Cette semaine, Gautier nous parle de « Path of Exile ll », du documentaire houleux « Cocaine Shark » et de la bande-annonce de la deuxième saison de « Loki ». Laurent nous livre son appréciation du film « River » de Junta Yamaguchi et de la cinématographie de Juraj Herz, tous deux découverts dans le cadre de la programmation du festival Fantasia. Le manga « Kaiju Girl Caramelise » et l’animé « Lazarus » Shinichiro Watanabe font aussi de ses nouvelles. De son côté, Benoit revient sur les annonces concernant le retour d’Alf, la minisérie à paraitre « Godzilla vs Kong vs Justice League », la télésérie de « Lando » et de l’épisode « Crossover » entre « Star Trek: Strange New Worlds » et « Star Trek: Lower Decks ».
En dernière partie d’émission, nous discutons de « Friday, Book Two: On A Cold Winter’s Night » d’Ed Brubaker et Marcos Martin.
Cette semaine, Simon nous parle des sorties Blu-ray et des nouveaux membres qui forment l’équipe des « X-Men » suite aux évènements du « Hell Fire Gala ». Jeik suggère les films « Hard Boiled », « One Cut of the Dead » et nous invite à l’édition 2022 de « Les Festi-Joutes »qui aura lieu à la Factrie de Valleyfield. Benoit a essayé pour nous le démo de « Papier Julien » de « Studio Cornet » et nous donne son appréciation du film « The Black Phone » du réalisateur Scott Derrickson basé sur une nouvelle de Joe Hill.
En dernière partie d’émission, nous discutons de la 4e saison de « Stranger Things ».
Depuis 16 ans, les Mystérieux étonnants c’est votre balado (podcast) québécois dédié à la culture populaire.
Cette semaine, nous recevons Nicholas Archambault, co-directeur de la section asiatique au festival Fantasia. Jeik nous raconte son passage au Comiccon de Montréal où il a fait la rencontre des scénaristes Scott Lobdell et Peter David. Simon passe au travers de ses lectures qui l’ont mené à l’événement « Mutant Massacre » des « X-Men ». Laurent nous parle « Royal Mania » un événement culturel combinera lutte et théâtre, du film « Godzilla vs. Kong 2 », et de la nouvelle maison de production « Duffer brothers », « Upside Down Productions ». Benoit revient sur le décès de l’éditeur Pat McCallum, co-fondateur de « Wizard », la fondation de la maison d’édition « Zombie Love Studios » et le réalisateur de « Captain America 4 ».
En dernière partie d’émission, nous discutons de « RRR », un film indien de S.S. Rajamouli complètement déjanté mettant en vedette N.T. Rama Rao Jr. et Ram Charan.
Depuis 16 ans, les Mystérieux étonnants c’est votre balado (podcast) québécois dédié à la culture populaire.
Cette semaine, nous recevons le directeur de la section animation du festival Fantasia, Rupert Bottenbert. Simon nous suggère des films post-apo et autres longs métrages aux titres changeants, Jeik revient sur la nouvelle bande-annonce de « Turbo Kid: The Game » à laquelle il a participé en plus de recommander la BD « Prison Bit » de Johny Ryan, de son côté Laurent nous parle des albums « PsykoParis » et « L’incroyable histoire de l’immortalité », Benoit conclut son cycle dédié à « Batman Metal » et propose le collectif « Cry Punch Comics » de « Nouveau Système ».
En dernière partie d’émission, « Ultramega Vol.1 » de James Harren et Dave Stewart.
Depuis 15 ans, les Mystérieux étonnants c’est votre balado (podcast) québécois dédié à la culture populaire.
Cette semaine, on vous offre une émission spéciale consacrée à Fantasia enregistrée dans les sous-sols de l’université Concordia là où depuis quelques semaines Benoit y réalise des entrevues pour le « Talk Show » officiel du festival. Il est rejoint par notre ami Laurent Boutin, d’Ars Moriendi et Les Oubliettes Simon Predj et le réalisateur Rémi Fréchette.
