les parents vont acheter des comics mensuellement à leur gars de 11 ans parce qu’il a vu Iron Man et capote??? À long terme, ne serait-ce pas mieux de faire des comics quelques chose de plus d’abordable pour un plus jeune lectorat?
Je comprends ton point de vue, et seul l’avenir nous dira s’il se concrétisera.
Pour ma part, le fait de n’avoir jamais lu de comic avant l’âge de 17 ans ne m’empêche d’en être un consommateur régulier aujourd’hui…
Peut-être que le point du vue de Marvel et de DC est qu’il faut introduire les jeunes au monde de leurs personnages par le biais d’autres medias (séries télé,films) et produits dérivés de manières à ce qu’ils puissent, une fois autonomes financièrement, s’intéresser au medium papier. C’est sans doute périlleux comme stratégie, mais ça a fonctionné avec moi.
Quant au gamin qui capote suite au visionnement d’Iron Man, ses chances de se faire acheter le comic de manière mensuelle sont en effet minces, mais les TPB ne sont-ils pas une façon de remédier,partiellement sans doute, à ce problème? Ils sont disponibles en tout temps (donc ne nécessitent pas une achat mensuel) et s’offrent bien en cadeau pour un prix correct.
Les comics existent depuis plus de 75 ans non? On verra bien ce qui arrivera…
Les grandes crises « dans 5 ans y’en aura pu » dans le monde du comics c’est assez cyclique; je peux comprendre le bonhomme d’être un peu las.