Dans les arrières-boutiques en plywood et les routes poussiéreuses de Saint-Tite, il y a un monde de passions sauvages qui ruent dans les brancards. Des secrets, des amours déçus et des colères qui grondent. Johnny Cooper, le grand Sachem du Festival country aimé de tous, est mort horriblement au rodéo, piétiné par Mustang.
Mustang: le cheval noir indompté.
MUSTANG. Que personne ne peut monter.
Étiquette : Festival Fantasia
Fantasia 2011, Jour 8: Critique de YOU ARE HERE. Espaces canadiens intérieurs à repeindre
Amalgame physique (et mental) de Cronenberg, Egoyan et André Sauvé, le réalisateur Daniel Cockburn investi sa métafiction d’un généreuse dose d’angoisses et de névroses. De sa propre déclaration, son film est une exploration sinueuse d’une crise existentielle et matérialiste où il a jadis failli se perdre par excès de causalités.
À mon sens, il y a quelque chose de typiquement canadien dans le film de Cockburn, des angoisses typiquement locales, situées entre les contraintes budgétaires, la crise identitaire et un obsession nationale voilée gravitant autour de la notion d’espace (Du Spider de Cronenberg jusqu’aux films de Vicenzo Natali…le Canada fait les meilleurs huis-clos en plein air. La perte, l’oblitération, la contraction et la dilatation de l’espace; un thème omniprésent dans la cinématographie canadienne (vous pouvez écouter notre émission sur le sujet ici même pour en avoir le cœur net). On y trouve forcément aussi une mélancolie urbaine délicieusement torontoise. Cockburn deviendra assurément une réalisateur canadien à suivre là où il voudra bien se rendre
Fantasia 2011, Jour 6: Critique de WICKER TREE-The Wicker horror picture show
-FRANCIS OUELLETTE
Fantasia 2011, Jour 6: MIDNIGHT SON-fils déchu de race surhumaine
Fantasia, jour 7 : Bullhead
Bullhead est certainement l’un des films les plus bouleversants que j’ai eu la chance de voir cette année au festival Fantasia. Réalisé par le metteur en scène belge Michaël R. Roskam, ce long-métrage d’une puissance étonnante saura venir vous soutirer quelques larmes. Pour ma part, il est parvenu à obtenir la première position de mon palmarès personnel.
Présenté au départ sous les allures d’un film de mafia se déroulant dans le milieu de l’élevage bovin, Bullhead prend rapidement un tournant vers le récit personnel et intimiste. C’est avant tout l’histoire d’une amitié et celle du parcours d’un personnage blessé au passé tragique qui tente tant bien que mal de vivre une vie normale et ultimement d’éprouver le sentiment qu’il a le droit d’être un homme et d’aimer
Les familles de Jacky Vanmarsenille (Matthias Schoenaerts) et Diederik (Jeroen Perceval), des amis d’enfance, travaillent dans le milieu de l’élevage bovin. La seule tache au tableau, leurs bêtes sont bourrées d’hormones illicites, une pratique aussi lucrative qu’illégale en Belgique. Un évènement viendra bouleverser la vie du jeune Vanmarsenille lorsqu’il se fera littéralement pulvériser les testicules par un jeune garçon à peine plus vieux que lui. Cet évènement transformera à jamais la relation qui unissait Jacky et Diederik. Plusieurs années plus tard, le meurtre d’un policier qui enquête sur le trafic d’hormones risque de se retrouver lié à Jacky. Par chance, cet événement fera croiser les chemins des deux hommes à nouveau.
Au fur et à mesure que le récit se dévoile, nous quittons l’intrigue policières pour en apprendre davantage sur Jacky. Celui-ci a dû à son adolescence prendre de la testostérone afin que son corps se transforme en celui d’un homme. Une pratique qu’il n’a jamais laissée de côté et qui s’est développée avec les années en une habitude maladive, quasi compulsive, de consommer des stéroïdes de toute sorte. Ce parallèle entre la consommation de stéroïdes et l’élevega de bêtes de ferme est plus qu’une simple métaphore élaborée pour un cours de scénarisation au collège. Elle aurait pu très bien tomber à plat si elle n’avait pas été appuyée par une histoire aussi prenante que tragique.
