J’ai eu la chance d’assister au lancement de Child of Light d’Ubisoft Montréal qui se déroulait dans une galerie d’art. Dans une atmosphère visuelle épurée, Patrick Plourde, directeur créatif du jeu, a présenté son nouveau-né avec la fébrilité d’un artiste qui se met à nu. Un piano blanc attendait Coeur de Pirate pour une prestation musicale. On dit des images de Child of Light qu’elles sont tellement belles qu’elles pourraient être accrochées au mur d’une galerie d’art. C’est exactement ce qui a été fait.
Le message est clair: Child of Light est une oeuvre d’art.
Bien que ça puisse être cliché à dire aujourd’hui… s’il existe encore des sceptiques qui croient que le jeu vidéo ne peut être de l’art ou générer de l’émotion, montrez-leur ce jeu.
Mais justement, c’est aussi un jeu. En est-ce un bon?
J’ai complètement oublié plusieurs des films que j’ai vu à Fantasia depuis 97. Je n’ai cependant jamais oublié le moindre court métrage. Fantasia a toujours mis une énergie louable à débusquer de brillants courts, souvent juste avant le moment où la carrière des réalisateurs prend son essor: les courts de Nacho Cerda, I zombie, la Chambre Jaune, Abuelitos, The separation. Bref, j’ai de très bons souvenirs de toutes les sélections de Small Gauge Traumas. Cette année, les programmeurs se sont permis quelques digressions qui étaient les bienvenues. Ce ne sont pas les courts métrages d’horreur qui sont les plus surprenants mais bel et bien ceux à caractère dramatique. Une thème ressort subtilement de cette sélection: la consommation, celle des aliments comme celle de la chair.
Survol du menu offert (Cliquez sur les photos pour voir les bandes-annonces):
SOPHIE GETS AHEAD
USA 2011 | 10 min, en anglais et en gémissements, Damien Pari
Une dame franchement bandante reçoit une bonne séance de coups de langue dans son verger. Faudrait que sa mère (au téléphone) et un petit gars slasher qui gambade par là (avec un masque de gimp) lui crisse patience pour qu’elle jouisse. Dans ce monde suintant de fertilité, les appétits se conjuguent. C’est aussi lumineux que c’est drôle et jamais un titre n’aura été à ce point le but, la cause et le moyen en même temps. Il est question de se faire manger dans tous les sens du terme.
PICNIC
Espagne 2011 | 13 min, en serbe et en silences, Gerardo Herrero
Une famille unie va manger dans un bois idyllique. Les cicatrices d’un guerre passée couvrent encore le sol sous la forme de mines tout à fait fonctionnelles. Nous sommes en Bosnie. La tension et le drame que parvient à générer PICNIC en moins de 15 minutes tient du prodige. On carbure ici à grands coups de puissants archétypes. Il n’y a qu’une seule famille, une seul bois et une seule guerre. Les horreurs sont légions et peuvent se multiplier infiniment.
WAFFLE
USA 2011 | 5 min, En anglais et en chialages, Rafael De Leon Jr.
Il faut bien choisir ses camarades de classes avant de faire ses travaux d’équipe. Quand une jeune fille se lie d’amitié avec une étudiante brillante mais défigurée pour profiter de son talent, il est mieux que cette dernière ne le sache pas. Surtout, il est préférable qu’elle ne l’apprenne pas à sa propre table pendant le repas. Sympathique petit slasher culinaire qui nous laisse un peu sur notre faim après les deux substantifiques entrées précédentes.
GOOD MORNING, BEAUTIFUL, USA 2011 | 20 min, en anglais et en larmes, Todd Cobery
Un homme a de la difficulté à surmonter le deuil de son enfant. Sa douleur et sa tristesse transforment peu à peu sa perception de la réalité. Le cauchemar du quotidien prend alors des dimensions lynchéenes. C’est la grosse bouchée de la sélection, en durée comme en technique, en contenu comme en substance. Bien joué, réalisé avec flair, GOOD MORNING, BEAUTIFUL est à la fois absurde, angoissant et traversé de pathos. Comme le MESHES OF THE AFTERNOON de Maya Deren, le monde où tente de vivre le protagoniste et traversé d’onirisme et de mélancolie. Une touchante descente aux enfers, pertinente et audacieuse.
DEVOURMENT
Mexico 2011 | 6 min, en espagnol et hurlements irritants, Lex Ortega
Après le dévoration, c’est souvent l’indigestion. Indigeste, DEVOURMENT l’est au plus haut point. L’idée de base du court, a priori excellente, n’a pas les moyens de ses ambitions; montrer la courte vie d’un zombie en caméra subjective. Malheureusement, on se croirait dans un mauvais clip de métal mexicain et le burritos regorge d’effets bruyants et cheaps. Dommage pour l’idée de base. Quelqu’un d’autre la reprend s’il vous plait?
INCUBATOR
USA 2011 | 7 min, en anglais et cris de douleur, Jimmy Weber
Tu te réveilles paniqué dans une baignoire pleine de glace. Tu es dans une chambre d’hôtel barricadée. La bonne nouvelle: la cicatrice sur ton flanc suggère de prime abord qu’on t’a peut-être volé un rein. La mauvaise: On t’a rien volé du tout. Dans les petits pots les meilleurs onguents? C’est exactement ça: INCUBATOR est un peu comme du Tiger Balm…que tu utilise comme lubrifiant. Même si l’éjaculation est dramatique est rapide, elle te saisie jusqu’aux tréfonds du trou de graine. Ça brûle en crisse le gréement…
FALLING
Australia 2011 | 7 min, en anglais bavard, Christian Doran
Un intéressant exercice en noir et blanc, avec trois split-screens, nous montrant la chute (au sens véritable et figuré) d’un petit criminel. En nous montrant simultanément le passé et le présent, les impressions intérieures du personnage et les mondes possibles de ses choix, il va sans dire que FALLING est ambitieux et chargé. Le ton très Noir du court voisine la métaphysique et avec ses trois écrans, on se croirait dans un épisode expérimental du comic SIN CITY.
BIRDBOY
Spain 2010 | 12 min, en espagnol triste sous-titré en anglais, Pedro Rivero
Après un désastre nucléaire, le monde idyllique d’une société de jolies petites créatures animales anthropomorphisées devient un désert idéologique. Il en revient au freak de service, Birdboy, de donner du sens à la vie d’une souris pour laquelle il en pince un peu. Magnifique film d’animation se situant entre Tarkovsky et Tim Burton, autant au niveau du style que du propos, BIRDBOY est…dévastateur.
PLAY DEAD
USA 2011 | 18 min, En anglais et…jappements quoi!, Andres Meza-Valdes, Diego Meza-Valde
Deux court-métrages de morts-vivants cette année, deux excellentes idées: montrer une attaque du point de vue du zombie et selon celle de… chiens domestiques. Là où la réalisation de DEVOURMENT ne faisait pas le poids, celle de PLAY DEAD est un triomphe. L’idée est traitée généreusement à une multitude de niveau. Les zombies sont terrifiants et l’attaque est brutale. Or, nous ne sommes pas directement concernés par la menace; c’est la survie des chiens qui nous intéresse. Qui n’a jamais voulu savoir ce qui allait advenir à nos compagnons dans cette situation? N’allez surtout pas croire que leur survie est chose facile: trouver à manger, traîner partout son maitre récemment contaminé qui ne lâche pas la laisse, enjamber des corps, tenter d’oublier sa maitresse. La cruauté des humains survivants est aussi un facteur à considérer. Je rêve déjà d’une probable extension en long-métrage pour PLAY DEAD; le DVD de ce film pourrait trôner fièrement dans votre collection entre HOMEWARD BOUND et SHAUN OF THE DEAD. Coup de cœur total. Vous aurez même droit à de désopilantes fiches explicatives pour chacun des personnages canins.
ANIMAL CONTROL
Canada 2010 | 16 min, en anglais muet, Kire Paputts
Je vais devoir paraphraser l’introduction en salle de Mitch Davis pour ce court; c’est simplement un des meilleurs films que j’ai vu à Fantasia cette année, toutes catégories confondues. La performance de notre Nosferatu national Julian Richings, muet et froid comme la mort, est toute empreinte de subtilité et de tristesse. Employé cadavérique d’un centre de contrôle animalier, taxidermiste à ses heures, notre protagoniste se lie d’affection pour un chien malade. Tout est maîtrisé dans ce court; le rythme, la profondeur du propos, le choix des couleurs, les silences. Kire Paputts est une réalisateur qui va s’imposer, c’est une évidence. C’est à en pleurer.-FRANCIS OUELLETTE
Sion Sono. L’autre enfant terrible nippon du Festival. C’est à croire que les gens ne se sont jamais remis de son Suicide club. Après la consécration nécessaire de Strange Circus etle choc de Love Exposure l’an passé, son film fleuve de 237 minutes, on aurait pu croire que les gens seraient du rendez vous pour voir la prochaine expérimentation du poète. Ce serait oublier la bande annonce outrageusement mensongère qui aura attiré un public nullement outillé pour supporter ce qu’il allait voir.