Pour l’être montréalais que nous sommes, on se doit de critiquer le film pakistanais Anima State plus comme un objet de curiosité que comme un simple film car il y a trop de références historiques et culturelles qui nous échappent en ces 80 minutes où l’on découvre un Pakistan qui nous est insoupçonné. Mais, on se doit aussi de saluer le culot et l’audace de son réalisateur (Hammad Khan) qui souhaitait par cette œuvre mettre en pleine figure de ses compatriotes toute la laideur de la société pakistanaise moderne; il s’en prend aux médias, aux politiciens, quelque peu aux Talibans… et à tout le reste. (On voit même le personnage se masturber devant la victoire pakistanaise lors de la Coupe du monde de cricket, l’un des rares aspects que tous les pakistanais (peu importe leur âge, leur sexe ou leur classe) glorifient.)
Anima State est en quelque sorte un essai audiovisuel subversif sur le passé, le présent et le futur d’un pays en mal dans lequel on y retrouve un homme sans visage qui perpètre une série de meurtres impunis visant des gens de toutes les sphères de la société. En fait, il est recouvert de bandages pour, son propre dire, empêcher sa tête d’exploser. On ne sait pas qui il l’est, d’où il vient; mais c’est parfait, il pourrait être n’importe quel jeune pakistanais tant il agit par la colère de toute une génération de désœuvrés.
La violence en ce film est comme les sentiments de l’antihéros (dont on n’entend jamais le nom), détachée. Les spectateurs en sortent ainsi tachés de sang sans toutefois en être troublés.
Ce film underground ne suit pas une structure de scénario classique, il vire même en œuvre abstraite vers la fin. Malgré l’absence de réels repères cinématographiques et culturels, on passe un bon moment en l’écoutant. Cette thérapie-choc a un petit côté humoristique, presque bon enfant, punk même, qui fait tout son charme. Et malgré son fort côté pakistanais, l’œuvre à l’image de son réalisateur qui vit maintenant à Londres, demeure assez occidentale.
Enfin, à la toute fin, sans vraiment brûler de punch, le cinéaste est en quelque sorte démasqué, il devient un peu fou et il est pourchassé. Image de ce qui l’attend suite à la parution de ce film interdit au Pakistan? Pas nécessairement, mais cela amène une quelconque mise en abyme fort intéressante.
P.-S. On peut en découvrir un peu plus sur ce film et son réalisateur dans cette entrevue donnée l’an passé :
Brianne Davis était une mannequin de 17 ans qui travaillait beaucoup tant dans son Atlanta natale qu’à Miami et qui rêvait des podiums new-yorkais lorsqu’elle s’est retrouvée, par surprise, à jouer une meneuse de claque dans le film Remember the Titans (avec Denzel Washington). Tristement, son rôle a été coupé au montage, mais son expérience fût telle qu’elle a eu la piqûre du jeu d’acteur. Après une petite apparition dans un épisode de Dawson’s Creek en 2001, elle s’est véritablement lancée, en 2005, en interprétant la blonde de Jake Gyllenhaal dans Jarhead. Depuis, elle vit de son art et des millions de téléspectateurs sont tombé sous son charme grâce à de nombreuses apparitions dans des séries télé telles que Veronica Mars, Entourage, True Blood, Desperate Housewives et Masters of Sex.
Brianne Davis n’est certes encore que peu connue, mais les choses s’apprêtent à changer notamment grâce à son rôle de femme fatale dans le film de « sci-fi noir rétrofuturiste intimiste » Synchronicity, qui était présenté en première mondiale à Fantasia(et qui comme Turbo Kid met en vedette Michael Ironside dans le rôle du méchant).
Avant de plonger dans la petite entrevue qu’elle nous a accordée, voici la bande-annonce dudit film qui est réalisé par Jacob Gentry (The Signal). Vous verrez qu’on y retrouve tous les éléments du film noir avec une touche des années 80 et de Blade Runner.
