Festival Fantasia 2013 – I Am Divine

I_Am_DivineI Am Divine du réalisateur Jeffrey Schwarz dresse un portrait de la vie tumultueuse, mais fascinante, de Harris Glen Milstead, alias Divine. Un artiste travesti de Baltimore qui est devenu du jour au lendemain un symbole de la contre-culture américaine au début des années 70 pour finalement goûter au succès commercial peu avant son décès, en 1988. Un film captivant et touchant sur un homme authentique et bon vivant dont les périples de son existence l’ont porté à l’intersection de la performance, de l’art et du mauvais goût.

Le film débute avec la première internationale de Hairspray, un long-métrage signé par son ami et collègue de longue date, John Waters, qui marqua la première sortie commerciale du duo. On présente par la suite l’enfance, souvent difficile, du jeune homme alors qu’il tente de trouver sa place dans une Amérique des années 60. Époque durant laquelle la diversité sexuelle, dont l’homosexualité, est encore considérée comme tabou par une bonne partie la population. De ses débuts humbles dans les productions de Waters jusqu’à la gloire des cabarets et autres performances sur scène et à l’écran, on présente l’ascension de Divine dans les différents cercles du divertissement. Avec son surplus de poids, son attitude désinvolte, le personnage de Harris Glen Milstead fascine les foules et parvient à enflammer l’imagination d’un public qui l’adore. Une fascination qui nous happe au passage et qui ne nous quitte pas du début à la fin du film.

Sans tomber dans le mauvais goût, et sans toutefois se censurer pour autant, le long-métrage nous fait découvrir différents aspects de la vie de Divine. De sa carrière à ses amours en passant par son histoire familiale. Ce dernier aspect est par ailleurs particulièrement touchant, d’autant plus que celui-ci est souvent raconté par la mère du défunt artiste. La plupart des témoignages proviennent d’amis proches, de membres de son entourage et de critiques. Ceux-ci ont tous été touchés par la carrière de la diva du trash et nous livrent des souvenirs aussi touchants que « bien sentis ».

La personnalité de la drag queen est au centre du récit et est merveilleusement présentée et décortiquer au grand écran. Divine émerveille, fait rire et choque au fil d’anecdotes et séquences vidéo tirées de différentes archives accumulées durant plusieurs années. Sans jamais désorienter, on s’assure de bien situer pas à pas le public, et par le fait même, les néophytes du genre, dans cet univers coloré qui pourrait, si laissé à soi-même, devenir rapidement étourdissant. Il est fascinant de découvrir l’histoire de l’homme, mais surtout la trace qu’il a laissée autant dans le milieu de la contre-culture, mais également dans celui de la culture populaire. Une histoire qui est malheureusement très peu connue, mais qui mérite d’être racontée.

I Am Divine n’est pas un film qui se veut objectif. Au contraire. Il n’est pas question ici de relativiser l’oeuvre de Milstead et dans cette mesure le long-métrage à un parti pris, mais on s’en balance. La découverte, l’humour noir et la tendresse, comme l’excès, sont au rendez-vous dans ce portait d’un homme qui, oui, je sais que c’est cliché, est allé au bout de ses aspirations.

I Am Divine sera une fois de plus en représentation le 30 juillet prochain, à 19 h 30, à Salle J.A. De Sève de l’université Concordia. À ne pas manquer.

– Benoit Mercier

Mystérieux Étonnants #320Pacific Rim

Cette semaine, des robots géants composent la dernière ligne de défense de l’humanité contre des kaiju dans Pacific Rim, le plus récent film du réalisateur Guillermo del Toro mettant en vedette Charlie Hunnam, Idris Elba et Rinko Kikuchi. Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons également les dernières nouvelles sur l’univers de la culture populaire: BD, cinéma, jeux vidéos, télévision, etc.

Diffusion originale: 15 juillet 2013
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Turbo Kid : devenez fans de ce héros « futuristique » créé par Roadkill Superstar!

En avril 2011, nous avons eu l’immense honneur de recevoir Yves Corbeil à notre émission. Quelle belle rencontre! Après l’enregistrement, notre collègue et ami Yoann-Karl Whissel lui a offert un rôle de méchant dans son court-métrage T is for Turbo, qu’il réalisait avec sa soeur et son beau-frère, tous membres du collectif Roadkill Superstar; M. Corbeil accepta et « the rest is history » comme disent les américains.