Difficile donc de dire si Sono est l’enfant chéri des cinéphages ou s’il est simplement attendu par des hordes de macaques venues pour lancer les fientes de leur commentaires ineptes dans toutes les directions, surexcitées par un autre de ces « films japonais étranges et déviants ». Dans la salle où je me trouvais, les deux groupes semblaient à part égale. Le pire mélange possible (ou le meilleur). Fantasia, c’est aussi l’atavisme de la foule qui hurle pour un bout de sein et un meurtre. Ça peut aller. Parfois, ça fait même partie du plaisir. Pendant Cold Fish cependant, les réactions du public étaient plus que consternantes. Elles étaient aussi morbides et fascinantes qu’un prêtre à la garderie. Elles doublaient d’une ironie bien involontaire les propos du film de Sono. Un peu comme un condamné à mort qui hurle de rire parce que le gars pendu avant lui a chié dans sa culotte…et qui ne se rend pas compte que la merde va lui tomber dans les yeux. Ce qui fera rire l’autre groupe, bien entendu.
Cold fish n’est pas une comédie. Le terme comédie noire ne lui convient même plus. C’est une toute autre créature. C’est une tragicomédie grand guignolesque, deux genres que Sono possède à merveille. C’est aussi une atomisation systématique des valeurs japonaises, une volonté d’exposer au grand jour l’horreur sousjacente de ses hypocrisies. Un autre thème qui est cher à Sono. C’est aussi une histoire « vraie », comme la plupart de ses films.
On y raconte l’histoire de Shamoto, propriétaire effacé d’une modeste boutique de poissons tropicaux. Il a une fille rebelle énervante et une femme-trophée à la voluptueuse poitrine. Le détail est de taille quand on sait qu’elle est interprétée par Megumi Kagurazaka, une célèbre « gravure idol ».
Les « gravures idols », ce sont ces mannequins aux gros seins qui font fureur au Japon et qui perpétue l’idéal local de l’ingénue soumise mais vicieuse. Le symbole qu’elle représente dans le film est important et n’est pas simplement un argument commercial. Elle est la femme-objet et la victime par excellence. Notre famille sans histoire croise le chemin de Murata. Ce dernier possède tout ce que Shamoto ne pourra jamais espérer avoir: du charisme à revendre, une boutique parfaite, des jeunes employées sexys et obséquieuses et une femme libidineuse. Sans qu’il puisse y redire quoi que ce soit, en l’espace de quelques jours, la famille de Shamoto sera totalement absorbée par celle de Murata.
L’appât est lancé, pour les personnages comme pour le spectateur. Il ne sera pas question ici de poissons tropicaux, mais de pièges tendus à des hommes. Des arnaques dignes de David Mamet, des humiliations et des tortures morales qui n’auraient pas déplues à Pasolini et une peinture poétique de l’horreur qui vaut les meilleurs Greenaway (le personnage de Murata rappelle un lointain cousin d’Albert Spica dans The cook…bruyant, imposant et impitoyable.
Murata et sa femme sont des experts du vices. Des virtuoses du crime. Il n’y pas de limites à leur inventivité et vous en verrez les moindres affres. Cold fish est un plat qui se mange froid: on y consomme en mastiquant lentement la concupiscence, la manipulation et l’indifférence. Le spectateur et les personnages sont exhortés en presque 2 heures et demi à devenir les complices de Murata. Et vous le serai jusqu’au bout…
Pendant Cold Fish, on souriavec du sang entre les dents, comme Blue Velvet pouvait faire sourire. Sono est un grand esthète de la cruauté et un encore plus redoutable satiriste. Plus que jamais, il est clair que la provocation rejoint chez lui la poésie.
Dans l’aquarium expérimental de son dernier film, il y a beaucoup de bile et de fiel. Vous cognerez sur la vitre pendant que les poissons crèvent doucement, pour votre plus grand plaisir.
Ou alors, vous allez rire et hurler pendant toutes les scènes de viols, de meurtres et de cul. C’est un mécanisme d’auto-préservation tout à fait commun que les singes ont devant la mort.
Hé…
Tant que vous ne le faites pas dans la vie, c’est ça qui compte non?
Allons à la pêche aux syllogismes ensemble vous le voulez bien? Je lance une longue introduction pour saisir un petit film qui en vaut la peine.
Si vous êtes des réguliers à Fantasia, Il y a des fortes chances que vous soyez des amateurs de cinéma asiatique (duuuh!)
Si c’est le cas, vous aurez assurément remarqué dans vos pérégrinations cinématographiques que l’Orient entretient un rapport avec l’eau qui n’a absolument rien à voir avec les occidentaux, les coréens et les japonais, en particuliers. Les bienfaits de l’animisme, vous voyez? Depuis Kurosawa qui mélangea de l’encre aux gouttes de pluie de sa tempête dans Rashomon, l’eau est devenue noire et lourde, oppressante. Elle a beau être une nourricière, elle est également une inquiétante présence qui s’infiltre partout. Il n’est pas seulement question de désastre naturel. L’eau est le voile d’un autre monde; elle transporte les souffrances et les retient. Les films d’horreur japonais, avec leurs esprits enfants noyés. Les coréens, avec leurs quais qui surplombent l’abysse, leurs scènes de baptême sacrificiel et de suicide à l’hameçon.
Si l’eau est à la fois nourricière et traversée de la souffrance des hommes, on conviendra que l’activité toute simple de la pêche prend forcément une charge symbolique considérable.
À Fantasia cette année: Underwater Love, son usine de poisson et son diablotin de l’eau. Vampire de Shunji Iwai, avec ses scènes de pêche et de gens qui veulent se suicider dans le fleuve. Cold Fish et ses poissons tropicaux. 13 assassins et ses métaphores de pèches appliquées au combat. Pour ne nommer que ceux là…Je ne vous dis pas l’idée de génie de la part des programmeurs du festival de passer Night Fishing avant Cold fish de Sion Sono.
Night fishing de Chan-wook Park est le point culminant de toutes ces thématiques. Tout le monde va à la pêche, le réalisateur également.
Pour la forme, c’est une histoire de 30 minutes filmée avec un I-Phone, un outillage léger pour une séance rapide. Pour le fond, c’est une tragédie en trois actes:
Au cœur d’une route qui nous mènera vers l’histoire, un groupe de musiciens interprète une chanson (absolument inoubliable; vous pouvez l’écouter ici en bas de page). Mélangeant les sonorités modernes et ancestrales, habillés de costumes trois pièces et d’un chapeau traditionnel, ils sont le chœur de la tragédie, les avatars des Destinées, les échos du passé. Ils nous parlent d’un pêcheur solitaire…
Notre pêcheur se fait une séance nocturne. Il attrape quelque chose d’imprévu; le corps d’une femme. Dans son agitation, il se prendra dans les nombreux fils de ses lignes et le corps de la défunte se retrouvera blotti contre lui. Cette funeste étreinte redonne vie à la femme . Cette femme, il ne l’a pas pêché dans l’eau mais dans le monde des morts. Elle sait par ailleurs beaucoup de chose sur lui.
Acte final: le spectateur sera invité à visiter l’autre monde.
Night fishing aurait pu devenir rapidement une simple expérimentation stylistique, un caprice d’auteur sans intérêt. Loin de ça. C’est l’urgence de raconter une histoire qui prévaut ici. L’utilisation du I-Phone et de ses moyens techniques limités n’est pas une contrainte mais un outil de circonstance dans les mains du conteur. Ce n’est pas qu’une leçon de cinéma que nous fournie Chan-wook Park, c’est littéralement une invitation à la création.
Les explorations thématiques du cinéastes sont toutes là: la mort, la perte de repère, l’humour morbide et les excès mélodramatiques déchirants dont les coréens semblent avoir le secret. Au niveau stylistique, son talent pour la confection de tableaux demeure intact. Après le baptême sacrificiel de Sympathy for Mister Vengeance et le martelage homérique de couloir dans Old boy, Night Fishing nous offre quelques plans tout aussi iconiques (la première photo de ce billet en haut est un bon exemple).
Je me permet aussi une conclusion péremptoire. Nigh fishing est une synthèse des nombreuses obsessions qui traversent la cinématographie coréenne depuis la dernière décennie ( Ki-duk Kim au grand complet). La pêche n’y est pas qu’un symbole récurent, c’est une méthode.
J’aime le concept: les cinéastes coréens qui sont des pêcheurs de l’idée. Au final, si Chan-wook Park s’est permis une légère et courte séance avec un matériel léger, ça ne change rien aux profondeurs où il est parvenu à lancer sa ligne…et ce qu’il est parvenu à en extirper.
The Woman arrivait hier à Fantasia précédé d’une sacrée réputation. On dit qu’il est le grand retour de Lucky McKee à l’horreur, que c’est le film que les gens attendaient de lui depuis le culte instantané (et bien mérité) de May. Un réalisateur avec trois films à son actif, dont un segment inattendu (mais un des meilleurs) dans la série Masters of horror. Bonjour la pression: Mckee a connu des déboires impossibles sur The Woods et fut viré du tournage de Red, tiré du roman de Jack Ketchum, après quelques semaines. The Woman est une seconde adaptation de Ketchum pour McKee, en collaboration étroite avec l’auteur en tant que scénariste. C’est aussi le projet qu’il a pu enfin mener jusqu’au bout.
Depuis le début de ses tours de piste dans les festivals, les polémiques semblent suivre The Woman partout: misogyne, apologie du viol, violence outrancière… À Sundance, des gens outrés par le film quittaient la salle. On peut d’ailleurs trouver des pléthores de vidéos sur Youtube où des gens expriment avec véhémence leur inconfort à ce sujet.Un exemple…
Devant ce déferlement de réactions dithyrambiques, les attentes ne pouvaient que grimper. Le public de Fantasia est particulièrement friand de sensation fortes et n’a rien à voir avec celui de Sundance. The woman était-il à la hauteur de ses attentes? Pour ma part, The woman restera l’expérience la plus viscérale de l’édition Fantasia 2011. Il n’est absolument pas le film le plus violent, le plus maitrisé ou le plus excessif du festival; il est gavé d’un musique irritante que Mckee utilise à des fins d’ironie dramatique maladroites et le jeu des comédiens va de l’exceptionnel au consternant de nullité (l’enseignante en géométrie fait pitié à voir) Mais pour le moins que le spectateur accepte l’offrande sensorielle sans la filtrer, il la vivra au fin fond de ses tripes (j’ai eu personnellement quelques éprouvantes réminiscences de Martyrs et Devil’s reject.)