Matthias Schoenaerts dans le rôle de Jacky porte le film sur ses épaules. Si au début il nous est antipathique sous ses airs d’homme dur, on découvre qu’il s’agit en fait d’un masque qu’il s’est construit au fil des ans. Il devient curieusement un personnage émouvant pour qui on ne veut que du bien. En effet, rien n’est de plus poignant que de le voir mal à l’aise dans son corps de colosse, son tempérament à fleurs de peau et prêt à sauter à la gorge du premier qui lui manquera le moindre respect. On le sent à l’étroit et maladroit, spécialement quand il tente de séduire un vieil amour de jeunesse. On se retrouve à souhaiter du bonheur en espérant de tout coeur qu’il saura se contrôler et surpasser ses blessures émotives.
Sans qu’on nous prenne par la main, on comprend ce qui motive Jacky et ce qui fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. Cette dimension humaine et complexe et beaucoup plus intéressante que les rares scènes d’action que l’on retrouve à quelques reprises dans le film. Quant à lui, même si son parcours est moins mis de l’avant, Diederik est un personnage tout aussi attachant. Affligé par les mêmes évènements que Jacky, il asseye maintenant de faire ce qui est juste. Une épreuve qui n’a rien de facile lorsqu’il devra choisir entre son ami et ce qui est juste.
BullHead n’a rien de moralisateur. Sans prendre position sur les agissements amoraux de ses personnages, il ne fait qu’exposer ses protagonistes dans tout ce qu’ils ont de plus humain, autant leurs qualités que leurs faiblesses. C’est un récit touchant qui ne laissera personne d’indifférent.
– Benoit Mercier
Fantasia, jour 7 : Ironclad
Ce n’est évidemment pas Fantasia sans que quelques membres soient sectionnés et que de l’hémoglobine ait été répandue… à l’écran bien entendu. Au milieu d’une sélection de films plus réfléchis, expérimentaux ou atmosphériques, le public de Fantasia sait qu’il sera toujours bien servi grâce à de longs-métrages particulièrement sanglants et violents. Parce que de toute manière, qui peut vraiment se vanter de ne pas aimer voir des gens qui se tapoche dessus?
Ironclad du réalisateur britannique Jonathan English saura satisfaire les amateurs d’effusion de sang en quête d’un bon film médiéval où l’honneur, l’épée et la foi sont tout ce dont un homme a véritablement besoin dans la vie.
L’histoire est simple. À la suite d’une rébellion qui réduisit le pouvoir de la monarchie sur son royaume, le cruel roi John, interprété par l’acteur Paul Giamatti, engage une armée composée de mercenaires danois afin de reprendre le contrôle de l’Angleterre et de rétablir le pouvoir absolut de son trône. Il est opposé par un petit groupe d’hommes qui s’est saisi une fortification stratégique et essentielle pour envahir le reste du pays. À la tête de la bande, on retrouve un chevalier de l’ordre des templiers (James Purefoy) qui ne reculera devant rien afin d’empêcher la chute de la forteresse et de préserver la liberté du peuple Anglais. Alors qu’un long siège est établi autour du château et que les vives diminuent à vue d’oeil pour le groupe de rebelles, une tension amoureuse se développera entre le templier et une jeune femme de la cour.