Ce film a été soumis au concours The ABCs of Death, où il remporta le vote populaire. Aidé par cette belle victoire et par le marché de coproduction Frontières du Festival Fantasia. Roadkill Superstar est maintenant lancé dans la production d’une version long métrage de ce film futuriste qui a lieu en… 1997. Ils sont actuellement en pleine préproduction.

Revoici à nouveau ce film jouissif :

Mais, surtout, nous vous invitons à rejoindre les fans du film sur Facebook, en cliquant ici.

N.B. Étant occupé par la préproduction de ce long métrage, Yoann devra manquer plusieurs de nos podcasts à venir. Mais, on lui pardonne!

– ‘xim Sauriol

Mystérieux Étonnants #275Ghostbusters Vol.1: The Man From The Mirror

Cette semaine, on discute de la série Ghostbusters publiée chez IDW et on reçoit Éric Boisvert, programmateur de la section action au Fantasia qui vient parler des films à ne pas manquer durant les derniers jours de festival. Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons également les dernières nouvelles sur l’univers de la culture populaire: BD, cinéma, jeux vidéos, télévision, etc.

Diffusion originale: 6 août 2012
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Retransmission vidéo de l’émission #275 – Ghostbusters

Écoutez la retransmission vidéo de l’émission #275 – Cette semaine, on discute de la série Ghostbusters publiée chez IDW et on reçoit Éric Boisvert, programmateur pour la section action de Fantasia, qui vient parler des films à ne pas manquer dans ces derniers jours de festival.

Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons les dernières nouvelles sur l’univers de la pop culture, jeux vidéo, BD, films, télévision, etc.

Festival Fantasia 2012 – New Kids Turbo

New Kids Turbo des réalisateurs Néélandais Steffen Haars et Flip Van der Kuil a fait rire aux larmes le public réuni hier soir à l’université Concordia. Présenté dans la cadre du Festival Fantasia qui entame son dernier weekend avant sa clôture le 9 août prochain, le long-métrage qui ne semble pas se garder aucun sujet sacré est une suite de situations cocasses de mauvais goût dans lesquelles un groupe de jeunes hommes en marge et complètement idiots se retrouve confronté à l’autorité de leur pays.

Le tout débute lorsque le groupe composé des cinq hommes perdent simultanément leurs emplois. Amis de longue date, ils se retrouvent à habiter sous le même toit. Coupé de leur chèque d’assurance emploi et n’entretenant aucun intérêt outre la musique techno et les croquettes frits,  Richard Batsbak, Gerrie van Boven, Rikkert van Boven, Robbie Schuurmans et Barrie Butsers décident qu’ils ne payeront plus jamais rien de leur vie. Après avoir causé le chaos dans leur petite ville néerlandaise, la force de police locale est poussée à intervenir, mais sans succès. Leurs actions publicisées par les médias font que la situation escalade vite alors que le reste du pays tente d’imiter ces dégénérés ce qui ne donne pas d’autres choix au gouvernement qu’ordonner leur élimination.

Il serait difficile d’énumérer la quantité considérable de blagues qui compose le long-métrage. Se suivant l’un après les autres, ces « sketches » qui ont très peu de lien avec le développement de l’histoire sont tous aussi dégénérés les uns que les autres. Rien ne semble être à l’abri de l’humour décapant, et parfois très «pipi caca», de Steffen Haars et Flip Van der Kuil qui s’en donne à cœur joie d’érafler au passage autant la police, le gouvernement que les handicapés mentaux. Rien n’est tabou et rien ne semble hors de portée du ridicule. Un humour gras et adolescent qui aurait par moment bénéficié de faire dans la subtilité, si ce n’est que pour quelques instants.

Malgré ces séquences où l’humour est plus que houleux, le récit persiste à nous surprendre grâce à ses nombreux retournements de situation et sa mise en scène délirante et extrêmement imaginative. Il faut également souligner le caractère extrêmement violent du long-métrage qui ne se gêne pas de montrer des têtes qui explosent, des corps écrasés par différents véhicules et des membres sectionnés. Le public rassemblé à la salle Théâtre Hall de Concordia ne semble pas s’en être formalisé, bien au contraire. New Kids Turbo est une œuvre pour laquelle on rit, parfois même d’un rire jaune, mais sans retenue. Laissez votre cerveau à la porte.

La suite, New Kids Nitro, sera présentée le 6 et 8 août prochains à 21 h 55 à la salle Théâtre Hall de l’université Concordia.