The woman est une cinquième adaptation d’un roman de Jack Ketchum. Il est aussi la suite directe d’un autre roman, The Offspring, lui aussi adapté (pitoyablement) au cinéma par Andrew van den Houten (producteur de cette suite). The woman reprend où The Offspring se termine. C’est une suite sans en être une: pensez aux liens entre les deux films de Rob Zombie, House of thousand corpses et Devil’s reject et vous n’êtes pas loin. Ou alors à une version horriblement perverse de Nell . On retrouve le personnage de La Femme, créature sauvage, dangereuse et blessée. Coup de génie: la Femme est Interprétée par la même comédienne, la sculpturale Pollyanna Mcintosh, seul point fort de The Offspring. La Femme croisera le chemin de Christopher Cleek, avocat et père de famille, chasseur et éleveur de chiens . Pour protéger son clan, il capturera la femme, le séquestrera avec la ferme intention de la civiliser de force. Elle sera désormais leur animal de compagnie; il faudra la nettoyer et la nourrir. En bon patriarche autoritaire, il organisera une série de tâches bien précises pour toute la famille. Leur vie avec le Femme vient de commencer.
Cette banale prémisse aurait pu basculer à tout moment dans la torture porn. Il n’en rien. Dans ses romans, Ketchum fait l’exploration du mal et de la cruauté ordinaire des hommes poussés à un certain paroxysme. En ce bas-monde, la question du mal n’a nul besoin d’être supportée par la métaphysique. Elle est une affaire d’homme, pur et simple. Si la Femme est une créature hautement dangereuse, le clan Cleek, avec son patriarche convaincu de sa propre vertu, est une menace autrement plus insidieuse. L’homme « civilisé » , flanqué de son clan, conditionne la femme sauvage. The women devient alors une méditation parfois drolatique sur le mal primitif et la déviance du civilisé, sur les femmes victimes et les hommes abusifs. Les face à faces entre La femme et le Père constituent la moelle épinière du film. Pollyana Macintosh est glorieuse dans le rôle de La Femme; elle râle, crache, hurle, halète comme une ménagerie. Son regard fauve et chargé d’appétit est saisissant. Sean Bridgers (le tête à claque Johny Burns dans Deadwood, on l’a vu aussi dans…Nell!), qui peut passer de l’affabilité à l’autorité entre deux lignes, est tour à tour drôle et terrifiant. Il donne des ordres sans vociférer et parle comme si ses propos et ses actions tenaient de la logique la plus élémentaire. Angela Bettis, l’actrice fétiche de McKee, semble sur le point de se casser comme une poupée de verre à chaque parole de son mari. Elle campe son évidente névrose avec le talent qu’on lui connait. The Woman fait aussi souvent mouche avec des moments d’absurdité et d’humour que l’on doit au départ à Ketchum: Le fils psychopathe fasciné par le basketball, le petite fille adorable épargnée par l’horreur de sa famille, le mélange de compassion et de cruauté que prodiguent les Cleek à la Femme. Même les scènes les plus violentes oscillent constamment entre le grand- guignolesque et le réalisme cru.
Mckee ne fait pas que rendre justice au thèmes et aux dialogues de Ketchum. Il se les approprie. Si on exclue l’omniprésence irritante des chansons pops, c’est d’abord au niveau du travail sonore qu’il surprend. Des aboiements constants, les grincements du système de poulies retenant la Femme attachée, des borborygmes, des sons de déglutitions, des bourdonnements, des sifflements stridents. Le montage aussi, qui se permet souvent des sursauts, des hoquets, des ellipses improbables. Le spectateur est conservé dans un état de tension constante. McKee vise la chair: il veut se glisser en dessous de votre peau et pince vos nerfs.
C’est assurément pour cette raison que le film suscite une telle réaction chez certain spectateurs. Ils ont l’impression de se sentir abusée, manipulés . Personne n’est fondamentalement bon dans The Woman et si c’est le cas, ils seront invariablement des victimes. Ce ne sera pas la première fois que des propos de ce genre fait grincer des dents des humanistes, irrités de se faire donner la leçon sur l’indicible cruauté des hommes
En ce sens, McKee devrait être fier. Rien comme une controverse pour mousser la popularité d’un film. Oui, son film est intense. Oui, il est parfois troublant. Mais il ne joue pas dans le registre de la simple provocation. N’exagérons rien. The Woman est tout simplement une fable sur le bourreau et la victime… et dans toutes bonnes fables, les leçons sont administrées avec le double tranchant de l’humour et de l’ horreur.
Je ne sais pas s’il est juste de dire que McKee est de retour. Disons qu’après The Woman, on espère qu’il est là pour rester.
Au festival Fantasia en 2007, ma grande découverte avait été le film d’horreur au micro- budget Mulberry street. D’une efficacité désarmante, le réalisateur Jim Mickle et son scénariste Nick Damici (aussi comédien principal dans le film) avaient intégré un principe fondamental de l’horreur, trop souvent laissé de côté: plus les personnages seront riches et attachants, plus les mécanismes de la peur fonctionneront. Mulberry Street nous montrait les locataires d’un immeuble délabré résister à une attaque de créatures, tout simplement. Une attention particulière était attribuée aux interactions entre personnages et à l’immeuble: le boxeur patibulaire, le travesti au grand coeur, les vieux grincheux. Les créatures étaient des espèces de rats-garous mais au final, elles auraient pu être des zombies ou des vampires et ça n’aurait strictement rien changé à la qualité du film.
J’ai attendu patiemment le retour de Damici et Mickle. Depuis 2006, date de sortie de leur premier, deux événements de taille se sont produit. Le prix Pulitzer pour The Road, le chef-d’oeuvre crépusculaire de Cormac McCarthy et le succès grandissant de la série de comics TheWalking dead.
Le genre du survival apocalyptique devra rendre des comptes à ses deux là pour longtemps. Ils ont tout simplement porté aux nues les standards du sous-genre. Allez savoir si Mickle et Damici étaient conscients de la chose ou s’ils ont simplement saisi l’air du temps. Reste que leur deuxième film est une contribution de taille.
Une invasion de vampire a ravagé le monde. Des poignées de survivants errent ici et là, à la recherche de communautés bordant les routes. Mister, tueur de vampire hors de pair, prend sous son aile un jeune homme qui a perdu sa famille dans une attaque. Il lui apprendra comment survivre, stoïquement mais surement. Or, les vampires sont loin d’être la seule menace: une groupe de fanatiques religieux pro-vampire, convaincus d’être les agents du Jugement dernier, sont beaucoup plus dangereux. Des rumeurs de cannibales, également…
Stake land pourrait être la suite directe de Mulberry Street. Après tout, les vampires n’ont rien à voir avec les suceurs de sang éthérés de la dernière décennie. Comme les « hommes rats » de leur premier film, ce sont des bêtes sauvages sans aucune intelligence, purement et simplement. Dans le rôle de Mister, Nick Damici pourrait même être le même personnage qu’il jouait dans le premier film. En outre, Stake land fonctionne exactement comme une version élargie de Mulberry Street oû on verrait les effets à long terme de l’invasion sur le reste du monde.
Au demeurant, bien qu’ils soient assez effrayants dans leur sauvagerie, les vampires sont ici accessoires. Comme dans les meilleurs films du genre, l’homme reste un loup pour l’homme est c’est à ce niveau que Stake land excelle le plus. Il trouve également au le moyen de commenter le fanatisme religieux. L’omniprésence des iconographies chrétiennes prend des allures inquiétantes de fétiches.
Le tout est également imprégné d’une sensibilité très deep south; le blues, le country, la poussière, la route, les villages de survivants presque western. Les vampires sont plus sauvages que ceux de Near Dark et n’ont rien à voir avec ceux de True Blood. Même la narration du jeune homme, très Malickienne par moment, renchérit ce mood.
Impossible forcément de ne pas penser à The Road. La saleté, la faim, la nostalgie la relation entre la figure paternelle et le fils. La cruauté des hommes aussi. Stake land est The Road avec de l’action. Impossible également de savoir si Mickle a voulu consciemment utiliser cette approche. Reste qu’elle fonctionne à plein régime. Quelques notes mélancoliques de pianos et de violons donnent à l’ensemble le bon ton mélodramatique.
Comme Walking dead, les relations entre les personnages et leurs déplacements sont le vrai moteur de l’histoire. Nous ne sommes pas simplement dans survival de la route. On ne lésine pas sur les scènes de suspense et de confrontations pour autant.
Ces références empruntées n’empêchent pas Stake land d’avoir ses propres petites trouvailles. Dans ce monde, il n’y a pas de monnaie plus valable que des canines de vampire. Elles prouvent sans équivoque la valeur du survivant. Il faut aussi être inventif et aguerri pour dégommer du vampire: courvrir ses vitres d’automobile avec des clôtures grillagées et savoir mener du pieu à deux. En tueur de vampire émérite, Damici est magnifique et possède un je ne sais quoi du jeu fauve d’Harvey Keitel.
Dans tous les cas, Stake land confirme le talent et la débrouillardise du duo Mickle-Damici. Le cinéma d’horreur indépendant n’a pas dit son dernier mot, quitte à se répéter avec classe.