On ne peut pas prétendre qu’Ironclad n’est pas efficace. Les scènes de combat sont impressionnantes et particulièrement bien chorégraphiées. Que ce soit pour le combat corps à corps ou pour ses scènes d’assaut à grande échelle contre la forteresse, celles-ci sont désarmantes par leur réalisme saisissant et par leur cruauté dont nous sommes les témoins. Têtes, bras, jambes, aucune censure n’est appliquée lorsqu’un homme est terrassé d’un coup d’épée, de hache ou bien de massue. Pas une mort ne passe inaperçue et est similaire à une autre. Au grand plaisir de l’auditoire de Fantasia qui accompagna chacune de ces séquences par une vague d’applaudissements et de cris. Armé d’une longue épée, le templier se montre particulièrement efficace contre les soldats du roi en nous offrant un style de combat particulier dont il est rare que l’on voie à l’écran.
Mais au-delà de la violence, le récit reste plutôt simplet et sans grand bouleversement. Le groupe de résistants est n’y attachant ou particulièrement sympathique. Sans attache émotionnelle dirigée vers nos héros, on reste passif lors du décès de l’un d’entre eux. Même si elle ne nuit pas au récit comme tel, l’histoire d’amour entre le templier et la jeune femme est sans intérêt et est prévisible. Il est beaucoup plus intéressent d’en apprendre sur le chevalier et sur sa vision de la foi et de la guerre que sur l’attirance qu’il porte envers la dame de la cour qui pour sa part est sans grande profondeur et inutile au développement de l’histoire. Heureusement, une dimension politique au récit apporte un peu de chair à l’oeuvre qui sinon reste simpliste.
La fin est malheureusement prévisible et encore une fois demeure de surface. Ironclad est malgré tout un film divertissant si ce n’est que pour ses scènes d’action, mais ne vous attendez pas à un film qui fera transcender le genre.
– Benoit Mercier
Fantasia, jour 6 : One Hundred Years of Evil (Et si Hitler avait survécu et vivait aux U.S.A.)
One Hundred Years of Evil est un documenteur qui emprunte une prémisse des plus intéressantes et certainement jamais empruntée au cinéma. Serait-ce possible qu’Adolf Hitler aurait eu une telle fureur de vivre, qu’il ne se serait pas suicidé d’une balle dans la tête dans son bunker au coté de sa bien-aimée (Eva Braun), mais qu’il aurait plutôt été fait prisonnier par les américains avec plusieurs de ses sosies? Et que suite à sa libération, il aurait vécu aux États-Unis sous une autre identité (Adolf Munchenhauser)? C’est ce que croit le chercheur norvégien Skule Antonsen et le documentariste espagnol Idelfonso Elizalde. Ces deux comparses partent à la recherche des traces de ce M. Munchenhauser au péril de leurs vies, pour prouver que le Fuhrer a bel et bien vécu au pays de l’Oncle Sam et qu’il était protégé par la C.I.A.
Diffusé un mardi à 17h30, dans la petite salle (de Sève), il ne fallait pas s’attendre à un grand film, mais, par son sujet, c’était définitivement un des films à voir. Il en ressort un film qui mêlent les faits et la fiction comme Peter Jackson le faisait dans Forgotten Silver, et les scènes d’entrevues, de réels se mêlent; tout comme la comédie et le suspense. Malheureusement, bien que le film soit souvent très hilarant, les scènes d’action sont de véritables pétards mouillés, il n’y a aucune tension. Pour ce qui est des performances d’acteurs, elles sont plus que justes (pour les principaux), mais un peu trop caricaturales pour les seconds rôles (comme les agents d’immigration). Il faut saluer le scénario, plus qu’ingénieux; toutefois, vers la fin, il s’essouffle, le rythme ralentit. Le film ne dure que 80 minutes et une quinzaine de minutes de moins n’aurait pas fait de tort. On peut blâmer le budget plus que microscopique, pour certaines de ses faiblesses.
Cela m’étonnerait que ce film soit diffusé à nouveau à Montréal sur écran géant, hormis le mardi 26 juillet prochain à 13 h (de Sève). Je lui donne 3 thumbs up et 2 thumbs down (3/5), mais malgré cette note et ses faiblesses, ce film vaut réellement la peine d’être vu.