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2012 – Game of Werewolves

Game of Werewolves, à ne pas confondre avec la série de HBO, Game of Thrones, écrit et réalisé par Juan Martínez Moreno est une comédie de situation qui met en scène la plus inusitée des créatures pour un film humoristique, le loup-garou.

C’est avec une approche réaliste et posée qui ne présage aucunement l’implication de forces paranormales que Moreno approche initialement son long-métrage qu’il présente au départ comme un récit de « retour aux sources » et de découverte de soi pour ensuite plonger la tête première dans une succession folle d’attaques de montres, de scènes de combats et de dialogues hilarants.

Tomas, un écrivain qui a de la difficulté à trouver le succès, retourne dans son village natal qu’il n’a pas visité depuis 15 afin de renouer avec ses racines et trouver l’inspiration. Sur place, il retrouvera un milieu figé dans le temps où les villageois semblent sortis tout droit d’une époque reculée. Accueillants au départ, ceux-ci ne perdront pas de temps avant de se retourner contre Tomas. Assommé et ensuite ligoté, il sera offert au loup-garou de la petite municipalité rurale afin de briser la malédiction de la bête qui sème la terreur sur la région depuis près de 100 ans. Aider de Calisto, son ami d’enfance et résident du village, et de Mario, son agent littéraire houleux, le groupe transposera malgré eux la malédiction vers les habitants qui seront transformés à leur tour en des créatures mi-loup et mi-homme. Tomas et ses compagnons ainsi que son chien Vito devront trouver un moyen de quitter la localité en vie et si possible avec tous leurs membres.

Quoique lent au début, près de 30 minutes s’écoulent avant que l’on voie le premier loup-garou, Game of Werewolves est hautement efficace lors de ses différentes scènes de poursuite dans lesquelles nos «héros» se retrouvent confronter, souvent impuissants, devant une impressionnante horde de loups-garous sanguinaires assoiffés de sang et de chair humaine. Des loups-garous qui sont par ailleurs franchement épeurants. Bien qu’il s’agisse d’une comédie assumée, leur simple présence à l’écran suffit pour donner des frissons aux spectateurs qui ne cessent de faire le saut lorsqu’ils arrivent pour confronter Tomas et son groupe. La transformation des hommes en créatures est surprenante, efficace ainsi que lugubre et n’a pas nécessité l’utilisation d’effets spéciaux. Cette attention particulière aux maquillages contribue certainement à donner à la production des airs de bons vieux films d’horreur classique. Jamais l’on ne questionne ce qui nous est présenté, Moreno évite de tomber dans le piège de la fascination pour les effets qu’il réussit à utiliser qu’aux moments opportuns.

Le réalisateur décide plutôt de braquer sa caméra vers ses acteurs qui ont une chimie indéniable à l’écran. Leur jeu juste passe de l’épouvante à la taquinerie sans problème. D’un débit rapide et souvent dans l’engueulade, leurs échanges sont bourrés de blagues qui font autant rire que les situations dans lesquelles ils réussissent à se piéger contre leur gré. On vient à craindre pour la sécurité de ces personnages qui comme certains protagonistes du film risquent à tout moment de mordre la poussière. Il faut également souligner la performance du petit chien Vito qui vole souvent la vedette et qui sauve la peau des personnages.

Des longueurs réussissent malgré tout à s’intégrer entre les scènes des différentes séquences d’actions qui ont pour but de faire avancer le récit en nous donnant davantage d’informations les origines de la malédiction et de son lien avec Tomas et sa famille. Mais grâce à l’intelligence de son humour, le long-métrage arrive à passer par dessus ces moments qui après tout permettent d’équilibrer une œuvre qui demeure cocasse et distrayante du début à la fin.

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2012 – Origins of the Dark Knight

Plus qu’une mode de passage, le personnage de Batman et son univers peuplé de gadgets, d’alliers et d’ennemis tous les plus détraqués les uns que les autres, existe maintenant depuis plus de 75 ans. Des bandes dessinées jusqu’aux radioromans, en passant par les téléséries, les dessins animés et les films, la popularité du personnage ne dérougit pas depuis plus de sept décennies. Mais bien qu’il soit littéralement une créature de la culture populaire, bon nombre d’aspects entourant le protecteur de Gotham restent couverts de mystères. Quelles sont les origines du personnage? Comment celui-ci a-t-il évolué au cours des années? Qu’est-ce qui aurait pu inspirer dans le contexte des années 30 ses créateurs Bob Kane et Bill Finger à concevoir ce vigilante au passé tragique?

