Avec Observance, le réalisateur australien Joseph Sims-Dennett met en scène la descente aux enfers de Parker (Lindsay Farris), un détective privé chargé de surveiller Tenneal (Stephanie King), une mystérieuse jeune femme aux prises avec des problèmes de violence conjugale. Installé dans un appartement en face de celle-ci, Parker doit noter les faits et gestes de sa « cible », sans jamais intervenir, puis les rapporter à son supérieur. Or, la santé mentale de l’homme est critique ayant perdu récemment son fils unique. Prit dans le logis délabré qu’il occupe le temps de sa mission. Parker commence à être témoin de phénomènes étranges dans l’appartement de Tenneal. Des phénomènes qui bientôt feront échos autour de lui.
Observance parvient à garder l’attention de son audience grâce à une histoire finement tricotée qui s’appuie sur une mise en scène simple, mais hautement efficace. Une approche artistique qui s’inspire autant des drames que des meilleurs aspects des récits fantastiques. Le public y est invité à concevoir sa propre histoire et y trouver ses réponses. Seuls quelques indices narratifs sont laissés à la discrétion des spectateurs plus téméraires qui désirent se plonger davantage dans les méandres de l’univers du film. Est-ce que Parker perd l’esprit ? Est-il pris avec une force surnaturelle qui le traque ? Ce sera à vous d’en décider. Mais on n’a nul besoin que ses questions trouvent des réponses pour apprécier le parcours duquel nous sommes des témoins impuissants.
L’intrigue de l’œuvre fait éventuellement place à l’horreur. Des séquences exacerbées par le sentiment d’inquiétude profond dans lequel nous sommes plongés depuis les tout débuts du long métrage. Sans s’en rendre compte, on perd, comme le personnage principal, toute notion de temporalité. Une perte de repères désarmante qui par le fait même rajoute la nature ésotérique des évènements.
Observance est un micro « Shining » ou la frontière entre le temps, l’esprit et les fantômes vient à disparaitre. C’est un film qui sait faire profit de ses forces et n’offre aucune excuse pour son manque de moyens. Au contraire, il parvient à les canaliser. Tapissé dans un monde « réel » qui pourrait être le nôtre, le scénario signé par Joseph Sims-Dennett et Josh Zammit met en images le côté sombre de qui nous entoure. Un appartement, lieu habituellement associé au confort et à la sécurité, devient entre leurs mains un endroit inquiétant qui derrière chaque tournant, chaque pièce peut dissimuler une entité prête à nous faire du mal.
– Benoit Mercier