Voici la bande-annonce qui en dévoile un peu trop :
– ‘xim Sauriol
Mystérieux Étonnants #227Sweet Tooth Vol.1: Out of the Deep Woods
Cette semaine, Sweet Tooth de l’auteur canadien Jeff Lemire. Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons également les dernières nouvelles sur l’univers de la culture populaire: BD, cinéma, jeux vidéos, télévision, etc.
Diffusion originale: 18 juillet 2011
Site web: MysterieuxEtonnants.com
© Les Mystérieux Étonnants. Tous droits réservés.
Festival Fantasia 2011, Jour 4: The Troll Hunter
Je ne mentionnerais pas pour ce survol de The Troll Hunter les populaires longs-métrages de « caméra à l’épaule » ou de « bobines retrouvées » tel que le Blair Witch Project ou Cloverfield… oups je viens de le faire. S’engouffrer dans ce genre de comparaison devient rapidement inutile et sert souvent qu’à démolir le film en prétextant que son contenu est une copie exacte ce qui s’était fait auparavant. C’est dommage. Parce que s’il est vrai que cette esthétique peut faire dans la redondance, l’argument de « ça c’est déjà fait avant » ne tient pas toujours la route. La vérité c’est que malgré les mauvaises langues, j’aime bien ce genre de cinéma, il faut s’assumer. Bien réalisé, ce type narratif a la possibilité d’être extrêmement divertissant à condition d’éviter certains clichés qui malheureusement dans le cas de The Troll Hunter le film ne parvient pas à éviter.
Franchement, j’aurais voulu aimer le long-métrage du réalisateur norvégien André Øvredal. En fait, j’ai l’impression que c’est le commentaire qui est ressorti le plus à la sortie de la projection. Tout le monde voulait avoir apprécié davantage ce film qui avait tout pour être une réussite. Par contre, à cause en partie de sa longueur et de son jeu de caméra qui incarne parfaitement ce que les détracteurs du genre détestent, le récit tombe rapidement dans la redondance et ne parvient que par de brefs moments à émerveiller son auditoire.
En effet, entrecoupé des séquences de « chasse aux trolls », notre équipe formée de documentaristes en herbe livre des informations intéressantes sur ce métier nébuleux gardé secret par les autorités du pays.
C’est par le biais d’interviews avec Hans, le seul chasseur de Trolls de la Norvège, que l’on découvre les rouages du métier. Ces échanges parsemés de brin d’humour nous éduquent sur les différents types de trolls, leur habitudes et habitat, mais également sur la dimension bureaucratique qui entoure leur chasse. Formulaires multiples, cartes et autres documents officiels doivent être remplis afin de garder un oeil sur la population de ces bêtes et de s’assurer un suivi afin que leur existence ne soit pas révélée au public. Étrangement, c’est au bord de la route, en voiture ou dans un café que la magie s’opère véritablement. Nous n’avons pas besoin dans ces scènes de voir aucun troll pour croire en leur existence, une subtilité qui est perdue lorsque les personnages se retrouvent dans les bois à pourchasser les créatures aux côtés de Hans.
Comme je l’ai souligné plus haut, il y a également le jeu de caméra qui laisse à désirer. Un des attraits des films aux « bobines retrouvées », est les plans-séquences qui permettent de créer l’illusion que l’action s’est déroulée en temps réel et que nous sommes témoins d’évènements qui ont bel et bien eu lieu. Malheureusement, la caméra de The Troll Hunter est extrêmement nerveuse et change constamment de plan pour aller piger la réaction des personnages ou pour établir un environnement. En plus d’être excessivement irritant, on perd ce sentiment d’immersion qui accompagne ce genre de long-métrage. Il faut aussi mentionner que mis à part le personnage de Hans, la distribution reste de parfait inconnu et on ne tient pas vraiment à ce qu’il pourrait leur arriver. Cet aspect est très dommage puisque c’est par l’intermédiaire de leurs périples que l’on découvre l’univers des trolls.