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Retransmission vidéo de l’émission #274 – Justice

Écoutez la retransmission vidéo de l’émission #274. Cette semaine, nous recevons Philippe Spurrell de Fantasia qui vient parler de l’évènement The Dark Knight qui aura lieu dans le cadre du festival et nous discutons de Justice de Alex Ross, Jim Krueger et Doug Braithwaite.

Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons les dernières nouvelles sur l’univers de la pop culture, jeux vidéo, BD, films, télévision, etc.

Mystérieux Étonnants #274Justice

Cette semaine, nous recevons Philippe Spurrell de Fantasia qui vient parler de l’évènement The Dark Knight qui aura lieu dans le cadre du festival et nous discutons de Justice de Alex Ross, Jim Krueger et Doug Braithwaite. Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons également les dernières nouvelles sur l’univers de la culture populaire: BD, cinéma, jeux vidéos, télévision, etc.

Diffusion originale: 30 juillet 2012
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Festival Fantasia 2012 – Toad Road

Contrairement à sa prémisse qui pourrait faire croire à un petit film d’horreur « indie », «Toad Road» du réalisateur Jason Banker a plutôt emprunté l’avenue de l’expérimentation afin de présenter à l’écran la descente aux enfers, réel et figurée, d’un groupe d’adolescents insouciants aux prises avec de sérieux problèmes de consommation de drogues de toutes sortes. Un récit troublant et déstabilisant qui surprend par son traitement esthétique « cru » et l’authenticité de ses interprètes qui ne sont pas des acteurs de formation, mais bel et bien des amis dans la vie de tous les jours.

Avec une caméra qui n’est pas sans rappeler celle d’un documentaire, Jason Banker et avant tout un documentariste, l’histoire de Toad Road nous est d’abord divulguée au travers de scènes de party et de prises de drogues dures. Les membres du groupe boivent, se défoncent avec l’aide de différentes substances, se tiraillent jusqu’à se brûler mutuellement le poil des parties génitales. Rien ne semble pouvoir les calmer ou les apaiser pour simplement un instant ces ados qui enchaînent un vice après l’autre.

Sara, une jeune femme de la ville, qui a récemment emménagé à York pour s’éloigner de ses parents, s’intègre rapidement à la bande qui l’initie à la consommation de narcotiques et d’hallucinogènes. Après un « Bad Trip » engendré par des champignons, la jeune femme, qui cherche par ailleurs sa place dans le Monde, tente de tirer du sens de cette expérience qu’elle qualifie de mystique. Ses recherches la poussent à vouloir emprunter le sentier de «Toad Road », un célèbre chemin tiré d’une légende urbaine locale qui selon ce que l’on raconte mènerait tout droit en enfer. Elle entrainera dans sa quête James, son ami et amant. Une fois sur le sentier, le couple est séparé. Seul James en ressortira des mois plus tard. Un phénomène étrange qui l’entrainera malgré lui dans son propre calvaire.

Comme ses acteurs, « Toad Road » est franc et direct. Il ne passe pas par une panoplie d’artifices pour instaurer chez le spectateur un sentiment de véracité ou d’inquiétude. Quoique déstabilisant un peu au départ, le rythme est lent et prend le temps de nous présenter ses personnages et leur monde. Un milieu composé de désordres et d’excès duquel Banker a malheureusement de la difficulté par moment à laisser de côté, mais qui a l’avantage de faire baigner le film dans un sentiment d’authenticité. L’histoire n’en est également pas moins intéressante, même si l’aspect paranormal du récit entre en scène que beaucoup plus tard. On pourrait également argumenter que « chemin de croix » que représente Toad Road est déjà emprunté dès la première scène du film puisque qu’une dilatation du temps qui affecte James, et par le fait même le public, entre en scène dans la dernière partie du long-métrage. Un acte lugubre est psychédélique qui amène à questionner notre personnage principal, ces choix et ce qui nous est présenté à l’écran.

Une bonne partie du dialogue des acteurs est improvisée par ceux-ci. Selon les dires de Jason Banker, il aurait livré à ses interprètes une simple structure à respecter pour chaque scène. Banker a également avoué qu’il lui a fallu un certain temps avant de décider qui seraient les personnages principaux sélectionnés parmi le groupe d’amis et comment l’histoire du long-métrage serait traitée. Des aspects nuisent un peu au film qu’on a l’impression de piétiner à certains endroits et qui se conclut soudainement faute d’un plan de travail exhaustif.