Rares sont les œuvres thaïlandaises qui se rendent jusqu’à nous; en pensant rapidement, on pourrait ne nommer que le film d’arts martiaux Ong Bak et quelques court-métrages publicitaires fort émouvants qui connaissent un certain succès sur la toile. The Blue Hour d’Anucha Boonyawatana, qui fait actuellement le tour des festivals dont Fantasia et la Berlinale, rejoint non seulement ce groupe d’exceptions, mais il nous surprend par son genre : un drame d’horreur homosexuel.
Onthakan (son titre originale) présente les (més)aventures de Pam, un adolescent gai qui se fait battre par ses confrères de l’école et qui se fait rejeter par sa famille. Il trouve refuge dans les bras du mystérieux Phum qu’il a rencontré sur l’internet et dont ils se donnent rendez-vous dans une piscine abandonnée qui serait, selon ce dernier, hantée par des esprits. Leur relation se développera plus loin que la simple aventure d’un soir promise et ils retourneront à cette piscine qui deviendra de plus en plus effrayante. Enfin, le tout prend une tournure encore plus noire dans un dépotoir lorsque la soif de vengeance fait surface. (Le drame plane au-dessus de Pam comme un vautour dans ce film aux cinquante teintes de bleu.)
The Blue Hour est une œuvre intimiste où l’horreur demeure des plus fines, mis à part pour un quart de seconde. En fait, tout dans ce film est suggérés plutôt que montrés (comme les rares scènes de sexe) et plus le récit avance, plus on progresse dans les eaux troubles du suspense sans jamais, au grand jamais quitter toutes les sortes de tensions.
Le jeu des acteurs est correct, mais les côtés techniques sont plus que maîtrisés. Et le choix des décors est plus que réussi; outre les diverses tensions, le film repose beaucoup sur ces lieux.
The Blue Hour est un film parfait pour le circuit des festivals et une superbe carte de visite pour son audacieux réalisateur (et coscénariste) dont il s’agit de son premier long métrage. Malheureusement, le rythme lent et la longueur excessive du film (96 minutes alors que le tout aurait pu être une dizaine de minutes plus courtes) et la promesse d’une véritable horreur qui ne se matérialise pas font de cette œuvre non pas une œuvre à éviter, mais qu’à considérer. Malgré tout, The Blue Hour se mérite une belle note.
Dans la vie, l’absence de but, l’inaction est le pire des ennemis. La comédie noire indépendante japonaise 100 Yen Love démontre à souhait cette réalité par le biais de son anti-héroïne Ichiko, qui à 32 ans demeure encore chez ses parents en recluse et en véritable loque humaine; elle n’a jamais eu d’emploi et elle est encore vierge.
(Mal)heureusement pour Ichiko, sa sœur vient s’établir à nouveau à la maison; les deux frangines se détestent. Cela sera l’élément déclencheur qui la sortira enfin de la maison. Elle trouvera rapidement un travail au salaire minimum dans un « 100 Yen shop » (en quelque sorte un dépanneur à la Dollarama), un petit logement et puis un copain qui ne l’aime pas vraiment. Et enfin et surtout une passion, une rage plutôt, pour la boxe. Ichiko se jettera corps et âme dans ce sport pour son plus grand bien (et le nôtre).
Il est bien difficile, aux premiers abords, de s’attacher au personnage principal, mais sa progression, l’évolution de sa posture, et sa recherche d’atteinte d’un but font en sorte que l’on prend de plus en plus pour elle, et ce, au fur et à mesure que le film avance.
Ichiko est jouée avec brio par Sakura Ando (qui, soit dit en passant, pratique la boxe depuis qu’elle est adolescente rendant ainsi son interprétation encore plus convaincante. D’ailleurs, l’actrice devrait passer KO plusieurs de ses consœurs dans l’obtention de nombreuses récompenses de meilleure actrice.)
Enfin, il est ardu de reprocher quoi que ce soit à ce film tant il est parfait tant aux niveaux techniques que scénaristiques, sans oublier le jeu des acteurs. Cette abondance de qualité rend la critique de ce long métrage fort ardue surtout quand on n’a pas accroché au film.
100 Yen Love est un film parfait dont l’affection ne laisse pas de place à de demi-mesures, on déteste ou on aime rien de moins.
