Les zombies sont partout depuis quelques années. Des jeux vidéos en passant par le cinéma et la bande dessinée et sans oublier la populaire télésérie The Walking Dead. Malheureusement, cette surabondance de morts-vivants se traduit parfois par une fatigue. À défaut d’exploiter le genre d’une manière originale et divertissante, il est facile de tomber dans le « remâchage » de vieux clichés qui n’apportent, finalement, rien de nouveau.
Deadman Inferno de Hiroshi Shinagawa évite les pièges qu’offre habituellement le « Zombie Movie ». S’il arrive parfois que le récit emprunte aux codes qui sont si chère à ce type cinématographique, ce n’est que pour y rendre hommage avant de les amener dans une tout autre direction. Le résultat est un cocktail explosif idéal pour les amateurs de Fantasia où l’hyper violence côtoie l’humour et les situations rocambolesques.
Takashi (Shingo Tsurumi) sort de prison après dix années d’incarcération. À sa sortie, il y est accueilli par Munekata (Show Aikawa), son vieux patron, un ancien chef Yakuza déchu qui a passé la dernière décennie à élever la fille de son compagnon d’armes en plus de vivre une vie paisible loin du milieu du crime.
Or, la fille de Takashi n’est pas enchantée par le retour de son père et décide de fuguer sur une ile accompagnée d’une amie. Celle-ci se retrouve malencontreusement infestée de zombies conçus à partir d’une nouvelle drogue artisanale. Munekata et Takashi ont d’autres choix d’aller récupérer la jeune fille, une quête qui s’avéra particulièrement difficile alors qu’ils sont poursuivis par un clan rival de gangsters déterminé à les éliminer.
Deadman Inferno passe sans arrêt du film « Gore » et la comédie nippone. Bien que certaines séquences se révèlent hilarantes, particulièrement lorsqu’il est question des échanges entre les différents personnages principaux, le rire fait place par moment au drame des plus poignant. Personne n’est à l’abri de mordre la poussière ou, dans ce cas-ci, de se faire mordre pour rejoindre ensuite la horde de morts-vivants qui déambule chaque racoin de l’ilot. Ne soyez donc pas attaché à aucun d’entre eux, même ceux qui vous paraissent inatteignables, vous pourriez être déçu.
Les scènes d’action sont particulièrement bien réussies, même si parfois elles révèlent un certain manque de budget. Le cœur du film, quant à lui, réside néanmoins dans l’attachement que l’on a pour ses protagonistes. Loufoques et complètement dépassés par la situation avec laquelle ils sont aux prises, on a un véritable plaisir à les voir tenter de se sortir des positions impossibles dans lesquelles ils se fourvoient.
Si ce n’est que des quelques affrontements contre les zombies, le reste du long métrage ressemble davantage à une œuvre de Kevin Smith dans lequel l’emphase principale est mise avant tout sur les échanges entre les personnages. Le dialogue est la clé et c’est par le biais de celui-ci que le réalisateur, qui signe également le scénario du film, en profite pour faire quelques clins d’œil bien placés aux œuvres de Romero et autres clichés appartenant au genre.
Est-ce que ce sont des zombies qui marchent ou qui court ? Si on se fait mordre, est-ce qu’on devient un zombie ? La source de l’infection est virale ou autre ? Hiroshi Shinagawa est de toute évidence un amateur des productions avec lesquelles il tisse des liens. Durant ces moments les plus brillants du film, il est en mesure de prendre la place d’un spectateur pour répondre aux réflexions qu’ils ou elles pourraient être en train d’avoir. Deadman Inferno devient alors un long métrage méta à propos des films de zombies. Il s’agit d’une lettre d’amour, dont l’approche divertissante saura titiller l’intérêt des plus grands amateurs de zombies blasés par la surabondance qui lui est offert.
– Benoit Mercier