http://youtu.be/qaSbVR0zSC0
Je l’avoue, je suis entrée dans la salle de représentation de Cybernatural à reculons. Les films tournés avec caméra à l’épaule, du genre Paranormal Activity, sont selon moi un genre qui a commencé à s’essouffler dès la sortie de The Blair Witch Project. Lorsqu’en plus j’ai vu la bande-annonce, j’ai anticipé un film qui ne serait que l’exploitation un peu « cheap » d’une technologie moderne pour quelques effets spéciaux peu impressionnants. Je suis heureuse de vous annoncer que je m’étais enfoncé le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.
Un vidéo incroyablement embarrassant apparaît un jour sur internet et ruine la réputation de Laura Barns. Les images font rapidement le tour de l’école et l’adolescente, le moral complètement brisé par l’intimidation incessante de ses pairs, décide tragiquement de mettre fin à ses jours. Cet acte est également rendu public en ligne. Un an plus tard, le groupe d’amis responsable de la descente en enfer de Laura passe une soirée ordinaire en vidéoconférence sur Skype. Les insultes et les blagues fusent de toutes parts, certaines même au dépend de la défunte. Lorsqu’ils reçoivent tour à tour des messages des comptes de réseaux sociaux de Laura, la colère puis la panique les gagnent rapidement. Un individu anonyme et caché, sous le pseudonyme de Laura, se joint à leur session Skype et les force à jouer à son jeu pervers qui expose tous les mensonges qui germent depuis longtemps dans leur amitié. L’enjeu, tout simplement, est leur vie.
Il y a 10 ans, ou même 3, si quelqu’un m’avait prédis qu’un jour non seulement je verrais un film dont l’action est entièrement vue à travers un écran d’ordinateur mais qu’en plus je le louangerais, j’aurais assurément éclaté de rire. Le concept est très peu attirant, personne ne veut fixer un écran d’ordinateur lorsqu’on est au cinéma, on passe déjà pour la plupart notre journée entière à le faire! Pourtant, Cybernatural est un bijou. La distribution entière, composée de visages inconnus, est parfaite du début à la fin et contribue énormément à nous faire croire aux évènements surnaturels desquels nous sommes témoins. Il faut également dire que tout ici a comme but la vraisemblance; les personnages utilisent Skype, Spotify et Google, pas des versions bidons inventées pour éviter des poursuites.
Si vous êtes, comme je l’étais, un peu rebuté par l’idée de « l’horreur par ordinateur », souvenez-vous que les plus grands films d’épouvantes sont ceux qui réussissent à transformer le quotidien, le banal et même l’agréable en situations horribles et terrifiantes. Ce fut le cas pour les plages avec Jaws, les vidéocassettes avec The Ring, les oiseaux pour The Birds et le téléphone pour d’innombrables oeuvres. Cybernatural prend ce qui est devenu pratiquement une extension de notre identité et le métamorphose en une arme acérée pointée vers nous-mêmes. Ceci dit, je souhaite sincèrement que ce sera le seul de son genre, même si c’est peu probable. À l’instar du fameux The Blair Witch Project, la recette de l’horreur digitale en est une qui donnera sans doute naissance à de nombreuses émules qui risquent de ne pas arriver à la cheville de l’efficacité de l’original.
Je dois également noter que la session de questions suivant la projection a été accomplie partiellement par vidéoconférence Skype, une expérience complètement surréaliste pour le public qui se remettait à peine de ses émotions!
– Jessy Beaulieu