S’étant fortement inspiré du Livre d’Ézéchiel, troisième de l’Ancien Testament, dont son passage La Vallée des Ossements, les frères Yoav et Doran Paz ont créé une version 2.0 de l’Apocalypse dans le film d’horreur israélien Jeruzalem.
Filmé illégalement ou avec un permis de documentaire dans certains des lieux les plus Saints de Jérusalem, et donc de la planète tout entière, on y retrouve trois jeunes touristes américains qui y sont durant le Yom Kippour. Leur timing est plus que fâcheux puisqu’une des portes de l’Enfer s’ouvrira en ce soir-là, ramenant les morts à la vie dans une forme mi-ange-mi-zombie (et ainsi que d’autres monstres à la King Kong et Marshmallow Man qui sont inutiles au récit). Nos héros se retrouveront alors prisonniers de la Vieille Ville qui est mise en quarantaine par l’Armée et ils devront faire tout pour survivre. Si c’est possible.
Le film est raconter entièrement de la perspective des lunettes Google Glass endommagées d’une des personnages et s’ajoute à cela une utilisation inspirée des applications de géolocalisation, de médias sociaux et de reconnaissance faciale qui amène une approche narrative innovatrice, mais qui peut repousser certains spectateurs. Le tout permet de nombreuses situations amusantes et un plan final de génie.
Bien que les véritables fans d’horreur n’y trouveront pas leur compte, car ce n’est pas bien épeurant; qu’on y retrouve bon nombre de clichés et d’incongruités (comme le fait que la maison au New Jersey a des palmiers); et que les nombreuses gimmicks utilisées par les frères Paz sont plus qu’évidentes, on passe un très bon temps à l’écoute de ce film qui ne saura sûrement pas réellement plaire aux critiques, mais qui rejoindra à coup sûr un large public. (Mais, tous s’entendront que ces cinéastes sont forts, qu’ils ont un talent évident.)
Enfin, étant le tout premier film d’horreur israélien présenté à Fantasia en 19 années, le tout amène un vent de fraîcheur tant sur le festival que sur cette riche cinématographie nationale qui baigne trop souvent dans les drames (de guerre, de religions ou familiales). Mais, Jeruzalem est-il réellement un film israélien? On pose la question, car les frères Paz semblent avoir fait tout en leur possible pour que ce soit une œuvre internationale. Et ils ont réussi!
Scénario quasi improvisé, direction photo mal foutue, budget inexistant, maquillages ridicules, acteurs sans réel talent (hormis l’attachant Gabriel Afolayan), etc., tout ça fait d’Ojuju un mauvais film en tous points. Mais, il n’en demeure pas moins, qu’étant projeté sur grand écran et à Fantasia de surcroît, que l’on vit, par son écoute, une véritable expérience cinématographique qui nous était jusque-là insoupçonnée et dont on ne regrette vraiment, mais alors là, vraiment pas d’avoir vécu. (Les nombreux éclats de rires dans la salle rendaient le tout encore plus jouissif.)
Ojuju transporte les films de zombies dans la réalité exotique et tiers-mondiste d’un bidonville surpeuplé de Lagos, au Nigéria. On y retrouve Romero (Gabriel Afolayan, justement), un stoner qui essaie de se reprendre en main puisque sa copine est enceinte et aussi, bien sûr, se sortir de son quartier malfamé. Mais, après que le revendeur de drogue Fela et son comparse Gaza furent mordus par un homme qui semblait n’être qu’un simple ivrogne, Romero devra se prendre en main beaucoup plus vite que prévu et sortir vivant de son quartier qui est ainsi devenu infesté de morts-vivants. (D’entrée de jeu, on apprend que plus de 70 000 000 de Nigérians n’ont pas accès à de l’eau potable. Voilà ce qui serait la cause de cette épidémie de zombies.)