Vous savez ce qui manquait au Fabuleux destin d’Amélie Poulain? Il lui manquait un homme tortue qui se fait bouffer sa grosse bitte verte. Rien que ça. Si Jeunet avait compris ça, son film aurait sauvé le monde du suicide, de l’ennui et de l’impuissance.
UNDERWATER LOVE est un petit fruit rose gorgé de sucre et modifié génétiquement. Avec du petit jus qui pète dans ta yeule. Il fait aussi couler le petit jus dans tes culottes et ça fait sourire. Tee hee!
L’histoire: Asuka travaille dans une poissonnerie de campagne et se prépare à épouser son patron. Elle est heureuse , si ce n’est que son futur époux est un dégoutant éjaculateur précoce. Elle est souriante et aime danser.
Jusqu’au jour oû elle rencontre un kappa, ces yokais (créature des bois du folklore nippon) mi homme mi tortue. Et pas n’importe lequel: ce kappa est la réincarnation d’un amour de jeunesse perdu dans une noyade, Aoki (joué par un acteur dans un costume cheap)
À propos des Kappas: d’ordre général, les Kappas sont un peu libidineux, ils aiment reluquer les femmes et parfois même les violer. Ils peuvent être amicaux mais certains entrainent les gens dans la noyade. Ils raffolent des concombres, aiment le sumo, ils sentent le poisson et leur tête surmontée d’une cavité doit toujours être remplie d’eau sinon, ils s’immobilisent.
Ils sont aussi très polis: pour se débarrasser d’un kappa, il suffit de le saluer en se penchant. L’eau de son crane se videra. Ils aiment parfois manger le shirikodama des gens, une boule de chair qu’on peut extraire de l’anus, c’est bien connu. Vous en verrez une dans le film, c’est promis.
Mais Aoki est un kappa amoureux. Il est sans malice, n’a rien à foutre des perles anales, il aime manger des concombres et se faire sucer la bitte (qui ressemble d’ailleurs à un gros pickle), par la jolie pècheuse potelée du coin. Mais dans son coeur de tortue puante, ce qu’il veut par dessus tout, c’est aimer Aoki.
Underwater love est un film kappa, un hybride, à cheval entre deux mondes. C’est un pinku eiga (film folichon) expérimental doublé d’une comédie musicale…avec une trame sonore de Stéréo total en japonais et la photographie toujours sublime de Christopher Doyle. Filmé en 5 jours en une seule prise avec des chorégraphies improvisées et deux scènes de cul assez mémorables, c’est le film qu’il faut voir avec son conjoint pour lui faire comprendre que l’amour n’a pas plus de frontières que les orifices.
Pendant le visionnement, une jolie geekette complètement gelée derrière moi disait continuellement « kappa kappa » pendant les scènes de cul. Je vous jure.
Sur IMDB, les mots clés concernant le film sont Large penis, kinky sex, sodomy, animal penis, cucumber et, comme si ce n’était pas suffisant, see more. Quel film peut s’enorgueillir d’avoir tout ces libellés? Certainement pas Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Je payerais cher pour regarder Audrey Tautou se rentrer un shirikodama dans le cul.
Une légende chinoise aux épanchement mélodramatiques revue et corrigée à grands coups de poing par Yuen Woo-ping. Le crépuscule des samouraïs revu et corrigé par Miike qui nous fait enfin un authentique chambara. Le 7ème les a vu l’un après l’autre. La juxtaposition était appropriée et étourdissante: si les films sont drastiquement différents dans leur approche, leur dessein est sensiblement le même: montrer comment la légende est le vecteur des changements de l’histoire . Les héros sont tragiques. Le méchants sont d’une cruauté inouïe. Les femmes sont laissés derrière. Les combats sont d’une violence démesurée mais ils sont aussi traversés de poésie. La même recette, deux sauces: de l’aigre-douce dans ton coeur VS du Wasabi dans ton âme.
Vous êtes familiers avec Yuen Woo-ping? Même si c’est le cas, faisons un petit exercice vous voulez bien? Sans être exhaustif, considérons l’importance de ce que l’homme a donné au cinéma depuis quelques décennies.
Pour une poignée d’occidentaux férus de films de kung-fu, Yuen Woo-Ping est celui à qui l’on doit la véritable introduction des arts martiaux chinois dans la cinématographie américaine. La découverte de Jet Li, de Jackie Chan, du Kung-fu drunken Style, les chorégraphies des Matrix etdes Kill Bill; le vieux maitre a exalté plus que quiconque les canons d’une mythologie typiquement chinoise, pour le grand bonheur des néophytes et des exégètes. Avec le succès planétaire de Crouching Tiger, Hidden Dragon , il a également contribué à la prolifération subséquente des Wuxia pians, les films de capes et d’épée chinois où les combats sont des ballets aériens. Même Kung-fu Panda 2 est truffé de référence directes à ses films et son style de chorégraphies (ne riez pas: Kung-fu Panda 2 est un hommage vibrant et hautement intelligent à Sammo Hung et aux premières réalisations de Woo-Ping, The magnificent butcher en particulier).
Même les cinéphiles les plus curieux ont souvent commencé avec ses films pour ensuite se familiariser à rebours avec les grands classiques de la Shaw Brothers , allant de Liu Chia Liang à Chang Cheh pour ensuite découvrir le souverain du genre, King Hu. Avant lui, les occidentaux en général ne pouvaient à peine faire la différence entre le karaté et le kung-fu, Shaolin et le Mont Wu tang et la Chine était régulièrement envahis par des ninjas. Allez voir le dvd français de Legend of the drunken master avec Jackie Chan juste pour rire: on a traduit drunken Style pour « le Karaté saoul »!
Pour tous ses accomplissements, il manquait à Yuen Woo-Ping son film-somme, un long métrage poussant au paroxysme toutes ses obsession stylistiques, thématiques et même spirituelles. True legend est précisément ça. Il remonte aux sources des mythes fondateurs sans aucun soucis de crédibilité ou de cohésion narratives. Les scènes de combats parlent d’elles mêmes. Elles sont nombreuses, bruyantes, improbables et elles cognent dure, très dure. Ce sont des surhommes qui se battent ici, des super héros chinois capables de défier les lois de la physique et de faire du breakdance de combat. Le film nous raconte l’histoire de Beggar So, héros de guerre tragique qui sera happé par la folie et le démon de la bouteille. Créateur du drunken fist, cette forme de combat où les mouvements émulent l’état d’ébriété, on verra ce personnage au cinéma des dizaines de fois, particulièrement dans des comédies. Le véritable créateur du drunken fist, bien qu’il soit une forme de combat existante, est nul autre que Woo-Ping. Il est directement responsable des plus belles séquences de combat en état d’ébriété. True legend nous fourni enfin l’origine « complète » de ce touchant personnage, joué à plusieurs reprises par le maitre lui même.
Dès les premières minutes du film, on se croirait dans une adaptation de bédé américaine. Le film fonctionne est sensiblement une version asiatique de Thor: Beggar Su semble provenir d’un Valhalla chinois traversé de combat exagérément épique et à la limite du surnaturel, où il est le fils favoris. Dans ce rôle ,Man Cheuk Chiu donne la meilleur performance de sa carrière depuis The Blade.
DansTrue Legend, les hommes côtoient les dieux pour apprendre les secrets du combat. Le légendaire Gordon Liu reprend le rôle classique du vieux sage aux longs sourcils Pai mei et Jay Chou, le Kato de Green Hornet, est le dieu du WuShu. Le frère de Beggar su est le perfide Yuan Li, sorte de nécromancien possédant les secrets des styles de combat « venimeux ». Superbe vilain gavé jusqu’à la moelle de clichés, il porte des costumes mauves (comme tous bon vilains de comic-book), il a la peau livide et elle est greffée d’une armure.
Les geeks lui trouveront quelques ressemblances avec un des grands vilains du comic-book, Master Darque, le nécromancien qui sévissait jadis dans les pages de la compagnie Valiant.
Yuan Li est ostensiblement le Loki de cet univers: jaloux de son frère et cherchant à se venger de son père adoptif, l’assassin de son vrai père. Dans sa folie meurtrière, il possède quand même un sens tordu de la filiation, comme les meilleurs méchants du genre. Les ressemblances entre Thor et True Legend ne s’arrêtent pas là. Les deux films oscillent entre la fantaisie de comic book et la tragédie Shakespearienne: le jeu ampoulé des acteurs et leur prononciation modulée du mandarin s’en chargent. Les mythes scandinaves et chinois font assez bon ménage. Le film finlandais Jade Warrior présenté à Fantasia voilà trois ans avait tenté un mariage de fortune en transposant le mythe de la Kalevala dans un wuxia pian classique…et ça fonctionnait.
True legend est un fantasme mythologique pure, entre la tragédie et le mélodrame. Il n’est aucunement question de conférer quelconque crédibilité à l’histoire. Le canevas est vieux comme le monde: trahison du frère usurpant le pouvoir, exil et déchéance du héros, les scènes obligatoires d’entrainement et de découverte spirituelle de même que la vengeance finale.
