Le cas du réalisateur Paul Verhoeven est assez singulier. Réalisateur néerlandais, ses premiers films jouissaient d’une très bonne réputation auprès des connoisseurs de cinéma étranger. Quand le bonhomme a troqué son approche auteurisante pour la superproduction hollywoodienne, nombreux furent ses amateurs qui crièrent au scandale. Pourtant, le cinéma du monsieur était bel et bien resté le même; sardonique, violent, grand-guignolesque mais conservant toujours une charge idéologique gavée jusqu’à la moelle d’ironie. Inversement, les geeks qui jurent par le bonhomme (et qui l’ont découvert avec Basic instinct, Total Recall et Robocop) tombent des nues lorsqu’ils écoutent ses premiers films. Des thrillers psychosexuels ambiguë comme The Fourth man ne sont assurément pas pour toutes les fourchettes. Ah cette éternel fossé entre les geeks et les cinéphiles entretenu avec mépris par des élitistes de salon comme Marc Cassivi (lire ceci pour le constater)! Y’a des ostis de têtes de cochon dans les deux clans mais dieu merci, les geeks deviennent meilleurs cinéphiles de jours en jours et les cinéphiles reconnaissent maintenant les vertus du manga, du comic et du jeu vidéo. Comme le dit Nicholson dans Mars Attack Little people, why can’t we just all just…get along?
Le numéro 3 est sortie hier et je suis catégorique…c’est une lettre d’amour à Verhoeven. Le ton, le propos, le look…tout est là. Pour la petite histoire, les geeks néophytes et Marc Cassivi, des explications brèves:
Deathlok a vu le jour en 1974 sous le plume de Doug Moench et Richard Buckler. Il y eu plus ou moins cinq incarnations du personnage à ce jour. Dans chacune d’elle, il est question d’un pauvre soldat et/ou scientifique coincé au coeur d’un complot ourdi par une fourbe compagnie qui se fait transformer et/ou transplanter le cerveau dans le corps d’un machine expérimentale mi-cyborg mi-zombie créé par la dites fourbe compagnie. Ô tragique engeance, l’humanité et les souvenirs du personnage reviennent sporadiquement et sa conscience est la seule chose qui l’empêche de devenir la parfaite machine à tuer. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de faire des massacres quand il s’oppose à la compagnie qui l’a créé. Il est fru. Il souffre. On l’adore.
Le ton de la série est absolument dead-on. On a des organisations totalitaires qui font des expériences pas catholiques, des médias sensationalistes qui contrôlent l’information et le divertissement dans une dystopie obsédée par la violence, des pubs de produits cheaps, une machine à tuer qui se bat contre sa conscience, de la vulgarité à souhait, de l’hyperviolence, de la vendetta…on a même des combat médiévaux. Total Recall, Starship Troopers, Robocop et Flesh + blood dans un tacos débordant de cynisme…et la sauce…c’est du sang! Charlie Huston, romancier néo-noir et le dessinateur Lan Medina nous offrent rien de moins que le film de Verhoeven le plus absolu qui soit. Il manque juste des danseuses…et va probalement y’en avoir. Merci Duro!