Malgré ses faiblesses je ne pourrais qualifier The Troll Hunter de « mauvais film ». Le récit réussit par moment à nous surprendre et à venir réveiller une certaine magie en nous. Il aurait par contre gagné à être un peu plus peaufiné, s’éloigner de l’action pour adopter la découverte.
– Benoit Mercier
Festival Fantasia 2011, Jour 4: A Lonely Place To Die
Les amateurs de sensations fortes en ont eu pour leur argent hier soir lors de la projection de A Lonely Place To Die, un film du réalisateur britannique Julian Gilbey qui était sur place afin de présenter son long-métrage en première Canadienne. Pour ceux qui n’ont malheureusement pas eu la chance d’assister à la projection, imaginez le film Cliffhanger de Renny Harlin avec des personnages pour lesquels vous avez un véritable attachement, rajoutez s’y des scènes d’actions prenantes dans un paysage majestueux et vous vous rapprocherez de ce à quoi consiste ce Thriller à couper le souffle.
A Lonely Place To Die nous projette dans les hautes terres écossaises. On y suit cinq amateurs d’escalade qui ont choisi ce coin de pays reculé pour pratiquer leur sport favori. Leur excursion est soudainement chamboulée lorsqu’ils se porteront au secours d’une fillette prisonnière d’une boîte de bois enterré sous la terre. Sans le savoir, le groupe venait de contrecarrer les plans d’un duo de kidnappeurs qui a enlevé la jeune fille afin d’exiger une rançon à sa famille. Isolé, seul à des kilomètres du village le plus près et pourchassé par les criminels, le groupe d’amis tentera au péril de leur vie d’alerter les autorités.
Que les mauvaises langues se tiennent pour dit, le film de poursuite a encore quelque chose à offrir! Comme Gilbey lui-même l’a souligné avant et après la projection de son long-métrage, un film d’action peut être réfléchi et extrêmement crédible si on l’approche d’une façon intelligente. Ce qui motive les personnages et ce qui résoudra ultimement les situations périlleuses auxquelles ils sont confrontés doivent se résoudre de manière logique et non forcée. C’est exactement l’impression que nous avons lorsque l’on a passé au travers de la projection A Lonely Place To Die. Nous en ressortons avec la certitude que ses concepteurs ont fait leurs classes et que l’environnement, la montagne dans le cas présent, n’a pas été utilisé comme un simple gadget pour attirer le public en salle. L’oeuvre est traitée avec une telle véracité que cette dimension en devient littéralement effrayante lorsque l’on est témoins des séquences d’actions, que ce soit durant des scènes d’escalades ou lorsque les personnages sont pourchassés par les kidnappeurs armés de carabines à longue vue.
Le réalisateur Julian Gilbey a lui-même pris des cours d’escalade afin d’écrire le scénario et ça se ressent. Si vous n’avez pas le vertige, vous l’aurez assurément après les deux premières minutes. Perché à des centaines de mètres de hauteur, le réalisateur parvient à présenter la montagne dans toute sa splendeur, mais également dans tout ce qu’elle a de plus angoissante. Les scènes de cascades où les protagonistes sont constamment projetés au sol ou celles durant lesquelles ils se tiennent à bout de doigt sur le bord d’une corniche vous glaceront le sang. Il faut ici souligner la performance de l’actrice Melissa George, principale héroïne du film, qui n’offre rien de moins qu’une performance fantastique pour son rôle de Alison, une jeune femme alpiniste à la ténacité de fer.
Par contre, si la première partie du film nous garde en haleine, la deuxième est beaucoup moins efficace et tombe rapidement à plat. En effet, le premier volet du récit sait tirer avantage de nos peurs primaires comme le vertige, la claustrophobie, l’isolement et la peur d’être traqué. Malheureusement, le film prend un virage pour le pire dans son second en changeant totalement de registre. Une équipe de mercenaires chargés de retourner la fillette kidnappée entre en jeu et le tout prend davantage les allures d’une histoire typique de rançon. Ces dernières séquences du film se déroulent dans un village en plein carnaval auquel participent des centaines de personnes. On a du mal à sentir l’urgence si brillamment mise en scène au début de l’oeuvre. Même si cette partie du long-métrage déçoit, il reste que la finale demeure explosive et tout à fait satisfaisante.