Mais ça ne s’arrête pas là. Faisant preuve d’une audace peu commune dans le genre, Yuen Woo-ping ne nous permet pas de déterminer si l’histoire se passe à une multitude de niveaux dans la psyché d’alcoolique du personnage (il faut voir ses combats avec le dieu du Wushu sur les flancs d’une statue!) ou s’il est tombé d’un monde parallèle (à la manière de Thor, justement). Un inexplicable jump-cut de plusieurs décennies ajoute à la confusion, pour notre plus grand plaisir. Cepedant indice demeure: le plus grand combat que mène Beggar Su est contre lui même. Les art martiaux, plus que jamais chez le vieux maitre, sont des danses illustrant le combat intérieur. TRUE LEGEND est parfois larmoyant, déchirant et particulièrement loquace dans la démonstration des prouesses physiques …et c’est parfait ainsi. Tout est dit dans l’oxymore du titre .
13 assassins maintenant.
Enfin.
Enfin, un véritable chambara pour Takashi Miike. Un Miike tout en retenu (!) qui ne perd rien de la cruauté et l’humour qui font sa signature. Enfin. Un chambara qui se permet d’être presque chinois dans son verbiage martial. Enfin, un film de guerre asiatique qui m’a autant satisfait dans sa sauvagerie que Bang Rajan. Enfin, le jidaigeki que les maniaques attendaient depuis des lustres.
Qu’on se le disent. Dans la démonstration des arts martiaux, les Japonais n’ont rien à voir avec les Chinois. Économie de moyens, mouvements brefs et parfaits, tension à couper au Ginsu. Le samouraï est au haïku ce que le guerrier chinois est à la poésie épique. C’est le propre d’un vrai chambara: les combats ne sont jamais au centre de l’histoire. Ils sont d’incisives ponctuations. Admettons le: vous attendiez un film de samouraï où les combats ont une place prépondérante depuis longtemps non?
Jouons avec les chiffre: Il a beau être un remake du film Eiichi Kudo de 63 portant le même titre, 13 assassins est le versant sombre de 7 samourais et le frère d’arme de 47 ronins, auxquels il fait par ailleurs souvent référence. Même les chiffres des titres se miroitent; le lucky seven et les héros humanistes de Kurosawa en opposition au 13 de malheur des kamikazes assoiffés de justice de Miike. 13 assassins offre une variante du grand classique de Kurosawa en capitalisant volontiers sur des scènes de combat à l’énergie bien contemporaine. Il en devient en quelque sorte l’inversion. Mais il est aussi une relecture de 300 à la manière nipponne. Faites le calcul: 47 X 7 -13= presque 300. ha HA!
N’ayez crainte: ça fonctionne à merveille. Miike s’était déjà prêté à l’exercice, (de manière beaucoup plus expérimentale), en faisant IZO, une suite informelle et Jodorowskienne du classique d’Hideo Gosha TENSHU (cliquer ici pour écouter notre émission sur à ce sujet) Si 7 samourais se passait à l’apogée d’une période de guerre, 13 assassins se déroule à la toute fin de leur règne, en temps de paix. Les 7 samouraïs protègent un village d’une attaque de brigands. Les 13 assassins doivent débarrasser le japon de son plus dangereux tyran. Dans le rôle duleader du groupe, Koji Yakusho, en voie de devenir le comédien japonais le plus important de sa génération, continue de devenir l’héritier spirituel de Takashi Shimura (faut le voir lui rendre hommage dans le magnifique Dora heita). S’il est le même personnage, il est cependant une sombre inquiétante de Shimada, satisfait de pouvoir enfin mourir au combat.
La réponse à Kyuzo, le bretteur virtuose au visage stoïque est Hirayama Kujūro. Deux personnages inoubliables interprétés par deux comédiens (et escrimeur) de grand talent, tout en finesse, en élégance et en furie guerrière.
Dans le rôle du rônin joueur et désabusé, le surprenant Takayuki yamada (qui jouait les trois personnages principaux de Milocrorze: a love story) devient la conscience du groupe. On a aussi droit au jeune guerrier voulant se tester au combat, au samouraï bedonnant et jovial et à l’assistant général qui reprend du service. Il fallait forcément que le personnage de Kikuchiyo, le fermier courageux et opiniâtre avec une très grosse épée (et comedy relief), campé avec brio par Toshiro Mifune, ait un remplacement à sa mesure.
C’est chose faite avec Kiha Koyata, interprété par Yūsuke Iseya.
Personnage typiquement Miikéen, Kiha est à la fois un comedy relief et le personnage insaisissable. Hommage évident à l’animalité de Mifunedans le film de Kurosawa, Kiha n’est pas un samouraï; c’est un homme des bois, un chasseur habile qui a lui aussi un tempérament opiniâtre et une…très grosse épée. Il y a fort à parier que Kiha ne soit pas un être humain: pour ma part, je me plais à croire qu’il est un Tanuki, un esprit animal de la forêt qui a pris forme humaine (les ratons laveurs avec des grosses bittes dans le Pompoko de Miyazaki, pour les non-initiés) Miike est passé maitre dans l’art d’inventer des personnages qui sont des experts de la cruauté. Il a probablement inventé son plus beau monstre en la personne du sadique souverain Matsudaira Naritsugu . Un enfant de pute comme on en fait plus. Si le vilain de True Legend est admirablement suranné, celui de 13 assassins à des psychopathologies Ô combien modernes.
Déviant et obsédé par la mort, le souverain n’a pas son pareil pour infliger la souffrance. Il est sans aucune morale, complètement insensible et il est au centre des scènes les plus Miikéennes du film (une d’elle est particulièrement éprouvante et inoubliable). Vous allez vraiment vouloir voir le salopard souffrir.
Presque parfait dans son exécution, 13 assassins culmine sur une scène de combat final exemplaire en tout point. Longue de presque 30 minutes, elle aurait fait bander Sun Tzu comme un cheval. Dans un village transformé en machine de guerre, nos treize assassins deviennent des vikings doublés des salopards de Western spaghettis. C’est la fin de Sword of doom d’Okamoto multiplié par 20. Miike continue de prouver qu’il est une magnifique tache de sang et de merde en forme de papillon sur la face du soleil levant. Il nous enfin donné le chambara qu’on attendait de lui.
The Whisperer in Darkness est plus qu’une simple transposition au grand écran de la nouvelle du romancier d’horreur H.P. Lovecraft. C’est un effort conscient d’adapter le plus fidèlement possible l’oeuvre originale en ayant recours à des techniques cinématographiques pastichés des longs-métrages des années 40.
C’est un récit classique fait avec un amour évident pour l’univers imaginé par le célèbre auteur du début du vingtième siècle. H.P. Lovecraft est l’un de ces écrivains dont on dit les oeuvres inadaptables. Sans vouloir ici rajouter de l’huile sur le feu entourant le débat des adaptations de livres au cinéma, les oeuvres de Lovecraft se révèlent les plus efficaces lorsqu’elles se basent sur ce qui a fait le succès des ouvrages, l’innommable, l’horreur qu’on ne peut littéralement pas être décrite et qui envahit complètement l’âme des hommes. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant que les protagonistes des histoires de Lovecraft rencontrent pratiquement tous la même fin, la folie plutôt qu’une mort définitive. Mais alors, comment adapter cette dimension au grand écran? Est-ce possible? Je suggère que devant l’impossibilité de pouvoir transposer cette essence horrifique vers le film, le réalisateur Sean Branney a vraisemblablement choisi d’emprunter une esthétique visuelle typée afin de rester, malgré tout, le plus proche de la nouvelle de The Whisperer in Darkness. Une adaptation directe n’aurait probablement pas été aussi efficace et ne serait pas parvenue à effrayer le public. On s’entend, les créatures qui peuplent les livres de H.P. Lovecraft traversent l’espace rempli de gaz grâce à des ailes. Pourquoi alors ne pas assumer complètement ce côté daté?
Est-ce que je me suis trop éloigné du sujet qui nous concerne? Pas complètement, puisque c’est l’une des critiques que j’ai entendues le plus à la sortie du film. Pourquoi ce style? Pour ma part, je crois qu’il est à propos et s’inscrit dans une suite logique de choix esthétiques qui font le charme de l’oeuvre.
Des polices de caractères en passant par l’utilisation de vieux effets spéciaux, d’une trame sonore d’époque et des maquettes, le réalisateur emploi toutes les ressources à sa disposition afin de plonger le spectateur dans un récit se déroulant dans première partie du vingtième siècle. Malgré quelque moment où la qualité de la production aurait pu être peaufinée, spécialement certaines scènes en noir et blanc ou lorsque l’on utilise des photographies modifiées, Sean Branney parvient à nous convaincre. Le rythme du film est lent et nous sommes beaucoup plus rapides que le personnage principal à comprendre l’énigme et ce qui se trame. Cet aspect aurait pu en déplaire à plus d’un, mais encore une fois, je dois admettre qui m’a plu. L’objectif n’était pas de dérouter ou surprendre le spectateur, mais bien l’amener en voyage afin qu’il découvre l’univers de Lovecraft.
Même s’il ne vous procura pas de frissons d’épouvante, le film est plongé dans une ambiance fantastique et surnaturelle qui rappelle les vieux feuilletons de télévision tels que The Twilight Zone et The Outer Limits. Sans faire dans la simplicité exagérer, la mise en scène est sobre et se déroule toujours entourée de décors dénudés, stéréotypés, mais efficaces.
Il faut aussi souligner la performance de l’acteur Matt Foyer qui se retrouve à porter seul une bonne partie du film sur ses épaules. En tant qu’interprète principal, Foyer devient notre guide au travers de cet univers ténébreux. Ses expressions, son état d’angoisse est palpable, un jeu parfaitement adapté pour le ton de l’oeuvre.
Parfois malgré lui comique, The Whisperer in Darkness a su gérer des rires de la part du public de Fantasia, souvent provoqué par des dialogues, ou les réactions rigolotes des personnages qui sortent hors de l’ordinaire pour notre époque.