Après l’Inde, le Nigéria est le deuxième plus grand producteur de cinéma au monde, et Lagos en est le cœur. Mais, rares sont les œuvres de Nollywood qui sortent des frontières subsahariennes. Ojuju fait figure d’exception ayant même eu une critique dans le Hollywood Reporter, où l’influente publication prédit tout de même de grandes choses pour son réalisateur et scénariste C.J. « Fiery » Obasi qui, malgré l’absence de moyens, démontre une ambition qui semble ne connaître aucune limite. On peut dire la même chose de son film.
Enfin, Ojuju est une œuvre parfaite pour découvrir le cinéma à la Nollywood et pour découvrir des réalités africaines qui nous éloignent parfaitement des capsules à la Vision Mondiale ou des rares et sombres actualités du Continent Noir qui parviennent jusqu’à nous. Et, pour le Nigéria plus précisément, de nous éloigner des incessants déversements et autres problèmes liées à l’extraction du pétrole et des massacres de Boko Haram.
P.-S. Il faut ajouter que la finale du film est parfaite, et ce, aussi bien pour ce qu’il arrive à Romero que pour la scène bonus que l’on y retrouve. On n’en dit pas plus.
Pour une première année (et pour un public dont plusieurs n’ont pas encore fait leur première année), le festival Fantasia se lance dans une opération de charme envers les familles avec la tenue de Mon premier Fantasia qui présente des sélections de courts-métrages pour enfants.
Cela peut paraître étonnant venant de Fantasia, après tout, on associe habituellement ce festival avec du trash, du gore, de l’étrange… avec des films pour un public mature et averti. Mais, après plus de 18 éditions, plusieurs des cinéphiles qui suivent le festival depuis un bon nombre d’années ont maintenant des enfants et ils souhaitent leur partager leur amour du cinéma à la Fantasia.
Les différentes sélections d’œuvres familiales qui sont présentées visent les 7 à 77 ans, mais elles ont été créées en pensant à un public de 6 à 14 ans sans que le tout soit « bébé lala » pour que les parents puissent tout aussi bien s’amuser. [Et ça marche, j’y ai été sans enfant et j’ai passé un très bon temps.]
Ce qui est bien c’est que le tout est tout à fait gratuit et que cela a lieu au Musée McCord, ce qui permet de (re)découvrir cette institution.
…
Voici les prochaines représentations et leur description :
Mon Premier Fantasia au Musée McCord – Carte blanche à l’Office national du film Lundi le 20 juillet à 12 h 30, 14 h et 15 h 30.
Ce programme est une carte blanche offerte à Julie Roy, productrice exécutive au studio d’animation français de l’ONF, qui compte à son actif plusieurs oeuvres couronnées de nombreux prix nationaux et internationaux. Dans le cadre de cette carte blanche. Julie Roy proposera une sélection parmi les meilleurs courts réalisés en animation image par image (stop motion).
Tous les films sont en français ou sans dialogues.
Mon Premier Fantasia au Musée McCord – Programme international 2 Samedi le 25 juillet à 12 h 30, 14 h et 15 h 30.
Au programme, 10 courts animés récents venant des quatre coins du monde, dont l’Allemagne, le Brésil, le Chili, la Corée du Sud, les États-Unis, la France, les Pays-Bas, la Russie et la Suisse.
Tous les films sont en français ou sans dialogues.
Mon Premier Fantasia au Musée McCord – Programme québécois Lundi le 27 juillet à 12 h 30, 14 h et 15 h 30.
Ce programme, entièrement composé de films québécois, propose 19 courts métrages ou micro-courts récents, certains animés, d’autres avec des acteurs, tous présentés dans le but de vous divertir. Vous y verrez notamment quatres épisodes de l’adorable série Camille raconte et trois sélections familiales de l’Office national du film.
Tous les films sont en français ou sans dialogues.
…
Et voici, en exemple, un court-métrage qui a été présenté, lors de la projection du Programme international 1, le samedi 18 juillet dernier.
Le film danois Bridgend nous plonge, nous enferme dans la noirceur d’un groupe de jeunes désœuvrés qui errent en forêt, se baignent nus, allument des bûchers, gueulent le nom de leurs confrères disparus, se saoulent… d’une manière quasi rituelle. Leur seule routine : un nouveau suicide d’un de leurs amis. C’est en cette horreur du mal de vivre, cet univers claustrophobe que Sara se retrouve aspirée, lorsqu’elle emménage avec son père policier dans la petite ville de Bridgend, au Pays de Galle.
