Fantasia 2014 – Animosity

Une couple de nouveaux mariés emménage dans une belle grande maison au milieu de nul part, entourée d’un boisé et de pas grand chose d’autre. L’endroit idéal pour Carrie, qui a besoin de quiétude pour composer des trames sonores de films d’horreur. Seule tous les jours pendant que Mike est au boulot, Carrie croise un homme armé dans les bois et est témoin d’événements très inquiétants. Mike, pourtant, semble vouloir tout rationaliser et tente de convaincre sa femme qu’elle a l’imagination fertile et qu’ils sont parfaitement en sécurité. Que se passe-t-il vraiment dans les bois? Carrie est-elle en danger dans sa propre maison?

La principale force d’Animosity est son actrice principale, Tracy Willet. Le personnage de Carrie passe au travers d’une gamme d’émotions très intenses et la performance de Willet nous permet de croire à chaque moment. Malheureusement on ne peut en dire de même du reste de la distribution. Le film semblait souffrir de quelques problèmes de sons et de montage mais tout ceci serait facilement pardonnable si l’intrigue savait nous garder en haleine. Vous l’aurez deviné, ce n’est pas le cas. Le scénario nous offre une gigantesque surprise mais celle-ci déraille complètement l’histoire et apporte beaucoup plus de questions que de réponses. Les invraisemblances  s’accumulent et la finale n’apporte que très peu de satisfaction.

Animosity est un film qui aurait pu être un excellent court métrage. Dommage.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Open Windows

Le film Open Windows du réalisateur et scénariste Nacho Vigalondo débute en force avec une prémisse intrigante et une approche inusitée qui nous accroche, celle de présenter l’entièreté de son récit par l’entremise d’un écran d’ordinateur.  Malheureusement, cette recette s’effrite rapidement pour faire place à une série de clichés usés jusqu’à la corde qui contrastent violemment avec le ton initial du long-métrage.

Nick Chambers (Elijah Wood) est l’administrateur d’un site internet dédié à Jill Goddard (Sasha Grey), une actrice populaire pour qui il entretient un intérêt à la limite de l’obsession. Ce dernier est invité à rencontrer la comédienne lors du lancement de son prochain film à Austin. Une occasion en or pour l’admirateur. Alors qu’il écoute en ligne la diffusion d’une conférence à laquelle participe Goddard, le webmestre est contacté par un mystérieux internaute aux intensions nébuleuses. Si la conversation avec son interlocuteur se veut au départ amicale, leurs échanges prendront un tournant pour le pire tandis que Nick est entrainé malgré lui dans une séquence d’évènements aux répercussions graves pour lui et la jeune interprète.

Open Windows prend le pari de garder en haleine son public du début à la fin. Un objectif risqué lorsque l’on considère la manière dont est structuré le film. Vigalondo parvient malgré tout, de façon efficace, à construire une mise en scène dynamique qui prend tout son sens dans la manière dont est présentée l’action dans l’interface virtuelle du portable de Nick. Le réalisateur décide par moment de concentrer sa «caméra» sur une partie de l’écran, d’en exclure une ou de montrer le déplacement de celle-ci entre les différentes «fenêtres». Une technique qui aurait pu facilement tomber dans la répétition, mais qui ne demeure pas moins autant rafraichissante que divertissante

Regrettablement, l’oeuvre prend un tournant vers le pire aussitôt que l’on délasse le huis clos qu’offrait la chambre d’hôtel de Nick pour le remplacé par une poursuite dans les rues de la ville texane. C’est à ce moment que le scénario de Nacho Vigalondo perd de son rythme et de son originalité. Avec maladresse, le film met de côté le sentiment d’authenticité dans lequel il était trempé jusqu’ici pour employer des avenues proches de celle de la science-fiction. Quant à elles, les technologies, qui se voyaient au départ plausible, font désormais place à des gadgets impossibles qui font coup sur coup rire l’audience au fait de la plausibilité des engins utilisés.

Elijah Wood n’en demeure pas moins attachant dans le rôle sympathique de Nick et c’est avec beaucoup d’adresse qu’il parvient à nous garder intéressé au sort de son personnage. Une performance qui éclipse complètement celle de Sasha Grey au jeu souvent inégal.