N’en déplaise à ses détracteurs, The Whisperer in Darkness, est un film qui a du coeur qui a été créé par des artisans qui arrivent à nous faire ressentir, l’amour et l’émerveillement qu’ils entretiennent pour l’oeuvre de H.P. Lovecraft.
On peut toujours compter sur Fantasia pour nous offrir année après année des films de kung-fu dans la pure tradition chinoise. Une édition de Fantasia sans des longs-métrages d’arts martiaux, c’est comme si on mangeait des biscuits sans boire un bon verre de lait. On pourrait en profiter tout autant, mais c’est évident qu’il manquerait quelque chose.
Heureusement, les amateurs du genre ont eu leur dose lors de la diffusion de True Legend, un film racontant les périples d’un maître qui, à la suite de plusieurs tragédies qui sont survenues dans sa vie, a inventé un style de combat dont la pratique se fait sous l’influence massive d’alcool. True Legend est avant tout une histoire d’honneur, de famille et de résilience réalisée par Yuen Woo-Ping, un ancien chorégraphe de combats pour les films THE MATRIX et CROUCHING TIGER, HIDDEN DRAGON. C’est une oeuvre colorée, excentrique, parfois maladroite, mais hautement divertissante aux personnages sortis tout droit des légendes asiatiques et influencés par les héros et vilains des Comic Book américains.
Su Can (Man Cheuk Chiu) est un maître du Kung-fu au service de l’Empire de Chine. Après plusieurs années de services militaires, Su quitte l’armée afin de retrouver sa femme et fonder finalement une famille. Il laissera derrière son beau-frère et compagnon d’armes Yuan Ying (Xun Zhou), un homme au tempérament jaloux qui a toujours vécu dans l’ombre du célèbre général de guerre. Cinq ans après son retrait de l’armée, Su Can est sur le point d’ouvrir une école d’art martial, sa femme Yu et lui vivent heureux avec leur jeune garçon. Ce parfait bonheur prendra subitement fin lorsque Yuan, maintenant un puissant gouverneur, vient obtenir sa vengeance sur Su Can en prétextant récupérer la famille que celui-ci lui aurait « volée ». En fessant appel à des forces surnaturelles et une armure cousue à même sa peau, Yuan Ying vaincra Su. La jeune famille se retrouvera séparé et il en reviendra à Su Can de l’unifier à nouveau.
Tapissé d’action de la séquence d’ouverture à la dernière, True Legend ne nous offre pas beaucoup de temps de répit pour respirer. Une scène de combat et pratiquement suivie d’une autre, sauf pour quelques occasions où le film prend un moment pour instaurer un peu d’histoire. C’est dans ces séquences qu’on en apprend davantage sur les personnages, ce qui les motive, leurs rêves et surtout ce qui les unit les uns aux autres. Ces moments d’accalmie sont les bienvenues et ne sont jamais trop longs à nous en faire « taper du pied ». Juste assez d’informations sont transmises afin que l’on puisse se soucier de nos personnages principaux qui sinon progressent principalement dans un film bourré de combats. Ceux-ci sont par ailleurs extrêmement bien chorégraphie et nous tiennent en haleine. Le recours du ralenti et à des procédés d’images de synthèse aide à amener un caractère fantastique et surhumain à l’oeuvre. Chaque combattant possède son propre style de combat surdimensionné et c’est véritable plaisir de les voir s’affronter sur grand écran. Ce caractère d’excentricité et de grandeur est présent dans tous les aspects du film, des effets spéciaux à la performance des acteurs qui font par moment dans le grand-guignolesque.
La dimension tragique de l’oeuvre est l’élément principal qui propulse l’histoire. Su Can, autrefois un grand héros de guerre, tombe de plus en plus dans la dépression et l’alcoolisme, ce qui lui fera fleureter avec la folie. Chaque jour, il croira s’entrainer avec rien de moins que le Dieu du Kung-fu, il reviendra de ces journées épuisées et arborant des blessures sur la quasi-totalité de son corps. Des blessures qui, selon sa femme, il s’afflige à lui-même. Qu’ils soient les manifestations d’un esprit malade ou celles d’une véritable transcendance, ces segments d’entrainement sont primordiaux pour Su Can afin qu’il perfectionne sa maîtrise du combat corps à corps et rétablisse son estime de soi. On le verra repousser ses limites pour être une fois de plus bascule dans la défaite. Sa résilience s’effritera au fur et à mesure que son alcoolisme prendra le dessus. C’est également dans ces moments que les spectateurs se sentiront le plus liés à leur héros pour qui on finit par souhaiter qu’un moment de bonheur et de repos bien mérité.
Sans réinventé le genre, True Legend saisit les occasions de s’éloigner du combat pour instauré des éléments tragiques qui de concert avec le reste du film en font un récit aussi sombre, loufoque qu’amusant.
Le western-spaghetti savait qu’il allait mourir. Il s’y préparait déjà depuis quelque temps. Pistolet rayé en main, de plus en plus recouvert de poussière, il est allé crever dans des décors de plus en plus en plus délabrés, évocation de l’agonie du genre. Dans Keoma de Castellari, c’est dans les magnifiques yeux bleus de Franco Nero qu’on pouvait percevoir la mélancolie de l’inévitable décès. Un dernier magnifique râle.
Juste avant l’ultime souffle, un autre regard bleu, rieur celui là, avait décidé de s’en moquer. Mario Girotti. Terrence Hill. Son nom était Personne. À l’époque, il semblait étrange que le maestro Sergio Leone prête sa voix tonitruante à la comédie Mon nom est Personne. Aujourd’hui, on sait que c’était assurément le champ du cygne dont le genre avait besoin.
Dans ce film, Personne est l’incarnation même du Western-spag, donnant un second souffle au western classique, incarné par Henry Fonda. Il sait cependant que sa fin à lui aussi est proche.Il s’appelle Personne parce qu’il est un bâtard, un fils illégitime et abandonné. Personne ne pouvait sauver le western-spag, mais il pouvait tout au plus lui donner ses dernières lettres de noblesses et sa part de latin. Avec un grand sourire.
Quand le séminal Fistfull of dollars de Sergio Leone sorti en 1964, c’était évident pour tous qu’il était un transposition de fortune du Yojimbo de Kurosawa. Probablement pour cette raison, l’autre géniteur du genre fut laissé de coté assez rapidement. A fistfull of dollars, c’est aussi et surtout l’Arlequin, serviteur de deux maitres de Goldoni. L’ombre grimaçante de la Commedia d’ellarte était penchée depuis quelques temps sur le Western Spag. Plus que tout autre, c’est Terence Hill qui aura été son Arlequin; joueur de tour, acrobate ,arnaqueur, séducteur, faussement niais et au cœur de la lutte des classes.
C’était un privilège de voir Un génie, deux associés, une cloche dans les conditions offertes par Fantasia hier.
Elles permettaient d’appréhender pleinement sa richesse. Traversé d’une quantité de teintes jaunâtres, parfois volontaires et parfois fruit de la patine du temps, la poussière semblait dorée et la lumière encore plus…ce qui renchérissait l’impression de voir une histoire provenant d’un monde mythique et fantasmé.
Terence Hill y reprend son archétype de Personne. Cette fois, il est Joe Merci, un peu comme Yojimbo deviendra Sanjuro. C’est le même personnage. Notez son nom, il est important: C’est un remerciement (au genre?) mais cette aussi le mot « mercy » (pitié). Joe n’est pas un tueur. C’est un Trickster, un joueur de tour.
Sa fonction d’Arlequin confère à Joe une conscience métatextuelle des codes du récit (Arlequin s’adresse souvent à la foule dans la comeddia dell’arte). Il porte le costume doré de circonstance (littéralement couvert d’or!) que doit porter tout bon Arlequin. Il va même jusqu’à dire à un vieil indien de quitter à gauche de l’écran parce qu’il représente le passé! Il n’a pas besoin de tirer de son pistolet et quand il le fait, les lois de la physique lui obéissent: Joe Merci a un compère et c’est le réalisateur. Merci connait tellement bien les mécanismes de son monde qu’il est capable d’élaborer les arnaques les plus complexes et de retourner toutes les situations à son avantage. Après tout, il est l’incarnation d’un genre qui trotte vers ses derniers milles. Il en a vu d’autre et il sait qu’il ne peut pas perdre. Il n’a donc pas besoin de tuer. Il porte une petite sonnerie à son cou pour se rappeler les différentes étapes à suivre de son plan étourdissant de complexité, huilé au quart de tour.
Attendez…il porte une sonnerie à son cou? C’est lui la cloche du titre?Mais qui donc est le génie et qui sont les deux associés? Est-il possible que nos héros occupent tour à tour chacune de ses fonctions?
Si. Le titre est un indice. Ça les aminches, on appelle ça une ARLEQUINADE.
Une arlequinade, c’est une trinité de personnages en interaction étroite avec deux antagonistes. Arlequin, Pierrot et Colombine forment la base. Pantalon et le Clown sont les menaces extérieures (rappelons que Terence Hill continuera à jouer plus tard dans des arlequinades et que son personnage prendra le nom de…Trinity!).
-Arlequin=Terence Hill, Joe Merci -Pierrot (le lunaire, le distrait, celui qui se fait exploiter par Arlequin)= Robert Charlebois dans le rôle de Locomotive Bill -Colombine,(naïve, pure et amoureuse des deux) = Miou miou dans le rôle de Lucie -Pantalon (le fourbe, l’avare, la cruel, l’alcoolique)= Patrick Mcgoohan en Major Cabot -Le clown=Piero Vida dans le rôle de Jacky Jolly Roll.