À voir avec un petit sac de papier brun si vous avez le vertige et de l’antisudorifique pour ne pas indisposer vos voisins. Croyez-moi, vous allez en suer un coup!
– Benoit Mercier
Festival Fantasia 2011, Jour 3: The Theatre Bizarre
C’est devant une foule gonflée à bloc hier soir que les différents artisans du film anthologique «The Theatre Bizarre» ont présenté leur long-métrage devant une salle pleine à craquer du Théâtre Hall de l’Université Concordia.
L’atmosphère était fébrile alors que Mitch Davis, programmateur pour le festival, et les différents réalisateurs sont venus sur scène avant la projection pour expliquer qu’il s’agissait à priori d’un projet qui a vu le jour grâce au festival. Ils ont par ailleurs souligné l’importance de cet évènement culturel au grand plaisir d’un auditoire comblé de voir réuni en un même lieu leurs réalisateurs préférés.
En effet, pour ce long-métrage, les gens de chez Severin Films et Metaluna Productions sont allés recruter des créateurs bien connus du milieu, dont Douglas Buck, Buddy Giovinazzo, David Gregory, Karim Hussain, Jeremy Kasten, Tom Savini et Richard Stanley. Chacun d’entre eux a pour leur part offert un court-métrage d’horreur d’environ une vingtaine de minutes qui, une fois combiné aux autres segments, vient former le film de «The Theatre Bizarre». Quant à lui, le récit d’une jeune femme qui assiste à une représentation dans un théâtre lugubre vient lier chaque film. Les segments deviennent alors une projection offerte à la jeune femme qui perd de plus en son humanité au fil du visionnement. Les amateurs de bande dessinée feront le lien ici l’album « Contes d’outre-tombe » de l’auteur québécois Jacques Lamontagne qui utilise un procédé narratif similaire pour unifier les différentes histoires de son recueil.
Malgré les différentes flagrantes au niveau de la production et de la mise en scène de chaque segment, nous avons droit à un bel éventail de récits extrêmement imaginatifs et qui contre toute attente se marient bien entre eux. Par exemple, l’atmosphère fantastique est à l’honneur pour le court de THE MOTHER OF TOADS de Richard Stanley tandis que le ton de THE ACCIDENT de Douglas Buck vient surprendre par sa réflexion très profonde sur le sens de l’existence et de la mort.
Soulignons également le travail du Montréalais Karim Hussain qui est venu récolter plusieurs réactions avec VISION STAINS, une œuvre où le sang et la métaphysique se côtoient. Je ne peux passer sous silence la présence remarquée du légendaire spécialiste d’effets spéciaux Tom Savini qui a su donner des frissons aux messieurs qui assistaient à la projection avec son segment intitulé WET DREAMS. Un court dans lequel se mélange le rêve et la mutilation d’un membre bien masculin…
Ultimement, «The Theatre Bizarre» rend nostalgique de ce type de compte anthologique tel que Tales From The Creep ou Amazing Stories qui étaient populaire au milieu des années 90. En outre, on espère qu’il s’agisse d’un projet chapitre d’une longue série s’inscrivant dans le même style.
– Benoit Mercier
Festival Fantasia 2011, Jour 3: The Unjust
Les dernières années ont été riches en découverts en ce qui concerne le cinéma provenant du sud de la Corée. Je dois souligner ici le véritable mentor qu’est le programmateur Nicolas Archambault lorsqu’il s’agit de la cinématographie de ce coin du monde. Grâce à lui, j’ai été initié à un style filmique qui m’était auparavant insoupçonné. Une cinématographique extrêmement riche, divertissante et bien particulière qui possède ses propres codes et qui exploite des thématiques bien précises, dont l’incompétence des autorités et du gouvernement.