On pardonnerait les nombreux défauts d’Open Windows si ce n’était des incongruités de son troisième acte qui s’entête à multiplier les révélations superflues et les explications inutiles. Des irritants supplémentaires qui ne font que contribuer à créer au sentiment de déception qui nous suit à la sortie de la projection. Une  déception qui n’est que plus grande lorsque l’on considère le potentiel du film qui n’est qu’au final un amalgame les codes du «Found Foodtage» à ceux des «Slasher» classiques.

Open Windows sera en représentation le 23 juillet à 21h45 à la Salle J.A. De Sève de l’université Concordia dans le cadre de l’édition 2014 du festival Fantasia.

– Benoit Mercier

Fantasia 2014 – Faults

faults

Je suis prête à parier qu’un certain nombre des gens présents lors de la représentation de Faults ont acheté des billets dès qu’ils ont vu le nom de Mary Elizabeth Winstead dans le rôle principal. Winstead a incarné un personnage très important dans le monde geek il y a quelques années, celui de Ramona Flowers dans l’adaptation Scott Pilgrim vs. the World. Elle joue ici une jeune femme complètement différente mais tout aussi mémorable.

Ansel Roth est un loser. Spécialiste dans la « dé-programmation » des gens qui se sont fait embarqués dans des cultes et autre lavage du cerveau du genre, il était autrefois respecté. Ayant perdu son émission de télévision, sa femme, son argent et surtout sa dignité, il est contraint à faire des conférences minables dans des hôtels crades devant 10 personnes pour survivre. La chance semble pourtant vouloir lui sourire quand, à la fin d’une telle conférence, un couple âgé l’approche. Leur fille unique s’est fait entourloupée par un groupe qui s’appelle Faults et ils décident d’engager Ansel en espérant que son expertise leur ramènera leur Claire adorée.

Faults est un film qui, à l’image du culte fictif du même nom, manipule son public. Il débute en comédie (quoique plutôt noire) et nous entraîne dans une spirale de moments qui nous font douter de la première impression qu’on en avait eu. Les comédiens sont parfaits, surtout Winstead qui est franchement impressionnante tout au long de ce qui est essentiellement un huis clos pour la majorité du film. On voit la finale venir de loin mais le chemin pour s’y rendre est parsemé de surprises aussi choquantes que divertissantes. Quand on considère que c’est le tout premier long métrage du réalisateur Riley Stearns, on peut conclure que c’est une réussite.

Faults est présenté à nouveau le jeudi 24 juillet à 19:15 dans la salle J.A. De Sève.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Ghost in the Shell

ghost-in-the-shell

Mamoru Oshii, le réalisateur de Ghost in the Shell a avoué au public de Fantasia hier qu’il n’avait vu son film qu’une seule fois depuis qu’il l’avait terminé et qu’il détestait revoir ses vieux films. C’est une affirmation qui semble complètement impossible pour les fans, puisque Ghost in the Shell n’est pas qu’un grand film d’animation, c’est également un des plus grands films de la science-fiction moderne. Alors que l’oeuvre, qui a plus en commun avec Blade Runner qu’avec Dragon Ball, célébrera l’an prochain son 20e anniversaire, la voir sur grand écran renforce le sentiment qu’elle est intemporelle et toujours incroyablement grandiose.

C’est devant une salle comble que Oshii a reçu un prix pour l’ensemble de sa carrière. Prix, on l’a souligné plusieurs fois, qu’on souhaite très précoce puisqu’on espère que le réalisateur ait encore plusieurs histoires à nous offrir. D’ailleurs, sa présence à Montréal ne tenait pas d’un hasard; il y a filmé une partie de son plus récent film et y travaillait sur la post-production. Le public de Fantasia a eu la chance de visionner en primeur la toute première-bande annonce du long-métrage, intitulé The Last Druid: Garm Wars, un autre suspense de science-fiction mais pas un film d’animation cette fois. Sans trop en dire, c’était visuellement à couper le souffle. Espérons le voir sur la programmation du festival bientôt!

Le créateur a été candide et très drôle tout au long de la période de questions et a semblé visiblement touché par l’ovation debout que nous lui avons offert. Un horaire chargé l’a forcé à quitter avant la projection mais son absence n’a pas amoindri le plaisir que la salle entière a éprouvé à redécouvrir (et découvrir, pour certains) l’univers de Ghost in the Shell. La copie présentée était magnifique et la salle était complètement silencieuse du début à la fin, rivée à l’écran, hypnotisée par la trame sonore. Une superbe façon de démarrer mon festival.

– Jessy Beaulieu