Il est absolument accessoire de comprendre qui manipule qui. Il ne sert à rien de résumer cette histoire. Il est question d’un trio qui veut arnaquer le Major Cabot de 300 000$ et c’est tout ce que vous avez besoin de savoir. C’est une Arlequinade (forcément méta fictionnelle par moment) qui sert à annoncer que le rideau de cette commedia d’ellarte que fut le western spag va bientôt être tiré à jamais. Les italiens vont fermer le grand Théâtre d’Almeria. Le temps de quelques coups de feu, le théâtre populaire et le cinéma de genre se sont rejoint.
Tout le splastick du monde, tous les gags et les scènes d’actions ne pouvaient étouffer l’oraison joyeuse et assumée qu’est Un génie… beaucoup plus profond qu’il ne veut bien le laisser paraitre, à l’instar du personnage de Joe Merci (Merci pour la ride. Mercy for me!)
Je ne passerai pas sous silence la généreuse présence hier de notre héros national du rock à la fin du visionnement. Tour en tour la cloche, le génie et l’associé, surprenant de désinvolture, Charlebois campe son personnage de métis récalcitrant, locomotive Bill, avec une énergie de…well, de rock star. C’est aussi un plaisir d’entendre son doublage en français « normatif » s’écrouler en roulements de R, typique de notre joual galopant. Leone lui aura d’ailleurs demander de se restreindre à ce niveau là; Charlebois sonnait bien trop comme un nègre (pas quelque chose qu’on entend à tous les jours hein?) Ironiquement, avec son teint exagérément rouge et ses cheveux frisés, il était probablement difficile pour les italiens de se figurer d’où il venait.
Émouvant moment où notre histoire rejoignait celle d’un genre ne nous appartenant pas. Charlebois ne fut pas laconique avec ses anecdotes.
On apprend que Damiani et Leone ne s’entendait pas particulièrement bien, Leone étant un anarchiste de droite et Damiani un un communiste obsédé par le thème de la lutte des classes. En tant que producteur, il réalisa quand même la scène d’ouverture, inspirée de ses propres films, comme s’il passait le témoin à Damiani au sein de son propre film. Étaient-ils les deux associés du titre, à leur insu? Forcément, parce que le véritable génie, c’est Ernesto Gastaldi, scénariste du film (et donc du titre). Morricone serait donc la cloche. On ne dira jamais assez à quel point le grand génie du western spag est autant Gastaldi que Leone. La métatextualité de cette Arlequinage est si vertigineuse qu’elle va jusqu’à la conception du film.
Nous apprendrons également que Leone avait initialement approché Charlebois après avoir vu une de ses performances à Cannes. Il voulait lui faire jouer un assassin dans un film qui se serait intitulé What’s up with you Humpty Dumpty? Charlebois refusera et se fera contacter plus tard pour jouer dans le film de Damiani. Il passera l’essentiel du tournage chaud comme une botte et gelé comme une balle. On sait maintenant que Leone voulait faire Les Valseuses version western, d’où la présence de Miou Miou (et d’un canadien français qui peut parler anglais pour remplacer Depardieu?)
Charlebois prendra quelques cuites avec Mcgoohan avec lequel il s’entendait très bien (étant le seul à parler l’anglais sur le plateau) qui, en bon irlandais, » déjeunait au gin tonic le matin ». Il jouera quelques jours sur le piano de Debussy, jammera chez Morricone et ne se pointera pas pendant une journée de tournage pour cause de gueule de bois, prétextant un congé de Pâque. Ce qui mettra Leone en beau joual vert (J’ai réussi à ploguer cette phrase! Je peux quitter…)
C’est un magnifique cadeau que nous a fait Robert Charlebois et les gens de Fantasia. Les Mystérieux étonnants vous en remercie du fond du cœur.
Il n’y a pas si longtemps que ça, nous vous avions concocté ici même une émission pas piquée des vers sur la vénérable tradition des horror show hosts, ces individus qui bonimentent des vieux films d’horreur à la télé (cliquer ici pour l’écouter: Notre émission du 27 octobre:Les Horror Show Hosts, une tradition américaine).
Nous y faisions l’évidente constatation que le monde de la lutte contemporaine doit beaucoup à ces individus. Avec ses managers sinistres et caquetants, ses lutteurs souvent monstrueux et ses costumes flamboyant, la lutte a autant (sinon plus) à voir avec le théâtre athlétique que le sport. Le ring restera à jamais un espace mythologique où sont mises en scène des confrontations légendaires, où sont susurrés les échos séculaires des batailles de Gilgamesh et Hercules. Y’a du monde bien plus intelligents que moi qui échafaudent des théories sur le sujet dans les internets, vous pouvez me croire. Marc Cassivi entre autre.
Il fallait bien qu’un jour, quelqu’un prenne l’idée au pied de la lettre.
Fantasme absolu de geek,Monster Brawl est con et beau comme la lune, cette magnifique lune de carton deux fois trop grosse que l’on voit dans les films de la Universal. Il offre une généreuse dose de ces fantaisies masturbatoires qui traversent les conversations de geeks: qui gagneraient le combat entre Tarzan et Mowgli, entre King Kong et le Stay Puft marshmallow man, Inspecteur Gadget et Robocop, le Blob et Barbapapa? Vous savez, on trouve même un jeu de combat amateur, Terrordrome, où l’on peut mener des batailles à mort avec les grands slashers du cinéma! Oui oui!
Pour moi, de même qu’une généreuse quantité de mes semblables, ses conversations peuvent prendre des proportions épiques. C’est hautement constructif! Logique que les monstres classiques de la Universal fassent souvent partis de nos élucubration hypothétiques.
D’accord, ces créatures se sont déjà affrontées mais goddamnit elles ne se sont jamais vraiment cognées dessus à grands coups de savates et ça, tout le monde veut le voir non?
En ce sens, Il est indéniable que le réalisateur canadien Jessy T. Cook est un philosophe geek de la plus haute distinction.
Un ring au centre d’un cimetière maudit avec des vieilles pierres tombales et un lugubre gardien…la totale. Deux commentateurs de lutte, un blasé (David Foley, au sommet de sa forme) l’autre hystérique (Art Hindle, magnifique). Jimmy Hart et son fidèle mégaphone, pour ajouter un monstre classique de plus. Les grandes créatures de la Universal et quelques unes plus modernes (un zombie et un monstre des marais) vont s’affronter. Comment et pourquoi se retrouveront-ils sur le ring ensemble? On s’en contrefout. Mais attention! Monster Brawl n’est pas un film. C’est un gala de lutte. C’est même la répétition sentencieuse de sa structure formatée qui le rend hilarant et qui le rendra absolument insupportable pour certain.
Vous aurez droit aux statistiques complètes des monstres, à leur origine et leurs attaques de prédilections. Des commentaires animés et hilarants pendant les combats, des cartes de présentations, les monstres qui se font des speachs de confrontation, des combats éliminatoires, des logos et des managers. Il a même deux divisions: Monsters and Undead. Si la sorcière a plus d’un tour dans son sac, le monstre des marais est toxique. Le loup-garou est plus puissant les soirs de pleine lune et la momie peut t’étrangler avec ses bandelettes. Je mouille mes culottes de bonheur. Oh regardez! Le loup Garou hurle à la lune de la troisième corde! Le cyclope tire des rayons avec son œil!! J’ai envie de pleurer.
Monster Brawl est à la fois aussi cheap qu’un film d’Al Adamson et un gala de lutte de sous-sol d’église. Les designs des monstres, kitsch à souhait, sont particulièrement réussis (Frankenstein et le Loup-garou sont magnifiques, les interprètes ne donnent pas leur place non plus). Si les combats manquent parfois quelque peu de dynamisme et (ahum) de technique, c’est tout ce qui empêche Monster Brawl de devenir un film hautement culte. Le temps de quelques confrontations, l’esprit des horror show host vient valser avec celui des managers de lutte dans un décors en gyproc. Vous ne voulez pas manquez ça. À ce titre, je suggère aux curieux d’aller lire ici même la critique élogieuse de Marc Cassivi qui corrobore mes opinions sur le génie irrévérencieux de ce film. C’est un rendez-vous! Si Satan le veux!
Il y a des juxtapositions qui font sourire et qui font froid dans le dos en même temps. À la première Fantasienne de The Divide, le public était particulièrement survolté. Au tiers constitué d’un groupe qui semblait justement sortir d’un film post-apocalyptique, leurs réactions étaient pour le moins surprenantes, légèrement plus que de coutume à Fantasia. Cet atavisme donnait chaud au cœur : des cris, des commentaires d’une violence surprenante (Pour ma part, kill that bitch! et Suck it Faggot! sont en tête de liste) et une ovation debout pour Michael Biehn (vraiment?).
Le réalisateur Xavier Gens devait être aux anges. D’entrée de jeu, le public était presque une extension naturelle de son film: bavard et tapageur.
The Divide est un huis clos post-apocalyptique comme vous en avez vu plusieurs. L’idée n’est de renouveler une recette moult fois éprouvée mais d’insuffler une vie nouvelle au sous-genre à grand coup de stéroïdes(comme les personnages qui nous rappellent que les radiations et la faim, ce n’est pas une raison pour perdre ses biceps).
1-Une attaque nucléaire qu’il n’est pas nécessaire de montrer ou d’expliquer.
2-Une bande bigarrée qui se réfugie et se barricade dans le sous-sol de leur immeuble. La mère de famille fragile, les baveux de service, la jeune femme silencieuse, le noir qui en vu d’autre et le pleutre habituel. Le concierge, maître des lieux, un homme au lourd passé avec un sens aiguë de la paranoïa qui sait de quoi il en retourne.
