Ce n’est pas tous les jours qu’on peut assister, avec des centaines de nos amis, à la représentation d’une version restaurée en haute-définition d’une oeuvre qui a pratiquement inventé le film d’horreur moderne, en présence de son réalisateur. Le Festival Fantasia a permis à une salle remplie d’admirateurs de vivre précisément cette expérience hier soir.
Le festival a profité de l’occasion pour remettre à Tobe Hooper un prix pour l’ensemble de son oeuvre. Les films de Hooper (The Texas Chainsaw Massacre, Poltergeist, Salem’s Lot, entre autres) ont révolutionné le cinéma d’horreur et ont marqué plusieurs générations par leur réalisme, leur cruauté et leur cynisme. L’homme semble pourtant très heureux aujourd’hui et s’est prêté au jeu de la session de questions avec plaisir, nous offrant plusieurs anecdotes sur le tournage de The Texas Chainsaw Massacre, dont plusieurs absolument dégoûtantes. De plus, il a fait une énorme surprise à son public en emmenant avec lui une copie 35mm de la suite du film, The Texas Chainsaw Massacre 2, que les spectateurs ont pu voir gratuitement après le visionnement du film original.
Si la majorité de la salle était composée d’admirateurs connaissant manifestement le film par coeur au grand complet, on y comptait quand même quelques curieux qui avaient sauté sur l’occasion pour enfin voir le grand classique. Je peux affirmer sans aucun doute que tout le monde a été grandement satisfait. La restauration est magnifique et une attention toute particulière a été portée à conserver l’apparence un peu vieillote et abîmée de l’image. N’ayant pour ma part pas visionné The Texas Chainsaw Massacre depuis plusieurs années, j’ai eu l’impression de le voir pour la première fois, avec tout le plaisir que cela implique pour l’amoureuse du cinéma de terreur que je suis.
Tobe Hooper a dit hier avoir écrit The Texas Chainsaw Massacre suite à son sentiment de désillusion au début des années 1970. Watergate, la guerre du Vietnam, la situation économique des États-Unis, « Je croyais qu’on nous disait la vérité… mais on nous mentait« . La critique sociale qui en découle est, tristement, toujours d’actualité. C’est une des raisons pour lesquelles le film vieillit si bien. La suggestion et l’imagination sont les moteurs de l’horreur, beaucoup plus que l’hémoglobine (même s’il n’en manque pas) dans ce film et nous rappellent qu’en 2014 autant qu’en 1974, la peur la plus forte demeure toujours celle de l’inconnu.
– Jessy Beaulieu