Le documentariste danois Jeppe Rønde fait ici une première incursion dans la fiction en restant tout de même près de la réalité, d’une réalité dont on aimerait normalement détourner le regard. C’est qu’entre 2007 et 2012, 79 suicides (presque tous par pendaison et sans lettre d’adieu) ont été rapportés dans le comté de Bridgend; la plupart des victimes étaient des adolescents âgés de 13 à 17 ans. Pendant six années, M. Rønde a visité les jeunes de la région pour chercher à comprendre. De ses recherches, il en a tiré une trame minimaliste mélangeant le cinéma de Larry Clark et le Dogme95 (malgré l’utilisation de musique).
On apprécie cette recherche d’authenticité (notamment l’utilisation de jeunes acteurs non professionnels de la région), quoique ce respect semble avoir emprisonné quelque peu le récit. Bien sûr, on est ici dans un film « inspiré de », donc dans une certaine spéculation, mais on aurait aimé que le tout dégénère dans un véritable carnage que la ville vire véritablement à feu et à sang comme le récit nous laisse présager. (Quoiqu’il nous y mène quelque peu dans une finale maîtrisée aux images fortes. Saluons en passant, la direction photo simple, mais terriblement efficace.) Le développement des personnages laisse à désirer; on ne nous permet pas de comprendre leur psyché. Par cela, on n’arrive pas à s’attacher à Sara. Pour ce qui est des acteurs, Hannah Murray (Skins, Game of Thrones) est correcte dans son interprétation de Sara, mais Josh O’Connor, celui qui joue son copain Jamie, le fils du curé, vole carrément la vedette. Disons qu’il est un Eddie Redmayne en plus badass et moins roux.
Bridgend est un gracieux film coup-de-poing. Mais, on aurait aimé un peu moins de grâce et plus de force de frappe, en ressortir avec notre bouille de cinéphile complètement amochée, ensanglantée. Enfin, il s’agit d’un de ces films dont on n’apprécie pas particulièrement lors de l’écoute, mais qui reste avec nous, nous hante dans les jours suivants.
Quoique pas parfait, Bridgend est un film terrifiant, tragique qui vaut la peine d’être vu.
Le festival Fantasia nous offre très souvent la chance de découvrir d’excellents films avant la majorité du grand public. Parfois, on n’a pas droit à un grand film mais on ressort de la salle avec tout de même l’impression d’avoir déniché quelque chose de spécial.
Catch Me Daddy est l’histoire de Laila, une jeune adolescente britannique d’origine pakistanaise qui habite avec son copain Aaron. Le couple n’a pas beaucoup d’argent mais énormément d’amour l’un pour l’autre. Les premières interactions auxquelles on assiste cachent pourtant quelque chose qui hante leur quotidien, une épée de damoclès pas très loin au-dessus de leurs têtes: Laila est une fugitive. Elle a fui le domicile familial et l’autorité envahissante, voire dangeureuse de son père au grand désarroi de celui-ci. Lorsqu’il engage le grand frère de Laila et sa bande d’amis en plus de deux chasseurs de tête de bas niveau, le bonheur et la sécurité des jeunes amoureux seront fracassés.