Comme pour The Chaser, présenté à Fantasia en 2009, The Unjust du réalisateur Ryoo Seung-wan se penche sur incapacité des forces policière de la ville de Séoul à attraper un violeur de jeunes filles et tueur en série. Après une bavure policière qui coutera la vie d’un suspect, la police camoufle l’affaire afin d’éviter un scandale. Mais alors que les forces de l’ordre et le système de justice sont de plus en plus pointés du doigt pour leur incompétence en ce qui concerne l’arrestation du meurtrier, un complot émerge au sein des autorités afin de calmer l’opinion publique. La solution, trouver un coupable qu’il le soit véritablement ou non. Pour cette tâche, on fait appel aux services de Choi, un capitaine de police avec quelques squelettes dans le placard, dont des liens avec un riche immobilier aux méthodes d’affaires houleuses. Se rajoute à cette bande de corrompus un jeune procureur ambitieux aux pratiques tout aussi douteuses qui il tentera par tous les moyens de mettre des bâtons dans les roues de Choi.
The Unjust dessine un portrait stéréotypé intéressent des éléments qui forment le système de justice de la Corée du Sud, un système qui est davantage propulsé par l’ambition et des aspirations carriéristes que par un véritable désire de justice. Les antihéros dépourvus de morale que sont les protagonistes du film font de The Unjust une oeuvre à laquelle il est difficile de s’identifier.
À voir les personnages s’engouffrer de plus en plus dans des situations impossibles, font qu’il est pénible de s’attacher à ceux-ci. On devient plutôt un spectateur impuissant, témoin de la folie qui se joue devant nous à l’écran. N’en reste pas moins que l’intrigue est très prenante et que l’on désire voir ce qui arrivera ultimement aux différents protagonistes. L’atmosphère totalement amorale de The Unjust rend également le récit tout à fait rafraichissant en s’éloignant des longs-métrages moralisateurs d’Hollywood à la finale triomphante remplie de justice et de sens.
L’oeuvre de Ryoo Seung-wan reste profondément inquiétante et fataliste et démontre ce qui arrive lorsqu’on abuse notre position de privilège au profit de nos ambitions personnelles. À plusieurs reprises, nous avons le goût de nous lever et crier vers l’écran tellement le complot prend des proportions ridicules. Le rythme du film est ponctué d’un humour noir et satirique qui vient souligner certaines situations complètement absurdes et amène une touche de légèreté dans un récit qui est sinon très dense. C’est d’ailleurs cette caractéristique de l’oeuvre qui découragera certains. En effet, il est difficile parfois de se retrouver dans les différents jeux de pouvoir. Les scènes de complots qui s’enchainent l’une après l’autre à un rythme effréné font qu’on peut facilement s’y perdre. On vient à se demander « qui sait quoi » et ce qui motive les agissements des personnages.
The Unjust est tout de même captivant jusqu’à la fin et s’inscrit pour ma part dans une longue liste de films coréens qui méritent fortement d’être découverts de son côté si de l’hémisphère.
– Benoit Mercier
Fantasia 2011, Jour 3: Superheroes- Hérotomanie, chronique d’un phénomène annoncé
Fantasia 2011, Jour 2: The Legend of the Beaver Dam-Se faire venir dans les yeux
(Tambour. Cymbales)
Fantasia 2011 – Jour 2: Attack The Block
L’un des plaisirs qui fait partie intégrante du festival Fantasia est bien sûr la découverte de films que l’on ne pourrait rarement voir ici en salle pour ne pas dire jamais. Quoi de plus énergisant que de découvrir en groupe un long-métrage provenant de l’autre bout de la planète dont personne n’a presque jamais entendu parler ou très peu? Vous avez beau faire le tour du programme et regarder toutes les bandes-annonces, il y a toujours une aura de mystère lorsque l’on pénètre dans la salle de projection de l’Université Concordia, comme si quelque part nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. Avec les années, on peut dire que le public de Fantasia a appris à faire confiance à ses programmateurs qui par le passé ont souvent vu juste dans leur sélection.
