Plus qu’une mode de passage, le personnage de Batman et son univers peuplé de gadgets, d’alliers et d’ennemis tous les plus détraqués les uns que les autres, existe maintenant depuis plus de 75 ans. Des bandes dessinées jusqu’aux radioromans, en passant par les téléséries, les dessins animés et les films, la popularité du personnage ne dérougit pas depuis plus de sept décennies. Mais bien qu’il soit littéralement une créature de la culture populaire, bon nombre d’aspects entourant le protecteur de Gotham restent couverts de mystères. Quelles sont les origines du personnage? Comment celui-ci a-t-il évolué au cours des années? Qu’est-ce qui aurait pu inspirer dans le contexte des années 30 ses créateurs Bob Kane et Bill Finger à concevoir ce vigilante au passé tragique?
Voilà certaines des questions sur lesquelles les organisateurs de la soirée «Origins of The Dark Knight» ont tenté de jeter un peu de lumière hier soir lors d’une conférence suivie d’un visionnement organisé dans le cadre du Festival Fantasia avec la collaboration du « Le Cinéclub: The Film Society ».
Présentée par Philippe Spurrell, gérant des opérations pour le festival et organisateur du Cinéclub, la soirée a d’abord débuté par une présentation orale faite, littéralement, en français en anglais. Un format peu commun, mais étrangement efficace pour la soirée qui réunissait des fans de tous les horizons. Des amateurs purs et durs du chevalier noir aux curieux à la recherche de nouvelles connaissances sur le héros de DC Comics.
Après le visionnement de quelques extraits tirés d’un vieux feuilleton mettant en vedette Batman et son fidèle compagnon Robin, le reste de la présentation a été animé par Christian Major, artiste montréalais et véritable connaisseur en la matière en ce qui concerne l’historique de Bruce Wayne et de son alter ego. De ses origines houleuses en passant par ses influences, ses démêlés avec le «Comic Code Authority» et les changements qu’il a reçus tout au long de son histoire, Major a offert un portrait d’ensemble juste et extrêmement informatif sans toutefois tomber dans les anecdotes de surface et en gardant le tout parsemé de touches humoristiques. Une approche qui semble avoir satisfait les gens réunis dans la Salle J.A. De Sève qui étaient accrochés à ses moindres mots.
La soirée s’est par la suite conclu par le visionnement de Public Defender, un film de 1931mettant en vedette Richard Dix dans le rôle d’un jeune héritier milliardaire qui côtoie les grands richissimes de son entourage afin de les trainer devant la justice si ceux-ci fraudent ou tentent de faire porter le fardeau de leurs crimes à un innocent. Selon Spurrell et Major, ce long-métrage serait selon toute vraisemblance l’inspiration derrière une grande partie de l’univers de Batman et de sa «Bat-Family». D’Alfred, joué par Boris Karloff, en passant par un proto Robin, force est d’admettre que l’on retrouve plus d’un indice qui nous porte à croire que Kane et Finger ont emprunté à ce long-métrage pour bâtir leur mythologie. On y retrouve également un manoir qui n’est pas sans rappeler celui des Wayne et la mention de personnages qui sont venus s’intégrer plus tard à l’univers de l’homme chauve-souris, certainement rajoutés par des créateurs contemporains familiers avec l’existence du film et de son impact sur le personnage de DC Comics. On y fait donc également mention Barbara et Tim Drake, deux alliés de Bruce qui sont venus se joindre à sa quête au cours des années.
De l’aveu de Philippe Spurrell, il ne s’agit pas d’un grand long-métrage. D’une durée d’à peine une heure et dix, le récit a des longueurs et est très bavard par moment. Il est malgré tout amusant de l’écouter si ce n’est pour y découvrir ses fameux «indices» laissés derrière qui pourraient détenir la clé aux origines du plus populaire des vigilantes.
Une soirée éducative et intéressante qui a su combiner des aspects informatifs et de divertissements. En espérant que ce genre d’activité ait des suites dans le futur.
– Benoit Mercier