Catch Me Daddy est le premier film du réalisateur Daniel Wolfe, qui a fait son nom dans les vidéoclips et il est facile de voir cette influence dans son oeuvre. Une caméra très active, un montage légèrement hyperactif, des choix de plans non-conventionels mais surtout une énorme présence de pièces musicales qui semblent tout droit sorties de la librairie du cinéaste. Les images jurent parfois avec les choix musicaux et ça peut devenir irritant pour certains mais la recette a fonctionné avec moi, d’autant plus qu’elle me rappelait le génie musical de la première saison de True Detective. Le premier acte du film est lent à outrance mais sans être mauvais; Wolfe excelle dans les moments intimes et sa dépiction de Laila est ennivrante. Il faut dire que l’actrice Sameena Jabeen Ahmed est éblouissante dans le rôle. La tension attend son paroxysme lorsque les amoureux sont découverts, on s’attend alors à une explosion des émotions, à de l’action ou à tout le moins à une résolution, soit-elle bonne au mauvaise. On n’aura malheureusement droit à rien de tout ça. Wolfe s’attaque à plusieurs énormes et très complexes sujets pour son premier long-métrage; la misère, la pauvreté, la violence, le racisme, le crime d’honneur au sein de la communauté musulmane, la toxicomanie… Les portraits qu’il en tire sont authentiques mais ne nous emmène nul part qui n’aurait pas été exploré auparavant. On devine une certaine maladresse de débutant dans le montage; certaines scènes de nuit sont complètement inutiles parce que beaucoup trop sombres et le film souffre d’être franchement trop long. Wolfe n’avait-il pas le coeur de faire plus de sacrifices lors de la post-production?
J’ai découvert un réalisateur de talent avec ce film, qui dirige ses acteurs avec main de maître et qui de toute évidence a envie d’échauffer les esprits avec de nouvelles idéee. Je garderai certainement l’oeil ouvert pour ses prochaines oeuvres et j’espère qu’il apprendra des faiblesses de Catch Me Daddy.
Pour le commun des mortels, les gens artistiques semblent parfois appartenir à une race distincte, qui habite un monde complètement différent du nôtre. Un monde abstrait, plus fantastique, voire magique. C’est dans cet univers que nous plonge tout en douceur le magnifique film d’animation Miss Hokusai.
Nous sommes en 1814, alors que Tokyo se nomme toujours Edo. O-Ei vit avec son père, un homme excentrique dans la cinquantaine et un peintre extrêmement doué qui a déjà une réputation qui entraîne le respect et plusieurs contrats. Katsushika Hokusai (alors appelé Tetsuzo) ne fait ni le ménage, ni la cuisine, sa vie se résumant entièrement à peindre et sortir boire avec son apprenti un peu empoté. C’est d’ailleurs O-Ei qui doit souvent terminer (ou créer!) les œuvres de son père pour qu’elles soient livrées à temps et ce, sans pouvoir signer son travail ni récolter les honneurs que son talent mérite. Un talent qui rend Tetsuzo un peu nerveux… Car O-Ei a également hérité du caractère fort et de l’entêtement de son père. Entre les sautes d’humeurs du maître, sa petite sœur malade et quelques prétendants maladroits, la jeune femme découvre les beautés que ce monde a à offrir; le calme de la neige, la fureur d’un incendie, les secrets d’un dessin érotique réussi et la magie du quotidien.
Miss Hokusai, à l’image des dessins du maître et de sa fille, est un pur délice pour les yeux et le cœur. Rarement a-t-on vu une lumière si parfaite dans un film d’animation, en plus des couleurs toutes en nuances qui nous transportent directement au Japon de l’ère Edo. Le réalisateur Keiichi Hara était présent lors de la représentation d’ouverture et a précisé que le film était adapté du manga Srusuberi, qui est lui-même une interprétation plus qu’une biographie directe de la vie de cette légendaire famille d’artistes. Si le nom Hokusai ne vous dit rien, pensez à la fresque japonaise très populaire qui met en image les vagues de la mer; ce tableau, c’est La Grande Vague de Kanagawa qu’il a peint en 1831. Le scénario est lent et contemplatif mais gonflé d’émotions et jamais ennuyant. Il nous offre de passer un moment dans la vie de ces personnages historiques incomparables mais foncièrement humains et on apprécie l’expérience tout en sortant inspiré. Miss Hokusai est ce genre de film qu’on regarde avec un sourire constant au visage et parfois quelques larmes à l’œil. Une excellente fresque sur les grands sujets universels de la vie, la mort, l’amour et l’art.
Ne manquez pas la deuxième représentation de Miss Hokusai le samedi 25 juillet à midi, pour plus d’informations vous pouvez visiter le site du Festival Fantasia.