Attack The Block, présenté hier en première Montréalaise, ne fait pas exception à cette règle. Plus qu’un simple film d’invasion extraterrestre, ce long-métrage britannique signé Joe Cornish, s’appuie sur un scénario solide et une distribution composée pour la plus part de jeunes inconnus hors pair. C’est un film puissant, comique, mais également touchant et souvent effrayant.
Dans le quartier défavorisé de South London, une bande de jeunes voyous et leur chef Mosses (John Boyega), tombent face à face avec une créature provenant de l’espace. Après une courte altercation, la bande finit par tuer la bête d’origine inconnue et décide de l’amener au revendeur de drogues Roy (Nick Frost de Shaun of the Dead) afin que ce dernier puisse l’identifier. Peu de temps après, une pluie d’astéroïde contenant d’autres créatures, cette fois-ci beaucoup plus féroces, tombe sur le quartier. C’est alors que la gagne de Mosses se retrouve pourchassée à travers le ghetto. Les jeunes adolescents devront apprendre à travailler de paire et utiliser leur ingéniosité pour survivre à la nuit. Leurs périples les amèneront à croiser le chemin de Sam (Jodie Whittaker), une infirmière qui s’est faite taxée par le groupe plus tôt au début du film.
Vous pourriez être tenté de penser en lisant cette prémisse qu’il s’agit d’un film de série B sans trop d’intérêt et de qualifier le tout de farfelu, mais rien ne pourrait être plus faux. Ce qui fait la force principale de Attack The Block c’est le sentiment de véracité dans lequel le film est plongé du début à la fin. Certes, la situation initiale est extraordinaire, mais rien de ce qui en découle n’est trop tiré par les cheveux ce qui amène l’auditeur a se mettre à la place des jeunes hommes et à craindre véritablement pour leur sécurité. La comparaison avec les Goonies est facile à faire, mais là où les personnages du film de Richard Donner étaient quasi invincible, ceux de Attack The Block ont tout ce qui est des plus humains. Un fait qui est souligné lorsque la bande perd l’un des leurs, terrassé par les griffes d’une créature.
Le jeu des jeunes interprètes porte sur leurs épaules le succès du film. La bande formée de Mosses (John Boyega), Dennis (Franz Drameh), Biggz (Simon Howard), Pest (Alex Esmail) et Jerome (Leeon Jones) s’avère très crédible et fortement attachante. Leurs réactions ne sont jamais forcées ou satiriques au point que le spectateur questionne leurs intentions. Au contraire. On ressent un bagage émotif puissant pour chacun d’eux, une écorce émotionnelle que l’on déduit a dû se développer afin que ces jeunes survivent à la rue.
Les créatures extraterrestres sont extrêmement terrifiantes et persistent à l’être même après que celles-ci soient dévoilées complètement à l’écran. De véritables chasseuses, ces bêtes extraterrestres aux capacités physiques rappelant celle d’un prédateur de la jungle ne cessent de faire sursauter le public dont les nerfs sont déjà très tendus.
Ce long-métrage est également très beau visuellement. Les plans sont soignés et les plus observateurs d’entre vous auront surement remarqué l’esthétique inspirée des Comic Books. En effet, dans plusieurs scènes, les personnages principaux sont présentés comme des superhéros un peu plus grands que nature, mais le ton reste tout de même réaliste.
Un peu d’humour bien placé et intelligent vient amener un peu de répit au film qui est par ailleurs bourré d’actions et de rebondissements. Le tout est par ailleurs accompagné d’une trame sonore hallucinante composée de morceaux d’hip-hop et de techno.
Finalement, Attack The Block vient prouver qu’un « film pour enfant » peut être intelligent, drôle, mais aussi extrêmement divertissant pour les éternels gamins «Fantasiens» que nous sommes.
– Benoit Mercier