The Weight du réalisateur sud-coréen Jeon Kyu-hwan raconte l’histoire de Jung, un homme bossu dont l’existence est centrée autour d’une morgue où il y habite et travaille en tant qu’embaumeur. Une vie morne, mais pourtant paisible qui sera chamboulée lorsque les malheurs de son frère, un dépressif en quête d’un changement de sexe, viendront empiéter sur son quotidien.
Sans être complètement un huis clos, l’univers fictif de The Weight n’en garde pas moins une atmosphère de claustrophobie. Une bonne partie du film se déroule à l’intérieur de l’étroite morgue. Un monde gris et sans joie dans lequel le personnage principal semble étonnamment satisfait. Loin des regards et du jugement des gens « normaux », l’embaumeur exécute ses tâches routinières qui sont, on s’en doute, les seules raisons qui donnent du sens à son existence dépourvue de plaisir.
Le lieu est un personnage à lui-même où tout est permis et dans lequel on rentre comme dans un moulin. Familles de défunts, groupes de célébrants et employés du coroner se croisent tous dans la petite pièce où on y retrouve autant des corps dénudés que ceux prêts à être envoyés six pieds sous terre. Une réalité crue et déstabilisante qui ne semble pas pour autant affecter Jung qui s’y applique avec dévouement.
Bien qu’on parvienne autant soit peu à s’attacher à lui, le personnage principal demeure néanmoins inaccessible et mystérieux pour l’auditoire. Silencieux, comme l’ensemble des protagonistes du long-métrage d’ailleurs, on voudrait en apprendre un peu plus sur lui et ce qui le tracasse. Faute d’attachement, on a du mal à créer un lien affectif avec Jung lorsqu’il fera face à des ennuis.
Le scénario, également signé par Jeon Kyu-hwan, est lent et prend bien le temps de nous montré toutes les facettes de l’existence du bossu. Une approche qui se montre beaucoup trop insistante et qui trahit les intentions du réalisateur à vouloir établir une atmosphère lourde et lugubre. On aimerait davantage de substance que la simple succession de scènes du quotidien montrant Jung occupé à maquiller un mort ou l’éponger de son sang.
À quelques reprises, le film laisse de côté Jung et son frère pour s’attarder à un personnage secondaire dont la vie vient d’être chamboulée par le décès d’un être cher. C’est le cas d’un homme défiguré et muet que l’on voit portant un casque de moto afin de cacher ses difformités. Le récit de ses souffrances causé par la mort de sa mère est en mesure de nous toucher. Celui-ci n’a malheureusement que très peu d’incidences sur la trame narrative du film qui se complait à mettre en scène le quotidien de l’embaumeur.
The Weight est une production originale dont on sent le désir d’exprimer une option, ou, à tout le moins, tente d’illustrer certains aspects tragiques de la condition humaine. Malheureusement, faute de direction et de maîtrise, ses points forts se retrouvent ensevelis sous une suite de mauvaises décisions. On a davantage l’impression d’un premier jet auquel on aurait dû retirer quelques scènes.
– Benoit Mercier