At World’s End, un film d’action danois du réalisateur Tomas Villum Jensen, n’a rien à envier aux super productions hollywoodiennes à grand budget. Je dirais même que nos voisins du sud ont beaucoup à apprendre de ce little-movie-that-could.
Ne vous méprenez pas par sa prémisse plutôt clichée. Si au départ on était tenté de le bouder ce film pour des raisons d’originalité scénaristique, le ton et l’humour grinçant typiquement danois vous fera changer d’avis. Croyez-moi, vous n’avez pas vu ce film.
Dans la jungle Sumatra, une équipe de documentaristes britanniques se fait assassiner à la suite de la découverte d’une fleur inconnue. Le meurtrier, un homme nommé Severin Gertsen (Nikolaj Coster-Waldau), prétend être âgé de 129 ans et que cette fleur qu’il protège lui permet de vivre éternellement. Gertsen est alors capturé par la police militaire indonésienne qui annonce son exécution.
Afin d’évaluer la condition mentale du prisonnier, le Ministère danois des affaires étrangères envoie Adrian (Nikolaj Lie Kaas), un psychologue et son assistante, Beate (Birgitte Hjort Sørensen). Adrian se retrouve malgré lui pris au piège dans un conflit qui le dépasse entre les autorités indonésiennes et un groupe de mercenaires financé par un millionnaire excentrique qui veut mettre la main sur la fleur mythique et son soi-disant pouvoir d’éternité.
La force de At World’s End, est sa capacité de nous surprendre et de nous entraîner dans un récit d’action qui n’emprunte pas les sentiers défraichis par la grosse machine hollywoodienne. Une touche d’originalité et d’humour particulièrement cynique vient teinter les échanges savoureux entre Adrian et Beate. À eux seuls, les deux comédiens font le film. Leurs dialogues complices d’amour-haine et leur constante prise de bec sont un véritable plaisir à regarder. Sans s’en rendre compte, on se retrouve avec un petit sourire en coin devant ce psychologue maladroit et sa secrétaire qui se détestent et s’aiment tout en ne pouvant se passer l’un de l’autre.
Birgitte Hjort Sørensen est tout simplement géniale en tant que Beate. Si par moments on veut l’embrasser, par d’autres, on voudrait rentrer dans le film afin de la brasser. L’actrice nous offre un personnage qui est ridiculement simplet et naïf, mais somme toute très attachant.
Je me répète, mais la pierre angulaire du film est son humour. Un humour qui est très loin des films de Judd Apatow, qui fait plus dans la subtilité, mais qui n’en est pas moins hilarant. Les non-dits, les silences et les situations embarrassantes se poursuivent à un train d’enfer. L’humour danois très noir et cynique se marie étrangement bien avec la violence qui est très présente dans le film. Il en résulte un film original, sans prétention qui restera dans votre esprit plusieurs heures après votre visionnement.
– Benoit Mercier