Le réalisateur réussit tout de même son pari en livrant un récit prenant et étrange que l’on s’apprécie davantage lorsque l’on apprend qu’il est le fruit d’une cinématographie expérimentale. À écouter à jeun les lumières allumées et en bonne compagnie.

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2012 – Alter Egos

Qui a dit qu’il faut absolument un budget démesuré afin de jouer dans la cour des grands films de superhéros hollywoodien? Quelqu’un n’a assurément pas fait le message au réalisateur et scénariste Jordan Galland qui est venu présenté en première mondiale hier soir à Fantasia son long-métrage « Alter Egos », un récit qui met en en scène des héros aux prises avec des problèmes aussi fantastiques que banals.

Dans un monde où tous les super vilains de la Terre sont désormais en prison, l’humanité se retourne contre sa grande communauté de super héros qui est maintenant vue comme obsolète. Détestés par une bonne portion de la population, certains bienfaiteurs costumés continuent malgré tout de participer à des missions mineures. C’est là où entre en scène «Fridge» (Kris Lemche), un vigilante qui a son lot de difficultés personnelles avec sa copine et qui vient porter main forte à son collègue, C-Thru (Joey Kern), afin d’escorter un criminel dangereux (John Ventimiglia). Les deux alliés se retrouvent dans un l’hôtel Hampton Bays afin de procéder au transport du vilain. Sur place, Fridge fait la rencontre de la jolie gérante de l’établissement, jouée par Brooke Nevin, pour qui il développera rapidement des sentiments. Par contre, rien n’est ce qu’il ne le semble lorsque Fridge découvrira que son ami l’a attiré dans un piège qui a pour but de ramener ses lettres de noblesse à la communauté de héros déchus.

Enfin un film de super héros qui tente d’essayer quelque chose de nouveau et rafraichissant. Bien que je ne suis nullement un détracteur de ce genre de cinématographique, là où les superproductions font habituellement dans l’action et les effets spéciaux à profusions, Alter Egos décide plutôt d’opter pour une approche basée sur des dialogues mordants et une mise en scène simple, mais efficace. Avec très peu d’artifices, le réalisateur Galland réussi à nous faire croire, sans ne pratiquement jamais quitter l’hôtel où se déroule l’action du film, à un monde surpeuplé de gens avec des capacités surhumaines qui porte ses propres règles de conduite et leurs démons. Rappelez-vous des discussions que vous avez eues avec vos amis concernant le costume de Spider-Man ou Captain America à leur sortie au cinéma et observez ceux d’Alter Egos et vous allez rapidement vous apercevoir qu’il n’en valait pas la peine d’en faire tout un plat. Malgré des uniformes de spandex moulants et douteux et ses effets spéciaux simples, le long-métrage nous garde en haleine jusqu’à la fin et ne parvient jamais à activer chez nous ce sentiment appelé le «Suspension of Disbelief». Le récit pourrait être comparé à un mélange entre Kick-Ass et un long-métrage de dialogues à la Kevin Smith. Par ailleurs, la compagnie de ce dernier, SmodCast, est liée à la production du projet.

Les interprètes Kris Lemche, Brooke Nevin, Joey Kern, John Ventimiglia et Danny Masterson portent littéralement le long-métrage sur leurs épaules. Leur jeu est toujours juste et comique et les jeunes acteurs ont visiblement beaucoup de chimie et de plaisir à l’écran. Gentil ou méchant, qu’importe, on en vient à craindre pour leur sécurité et on se retrouve rapidement attaché à eux. Le mélange vie de super héros et vie personnelle aurait pu rapidement devenir anecdotique, mais le scénario s’éloigne du piège et prend un tournant vers le dramatique avant que le public détecte la répétition ou ne s’ennuie. Comment les héros gèrent-ils leur vie professionnelle et amoureuse? Quel sont les enjeux d’être un super héros, pourquoi le font-ils? Quelles sont leurs manies? Voilà des questions auxquelles s’attaque Galland qui parvient à y répondre avec autant de créativité que d’intelligence.

À voir que vous êtes un amateur de Comic Book ou non.