3-Montrer « graduellement » le niveau de dégénérescence physique et psychologique de notre bande de chouettes copains, jusqu’à les faire sombrer dans l’inévitable sauvagerie.
En tentant de renouveler tout ca, Xavier Gens fait des choix particulièrement consternants.
Il parvient à faire oublier au spectateur l’étroitesse des lieux: le sous-soul de l’immeuble est filmé avec une énergie digne d’un Panic Room (la caméra n’en fini plus de passer par des tuyaux et les trous de serrure).
Exit: la claustrophobie. On se croirait parfois dans une relecture de Frontière(s) avec les tics de réalisation de Hitman. L’esthétique de jeu vidéo bien perceptible.
Ensuite, Gens choisi de couvrir le tout d’une trame sonore extrêmement tapageuse qui ne laisse pas deux secondes de répit ni aux spectateurs ni même à ses personnages :effets de violons, orchestrations « déchirantes ». On s’attend d’une minute à l’autre à voir un visage pleurer avec Mad World de Gary Jules qui joue à fond. Les personnages passent par ailleurs une bonne partie de leur temps à hurler et s’insulter. Il n’est pas vraiment question ici de montrer une tension psychologique crédible. On veut transformer au plus vite nos personnages en menace
Exit: le silence et la tension. Impossible dans ce contexte d’être affecté par la dégradation mentale des personnages. Heureusement, leur grotesque transformation physique (cheveux qui tombent et yeux cernés) est là pour nous indiquer leur niveau de dégénérescence empirique. La direction d’acteur encourage donc à fond le cabotinage. À ce niveau, le jeu survolté de Milo Ventimiglia, protéiné et homoérotique, est plutôt réjouissant. Le personnage grand guignolesque campé par Michael Eklund est hilarant et inquiétant à la fois. Il lui seul, il finit par sceller notre manque d’implication émotive.
Que nous reste-t-il devant ce large huis clos gavé de musique où les personnage deviennent des déchets vivants entre deux postillons? Eh bien, il nous reste « le plaisir » de les voir se détruire jusqu’au dernier. Il a beau être racoleur, The Divide assume au moins son coté nihiliste-chic.Dans notre manque absolu d’attachement pour cette brochette de personnages tour à tour clichés et irritants, on veut forcément les voir se faire torturer et s’entretuer, question d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Difficile dans ces circonstances de reprocher aux macaques à côté de toi de glousser des que quelqu’un se fait trancher la gorge ou arracher un ongle. Après tout, il ferait probablement de même.
C’est à ce moment que le huis clos, pour mon plus grand plaisir et mon dégout, est devenu la salle de cinéma.
Detention réalisé par Joseph Kahn est la réponse du réalisateur à ce qu’il qualifie des films prévisibles provenant tout droit d’Hollywood. C’est avant un tout un long-métrage inclassable qui emprunte à divers genres cinématographiques tels que le « Slasher » et les films de John Hughes en y incorporant du voyage temporel et des éléments graphiques à la Scott Pilgrim. Il s’agit d’une oeuvre qui va à cent milles à l’heure aux personnages attachants et à l’histoire complètement éclatée.
Riley (Shanley Caswell) est la seule jeune adolescente engagée et végétarienne de son l’école secondaire. C’est également quelqu’un de très maladroit qui n’a pas la cote de popularité auprès de ses camarades de classe. Alors que la fin de l’année scolaire approche à grands pas, elle devient la proie d’un tueur en série qui a emprunté l’identité de Cinderella, un personnage de film d’honneur dont le deuxième opus cinématographique vient tout juste de sortir en salle. En plus de cette menace qui pèse constamment sur ses épaules, l’une de ses meilleures amies vient de mettre le grappin sur Clapton Davis, le garçon le plus cool du collège pour qui Riley a un faible.
Sans vous perdre, et me perdre par la même occasion, c’est ici que j’arrête mon résumé de Detention. Car si à priori la prémisse du film est simple, elle se complexifie de manière exponentielle ou fur et à mesure que celui-ci progresse. Tandis que le tueur risque d’apparaitre à tout moment, les élèves de l’école se font terrasser par Cinderellla qui tue sans discrimination. Ces séquences, qui par ailleurs sont très efficaces, contrastent avec le reste du récit qui demeure sinon coloré, rempli d’une énergie positive et contagieuse. Les images infographiques viennent appuyer le long-métrage en rajoutant des informations supplémentaires sur les personnages ou les situations, une technique efficace et qui aurait pu basculer facilement dans l’inutilité à en devenir agaçante.
Les références à la pop culture d’aujourd’hui et des derniers 15 ans font légions et sont davantage destiné à un public composé de jeunes adultes. Celles-ci défilent à une vive allure et il faut être attentif pour ne pas en manquer une. C’est d’ailleurs au milieu de ce flux continu de gages et de clins d’oeil que des informations vitales au déroulement de l’histoire nous sont transmises, ce qui rend de Detention difficile à suivre, surtout quand le film s’emballe en deuxième partie et que les notions de voyages temporels sont mises de l’avant. Malgré le caractère excentrique du film, les différents genres se marient bien afin de composer une oeuvre homogène et plausible que l’on questionne qu’à de rares reprises. La distribution composée d’interprètes peu connut son juste et leur jeu vraisemblable, une tâche qui était certainement difficile si l’on considère la dimension déroutante du scénario.
Malgré quelques difficultés au niveau de la continuité, on sort de notre visionnement avec le sentiment qu’on a assisté à quelque chose de nouveau qui à su tiré des films culte des dernières années afin d’en ressortir un cocktail très sucré et dense, mais pas moins pour autant rafraichissant.
Klovn un film danois du réalisateur Mikkel Nørgaard est la suite d’une populaire émission de télévision au caractère humoristique qui a remporté un grand succès auprès du public et qui fut diffusée le temps de 6 saisons au Danemark.
La bonne nouvelle c’est que vous n’avez pas besoin d’avoir vu la télésérie pour vous initier à l’univers de Frank Hvam et Casper Christensen, les deux protagonistes principaux de l’histoire autour desquels se générera une multitude de situations aussi hilarantes que malfaisantes.
Frank vient de découvrir que sa conjointe est enceinte, un évènement qui viendra chambouler la vie de cet «adulescent» qui parvient à peine à s’occuper de lui-même. Pour prouver à sa copine qu’il a l’étoffe d’un bon père, il amènera lors d’une excursion de canot Bo, un jeune garçon de 13 ans dont le couple à la garde durant quelque temps. Cette situation ne fera pas du tout plaisir à son ami Casper qui utilise chaque année ce voyage comme prétexte afin de s’éloigner de sa femme et pour littéralement coucher avec tout ce qui bouge.
La comédie est citée par moment comme un sous-genre auquel il ne faut pas porter un grand intérêt. Comme si rire ne pouvait pas être justifiable le temps d’un film. Il faut dire que le genre a souvent surutilisé les mêmes recettes et qu’il est difficile de dénicher une comédie qui ose se lancer dans de nouveaux sentiers. Ce n’est heureusement pas le cas de Klovn qui sait surprendre en allant s’abreuver dans un type d’humour excessivement mordant et cynique que l’on voit que rarement ici et qui ferait certainement un tollé.
Aucune thématique n’est tabou, que ce soit l’homosexualité refoulée de Casper aux blagues dirigées vers le pénis du jeune Bo, tout est permis. Sans toutefois tomber dans la grossièreté et la gratuité, l’oeuvre traite surtout de sexualité et de perversions diverses en nous projetant dans des situations impossibles pour lesquelles Frank et Casper sont passés maîtres dans l’art d’empirer. L’une des plus marquantes est sans aucun doute celle où Frank, voulant bien agir, offre un « collier de perles » à sa femme endormie et emmitouflée dans les couvertures. Celle-ci se révèle à être sa belle-mère, atteinte à l’oeil par le sperme de son gendre, elle devra porter un cache-oeil pour le reste du film. Nous sommes loin de la comédie québécoise gentille. On se doute bien qu’un humour particulièrement danois vient imprégner l’oeuvre qui traite par moment et sans retenue des sujets comme la pédophilie.
Klovn demeure un film qui ne fait pas dans l’humour de bas étage. Il ne faudrait pas croire en lisant ce compte rendu qu’il s’équivaille aux comédies hollywoodiennes où la simple mention de la sexualité ou celle d’un organe génital a pour but de déclencher le rire. Si le scénario peut-être démesuré et extrêmement comique, ces scènes sont entre coupées de longues séquences où c’est davantage le côté humain de personnages et le malaise qu’ils dégagent qui sont mis de l’avant. En effet, récit est sinon plutôt «calme» et tombe qu’à de très rares reprises dans l’humour outrageux ce qui rend encore plus les scènes comiques est efficaces, puisqu’elles viennent nous prendre totalement par surprise. Cette dimension est enchéri lorsque l’on nous présente sans crier gare des parties de l’homme dans sa nudité la plus complète.
Malgré leurs faiblesses et leur comportement discutable, on demeure attaché aux personnages. Le lien qui se développe entre Frank et Bo est crédible et peut même s’avérer à être touchant.
L’esthétique de l’oeuvre qui n’est pas sans rappeler les téléséries américaines The Office ou Curb Your Enthusiasm était le choix visuel parfait pour nous raconter cette histoire de déchéance profondément humaine. Une comédie qui vous hantera plusieurs heures après votre visionnement… peut-on vraiment dire ça souvent?