Fantasia 2015 – Ojuju

OjujuScénario quasi improvisé, direction photo mal foutue, budget inexistant, maquillages ridicules, acteurs sans réel talent (hormis l’attachant Gabriel Afolayan), etc., tout ça fait d’Ojuju un mauvais film en tous points. Mais, il n’en demeure pas moins, qu’étant projeté sur grand écran et à Fantasia de surcroît, que l’on vit, par son écoute, une véritable expérience cinématographique qui nous était jusque-là insoupçonnée et dont on ne regrette vraiment, mais alors là, vraiment pas d’avoir vécu. (Les nombreux éclats de rires dans la salle rendaient le tout encore plus jouissif.)

Ojuju transporte les films de zombies dans la réalité exotique et tiers-mondiste d’un bidonville surpeuplé de Lagos, au Nigéria. On y retrouve Romero (Gabriel Afolayan, justement), un stoner qui essaie de se reprendre en main puisque sa copine est enceinte et aussi, bien sûr, se sortir de son quartier malfamé. Mais, après que le revendeur de drogue Fela et son comparse Gaza furent mordus par un homme qui semblait n’être qu’un simple ivrogne, Romero devra se prendre en main beaucoup plus vite que prévu et sortir vivant de son quartier qui est ainsi devenu infesté de morts-vivants. (D’entrée de jeu, on apprend que plus de 70 000 000 de Nigérians n’ont pas accès à de l’eau potable. Voilà ce qui serait la cause de cette épidémie de zombies.)

Après l’Inde, le Nigéria est le deuxième plus grand producteur de cinéma au monde, et Lagos en est le cœur. Mais, rares sont les œuvres de Nollywood qui sortent des frontières subsahariennes. Ojuju fait figure d’exception ayant même eu une critique dans le Hollywood Reporter, où l’influente publication prédit tout de même de grandes choses pour son réalisateur et scénariste C.J. « Fiery » Obasi qui, malgré l’absence de moyens, démontre une ambition qui semble ne connaître aucune limite. On peut dire la même chose de son film.

Enfin, Ojuju est une œuvre parfaite pour découvrir le cinéma à la Nollywood et pour découvrir des réalités africaines qui nous éloignent parfaitement des capsules à la Vision Mondiale ou des rares et sombres actualités du Continent Noir qui parviennent jusqu’à nous. Et, pour le Nigéria plus précisément, de nous éloigner des incessants déversements et autres problèmes liées à l’extraction du pétrole et des massacres de Boko Haram.

P.-S. Il faut ajouter que la finale du film est parfaite, et ce, aussi bien pour ce qu’il arrive à Romero que pour la scène bonus que l’on y retrouve. On n’en dit pas plus.

– ‘xim Sauriol