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2012 – Starship Troopers: Invasion

Starship Troopers: Invasion du réalisateur Shinji Aramaki (Appleseed, Appleseed: Ex Machina) avait de gros souliers à remplir lors de sa projection montréalaise hier soir à la salle théâtre Hall de l’université Concordia.

En effet, ce film conçu entièrement en animation de synthèse se veut la suite du long-métrage culte de science-fiction de 1997 «Starship Troopers» du réalisateur Paul Verhoeven mettant en vedette Capster Van Dien. L’acteur qui a tenu le titre de producteur exécutif sur la production était par ailleurs présent sur place. Avec un enthousiasme marqué, il est venu adresser une foule accrochée à ses moindres mots avant de promettre de passer après la projection afin de répondre aux questions du public.

Après que la base de la Fédération Casey est attaquée par une horde des insectes extraterrestres de la planète Klendathu, l’équipe de soldats Roughneck K-12 tente de repousser l’une de leur attaque dirigée vers la Terre.

Malheureusement, et ce, malgré la bonne volonté de l’interprète hollywoodien et celle des artisans du film, Starship Troopers: Invasion tombe rapidement à plat. La qualité de son animation réalisée par ordinateur, quoique belle, ne suffit pas à accrocher l’attention des spectateurs qui ne cessent de questionner les choix scénaristiques du scénariste Flint Dille qui semblent ici avoir opté pour le cliché. Le long-métrage accumule trop de « mauvaises facettes » pour que l’on puisse passer par-dessus celles-ci, des défauts qui en deviennent à la longue franchement agaçants.

Outre les voix des doubleurs qui ne semblent pas être en mesure une fois sur deux de pouvoir transmettre la bonne émotivité, le récit devient répétitif. Les scènes d’affrontements entre les soldats et les insectes extraterrestres qui peuplent l’univers de « STI » se succèdent, mais ne parviennent pas à se démarquer. En plus de manquer terriblement d’originalité, celles-ci ne servent qu’à éliminer un personnage principal au passage. Des protagonistes avec lesquels de toute manière on n’arrive jamais véritablement à avoir un lien émotif tellement ils restent de surface. Leurs échanges et dialogues sortis tout droit d’un roman à l’eau de rose ne font qu’accentuer leur fadeur qui ne fait qu’entrer en contraste avec la beauté de leurs environnements.

La vérité est que l’on voudrait tellement aimer Starship Trooper: Invasion. Le récit offre un retour à une franchise qui malgré un premier succès au box-office n’a qu’engendré des suites ennuyeuses sorties directement sur DVD. Le design des vaisseaux, des armures et lieux où se déroule l’action sont magnifiques. Chaque engin est conçu de manière à créer l’illusion qu’il fonctionnerait dans la vie réelle et leur déploiement à l’écran est crédible. Le retour du personnage de Johnny Rico dans le feu de l’action, joué par Van Dien dans le film original, est épique, mais il nous laisse malheureusement pour la fin.

Malgré ses défauts, la foule réunie a semblé satisfaite de ce nouveau chapitre qui peut-être ne s’adresse qu’à ces fans invétérés. Heureusement, Capster Van Dien a tenu promesse et revenant après la projection. Après quelques questions sur STI, la discussion s’est réorientée vers le film de 1997 pour lequel l’acteur ne cache pas son enthousiasme et amour. Il en a profité pour interprété certaines des meilleures citations du film au grand plaisir de tous.

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2012 – Entrevue avec les créateurs de My Amityville Horror

En 1974, Ronald DeFeo assassina sa famille entière dans des circonstances qui demeurent à ce jour étranges. Un an plus tard, une nouvelle famille emménage dans la demeure du 112 avenue Ocean dans la petite ville d’Amityville dans l’état de New York.

Les Lutz résident 28 jours dans la maison avant de la quitter clamant s’être fait attaquer par des forces surnaturelles. S’en suit un cirque médiatique un livre et une série de films d’épouvantes qui ont enflammé la curiosité de milliers de personnes à travers le monde.

George et Kathy Lutz se sont toujours défendus de la véracité de leurs dires. Aujourd’hui, pour la première fois en 35 ans, Daniel Lutz, qui n’était qu’âgé de 10 ans à l’époque lorsque sont survenus les évènements, raconte ce qu’il a vécu dans la tristement célèbre maison d’Amityville, ce que cette expérience a eu comme impact sur lui et les cicatrices qu’elle a laissées sur sa vie.

L’un des documentaires les plus puissants dont j’ai eu la chance de visionner dans les dernières années « My Amityville Horror » traite sans juger et sans sensationnalisme d’un sujet qui est resté chaud dans l’inconscient collectif toutes ces années. Le film est un document unique, puissant qui terrifiera, mais pas pour les raisons que vous vous imaginez.

J’ai eu la chance de rencontre le réalisateur du film Eric Walter et la productrice Andrea Adams. Lors de notre entretien, nous avons discuté du contexte de production du long-métrage, de Daniel Lutz et de phénomènes paranormaux en général. Voici dans mon célèbre accent anglais notre discussion.

My Amityville Horror sera présenté une fois de plus dans le cadre du festival Fantasia le 27 juillet prochain.

CLIQUEZ ICI POUR ÉCOUTER L’ENTREVUE

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2012 – Dead Sushi

Dead Sushi du réalisateur nippon Noboru Iguchi est exactement le genre de longs-métrages éclatés et complètement excentriques qui ont su se faire une place spécial au cœur des amateurs du festival Fantasia au cours des années. Ce film riche en effets spéciaux parvient, comme son nom titre l’indique, à se moquer de l’un des arts culinaires les plus respectés du pays du soleil levant en le combinant au genre de zombie si populaire en ce moment autant à la télévision, que dans les jeux vidéo et dans les bandes dessinées. Il en résulte un récit farfelu et par moments déroutant qui ne dérougit pas de début à la fin.

Keiko (Rina Takeda) est apprentie cuisinière auprès de son père, un homme passé maître dans la confection de ce plat composé de poissons crus. Extrêmement exigeant envers sa fille qu’il entraine parallèlement aux arts martiaux, Keiko quitte le foyer familial après une suite d’échecs. Elle s’isole dans la campagne nippone où elle trouve du travail auprès d’un couple entièrement dédié au succès de leur entreprise, un auberge et spa dont la réputation pour la qualité de leur sushi est soi-disant inégalée.

Tout tourne au vinaigre lorsqu’un groupe d’employés d’une compagnie pharmaceutique arrive à l’auberge pour un séjour de repos. Sans qu’il le sache, le groupe est poursuivi par un ancien collègue, inventeur d’un sérum qui ramène les cellules mortes à la vie qui a décidé de se venger de l’entreprise qui l’aurait condamné à tort et qui lui a volé ses recherches. Après une confrontation initiale entre Keiko, le chef de sushi de l’établissement et le représentant de la compagnie, l’ex-employé confronte les résidents de l’auberge. Abattu par coups de feu, l’homme utilise un poulpe pour contaminer les sushis de l’hôtel qui se transforment immédiatement en petites créatures dotées d’intelligence et de crocs qui attaquent et tue tout sur leur passage. Keiko en ayant recours à ses talents d’arts martiaux et de cuisinière sera la seule qui est en mesure d’arrêter les sushis carnivores.

Les détracteurs du genre ne retrouveront rien dans Dead Sushi qui saura les faire changer d’idée. Si ça se trouve, ils seront davantage confirmés dans leur manque d’intérêt pour ce type de long-métrage. Il faut dire qu’en plus d’avoir une prémisse rigolote et totalement invraisemblable, le film a recours tout au long du récit à des effets spéciaux inégaux et parfois littéralement mal exécutés. Combiné à un humour japonais qui peut se révéler par moment un peu étrange et enfantin, il est normal que le spectateur se retrouve déstabilisé. Par contre, si on peut mettre nos appréhensions négatives initiales de côté et ne pas bouder son plaisir, Dead Sushi se montre être hautement divertissant et comique grâce à ses gages qui se suivent l’un après l’autre ne faisant que très peu de place à la discussion. Conscient de la nature complètement éclaté, les acteurs eux-mêmes adressent les situations impossibles dans lesquelles ils se retrouvent à la manière d’un spectateur qui regarde le film. Cette dimension est par ailleurs totalement assumée lorsqu’un personnage s’adresse à ses compagnons pour lui dire : « nous sommes au moment où ça ne fait plus du tout de sens ». On comprend rapidement que le film n’est qu’une excuse pour une succession de situations grotesques contenant très peu de développement de personnage. Le réalisateur Noboru Iguchi utilise le canevas de son histoire pour pousser l’enveloppe du ridicule avec excentricité extrêmement créative qui dans le contexte du film ne semble pas avoir de limite. À voir pour ceux et celles qui veulent avoir un bon temps sans se casser la tête.

– Benoit Mercier